Débâcle du Groupe Huot: l’ex-conjointe de Stéphan Huot avoue avoir produit un faux document

L’ex-conjointe du promoteur déchu Stéphan Huot a avoué avoir produit un faux document pour tromper une banque alors qu’elle était vice-présidente des finances du Groupe Huot, et ce à la demande de son amoureux et patron.

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Sophie Larochelle a fait cette confession le 9 décembre dernier, alors qu’elle était interrogée par l'avocat qui représente les sociétés de Robert Giroux, cet ancien partenaire financier de Stéphan Huot poursuivi pour 150 M$ par des millionnaires de Québec. L'interrogatoire se tenait en marge de la faillite du Groupe Huot, dans laquelle les compagnies de Giroux sont créancières.

L’ex-dirigeante, qui est membre de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec, a reconnu avoir fait un document laissant croire à tort que la Société de placement Huot avait acquitté son autocotisation de près de 2,5 M$ de taxes à la fin de la construction de la première phase du complexe locatif Ariela, en décembre 2022.

Or, les taxes n’avaient jamais été payées. Et la Banque Laurentienne exigeait la preuve de paiement pour libérer son financement, a-t-elle expliqué.

Face à la situation, Sophie Larochelle affirme avoir falsifié un relevé bancaire démontrant que le 2,5 M$ avait été versé le 18 novembre 2022. Et le document modifié aurait été envoyé à l’institution bancaire le 13 décembre 2022.

Sous l’emprise de Huot

«[Ce document-là], M. Huot m’a demandé de le préparer», a soufflé Sophie Larochelle, qui a été en couple avec son patron de 2018 jusqu’à la déconfiture du Groupe Huot, au début de l’année 2023.

Sophie Larochelle savait que le document était faux et que l’autocotisation n’avait pas été payée, a-t-elle concédé. Elle affirme avoir agi sous l’emprise de Huot, qui mettait «beaucoup de pression» pour obtenir ce déboursé de la banque avant la période des Fêtes.

Celle qui a été vice-présidente des finances du Groupe Huot de 2017 à 2023 et qui était à la tête de la compagnie de sauvetage aérien Airmedic jusqu’en septembre dernier affirme n’avoir été qu’une «courroie de transmission» dans cette histoire. Elle se disait «manipulée».

«C’[était] difficile pour moi [...] J’étais sous l’emprise de M. Huot. Il m’a demandé de produire ce document-là», a-t-elle témoigné, ajoutant qu’elle travaillait dans un «environnement qui [était] très difficile».

Des «mononcles»

Sophie Larochelle affirme aussi que Stéphan Huot pouvait bonifier ou arrondir à la hausse les chiffres de ses immeubles locatifs, communément appelés rent rolls.

Généralement, le nombre d’unités louées ainsi que la somme des loyers perçus permettent de calculer la valeur des immeubles locatifs et d’aller chercher du financement en conséquence, a précisé devant la cour M^e Sylvain Rigaud, qui menait l’interrogatoire.

«À ma connaissance, il le faisait. Aucun doute [...] Stéphan pouvait ajouter des “mononcles”», a lancé l’ex-dirigeante, expliquant que cette expression servait à désigner des locataires fictifs.

Huot se défend

Appelé à réagir à ces allégations, Stéphan Huot a affirmé qu'il n'a «jamais autorisé ni demandé de telles pratiques». 

«Madame Larochelle était en charge des finances, elle disposait d'une entière autonomie» à cet effet, a-t-il commenté dans une brève déclaration écrite.

– Avec Pierre-Paul Biron

Ce qu’elle a dit

«M. Huot nous faisait faire des choses dans la vitesse, dans la pression, dans le rush. Il pouvait nous appeler 15 fois pour qu’on envoie quelque chose. C’était la folie.»

«On suivait les instructions de Stéphan. Stéphan voulait qu’on envoie l’information. Moi, j’ai envoyé l’information. J’étais une courroie de transmission dans l’histoire.»