Début de la nouvelle saison de Présumé innocent L’affaire France Alain
Mardi, 20H
Marie-Hélène Goulet
Le 25 octobre 1981, France Alain, une étudiante en génie électrique de 21ans, est abattue à bout portant à quelques pas de son appartement. On n’a jamais identifié l’auteur de ce meurtre sordide. Marie-Claude Savard et Sébastien Trudel cherchent à faire la lumière sur cette affaire non résolue.
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Après s’être intéressés — avec des résultats impressionnants — au meurtre de Michelle Perron, Marie-Claude Savard et Sébastien Trudel sont de retour sur le terrain dans la deuxième saison de Présumé innocent. Ils cherchent à élucider un autre assassinat, celui de France Alain. L’étudiante de l’Université Laval, sortie en début de soirée pour faire des courses au dépanneur, est morte au coin des rues Chapdeleine et Belmont, à Sainte-Foy, après qu’on lui a froidement tiré dessus avec un fusil de chasse.

La volonté ne suffit pas
Aussi odieux qu’unique, ce crime a fait énormément de bruit au Québec à l’époque. Pourtant, quatre décennies plus tard, il n’est toujours pas résolu. «Des meurtres gratuits comme celui-là, on n’en voyait pas beaucoup. Quand on en avait un, tout le monde voulait enquêter dessus, tout le monde voulaittrouver le coupable», se souvient André Fillion, qui était à l’époque policier-ambulancier à Sainte-Foy. Comment se fait-il qu’avec autant de moyens et de volonté l’affaire n’ait jamais été élucidée? C’est ce sur quoi le duo d’animateurs s’interroge dans cette passionnante série en quatre épisodes d’une heure.

Marie-Claude Savard se souvient très bien de la mort de France Alain. Alors âgée de neuf ans, elle habitait à deux coins de rue de la scène de crime. Sa famille a même resserré les règles concernant sa sécurité, de peur qu’il lui arrive quelque chose. Benoît Proulx, un lecteur de nouvelles de 35 ans et ex-petit ami de la victime, se trouvait aussi près de la scène, à la station CHRC. Le soir du meurtre, il avait rompu avec France depuis trois semaines. À cause de la proximité de son lieu de travail et de l’appartement de la victime, et parce qu’il a utilisé des informations qui n’avaient pas encore été rendues publiques pour parler du crime en ondes, le communicateur est devenu le principal suspect de l’affaire, même si aucune preuve ne le liait directement au meurtre.
André Arthur entre en scène
Bien que Benoît Proulx ait été lavé des soupçons qui pesaient sur lui grâce à l’enquête d’un coroner en 1986, le public et le corps policier ont continué à douter de lui, même après qu’un polygraphe l’a disculpé. L’homme — qui, s’il avait été coupable, aurait commis son crime avec la précision d’une horloge entre son bulletin de nouvelles de 19 h 30 et celui de 20 h — s’est retrouvé à nouveau sur la sellette en 1991, après que son collègue André Arthur a réitéré chaque jour en ondes des soupçons à peine voilés. «Arthur c’est un communicateur hors pair, mais quand il part avec une idée, il ne la lâche pas», rappelle Claude Poirier.

L’entêtement d’André Arthur et l’arrivée d’un nouveau témoin ont mené au déclenchement d’un procès contre Proulx 10 ans après le meurtre. L’accusé a été reconnu coupable avant que le verdict soit renversé par la cour d’appel. Une poursuite au civil lui a permis par la suite de recevoir plus de 2 millions de dollars à titre de dédommagement.
Mais si ce n’est pas Proulx le coupable, qui a pressé la détente? Marie-Claude Savard et Sébastien Trudel ont dans leur ligne de mire le garagiste Richard Jobin. Cet homme aujourd’hui décédé était lié au crime organisé et avait une sœur qui aurait fréquenté Benoît Proulx.

Une grande perte
Au-delà de leurs recherches exhaustives de preuves et de circonstances, la force de Marie-Claude Savard et Sébastien Trudel dans Présumé innocent: L’affaire France Alain est de faire comprendre aux téléspectateurs ce que la société a perdu le soir du 25 octobre 1981. Rare étudiante en génie électrique parmi les centaines de garçons de sa cohorte, France Alain aurait été une des premières ingénieures dans le domaine. D’anciens camarades de classe font l’éloge non seulement de son sourire et de son énergie, mais aussi de sa grande intelligence. «C’est une grande perte pour la société, pour tout ce qu’elle aurait pu réaliser», estime l’un d’eux.
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