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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Un deuxième emploi pour payer les besoins essentiels

Leur proportion a bondi de 70% depuis trois ans, soit avant que frappe la pandémie.

Guy Romeus recherche un deuxième emploi pour faire face à l'augmentation rapide du coût de la vie.
Guy Romeus recherche un deuxième emploi pour faire face à l'augmentation rapide du coût de la vie. Francis Halin
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Martin Jolicoeur et Francis Halin

2023-09-09T04:00:00Z
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«Je cherche un deuxième emploi pour payer l’électricité et l’hypothèque», lance au Journal Guy Romeus, qui voit bien que ses 40 heures de travail par semaine ne suffiront plus. 

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Comme lui, de plus en plus de Canadiens occupant deux boulots ou plus le font non par choix, mais par nécessité, pour satisfaire des besoins essentiels comme l’épicerie, le loyer ou l’hypothèque, révèlent les dernières données sur l’emploi de Statistique Canada, diffusées hier.

«J’aimerais avoir un deuxième emploi parce qu’il y a une inflation qui dévore la population québécoise», résume Guy Romeus, qui travaille dans une entreprise sur la Rive-Sud de Montréal. 

Environ un million de travailleurs – l’équivalent de 5,4% d’entre eux – cumulent plusieurs emplois simultanément, soutient Statistique Canada. Si cette proportion a peu changé depuis un an, on constate cependant que ce choix est de plus en plus imposé par des difficultés économiques. 

  • Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB radio :

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Pas de «petits luxes» 

De fait, en août dernier, pas moins de 34,9% des travailleurs occupant plus d’un emploi au pays le faisaient d’abord pour répondre à des besoins essentiels. Il s’agit d’une hausse de 70% par rapport aux données recueillies tout juste avant la pandémie, soit en février et mars 2020. 

À l’époque, à peine 20,6% des travailleurs occupant plusieurs emplois le faisaient principalement pour satisfaire leurs besoins de première nécessité, comme l’achat de nourriture ou d’un toit pour se loger. La nécessité justifie la décision de plus du tiers.

«Aujourd’hui, on ne peut pas s’offrir de petits luxes parce qu’il faut avoir beaucoup d’argent pour le faire», illustre Guy Romeus, qui garde la bonne humeur. «Il y a deux ans, on pouvait manger avec 7$ ou 8$. Aujourd’hui, c’est très cher, même boire un verre de jus», ajoute-t-il. 

Temps partiel

Marc Desormeaux, économiste principal chez Desjardins, note que des 40 000 emplois créés le mois dernier, pas moins du quart (24,22% ou 7800) sont des emplois à temps partiel, le plus souvent recherchés pour un second emploi. La tendance est à la hausse; en moyenne depuis janvier, leur proportion n’était que de 17,6%.

Dans le passé, les femmes, les jeunes, les Canadiens racisés et les immigrants admis depuis moins de 10 ans étaient les plus susceptibles de cumuler les emplois. En août, les immigrants récents étaient plus susceptibles que les Canadiens de naissance à cumuler les emplois par nécessité. C’était le cas de la moitié d’entre eux (50,8%), contre 29,8% chez leurs vis-à-vis, nés ici. 

Chez les Canadiens racisés, la proportion de ceux qui occupaient plus d'un emploi par nécessité était particulièrement élevée chez les travailleurs d’origine arabe (76,2%), latino-américaine (63,1%) et philippine (51,4%).

Faits saillants:

L’Institut du Québec affirmait hier pouvoir difficilement prédire quels travailleurs verraient leurs perspectives d’emploi se ternir dans les prochains mois. Il note tout de même que l’emploi avait principalement diminué dans le secteur du commerce de détail. Le nombre de chômeurs a également bondi parmi «les personnes détenant au plus un diplôme d’études secondaires» davantage que chez les diplômés universitaires. 

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