Danielle Proulx se confie sur son rôle de grand-maman
«Glenn Gould, naissance d'un prodige» au Théâtre du Rideau Vert en 2026. Pour les détails: rideauvert.qc.ca.

françois hamel
Danielle Proulx est une mère et grand-mère attentionnée, attachante, drôle et ludique. Mais dans la pièce Glenn Gould, naissance d'un prodige, elle deviendra bientôt une maman... particulière. Cette expérience de travail lui permet de remonter dans le temps et de penser à son propre père, qui aurait aimé devenir chanteur d'opéra. Par ailleurs, elle nous raconte que des nouveautés occupent sa vie personnelle et celle de ses petits-enfants.
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Danielle, dans Glenn Gould, naissance d'un prodige, vous incarnerez la mère du célèbre pianiste. Comment la décririez-vous?
Elle était une mère particulièrement contrôlante. C'est difficile de savoir, a posteriori, ce qui caractérisait exactement Glenn Gould, mais il avait vraiment une personnalité atypique. Aujourd'hui, on dirait peut-être qu'il était un peu Asperger. En fait, l'éducation vraiment très particulière qu'il a reçue a peut-être forgé une partie de sa personnalité.
C'est-à-dire?
Sa mère a très vite senti qu'il était un génie du piano et elle l'a poussé dans ce sens-là, tout en le protégeant de tous les microbes imaginables, entre autres. Il avait toujours un foulard à porter en plein été et devait prendre constamment une série de médicaments. Puis elle était omniprésente à ses côtés. Elle a «effacé» son propre mari et une cousine de son fils, qui sera jouée par Catherine Renaud. Elle empêche son fils de voir cette dernière parce qu'elle veut être la seule femme de sa vie. On parle d'une relation à tout le moins étrange. Elle était une maman un peu spéciale! (rires) Et la notoriété et la popularité de Glenn Gould à un très jeune âge vont changer leur niveau de vie.
Avez-vous déjà écouté et vu Glenn Gould en spectacle?
Oui, même que lorsque j'étais jeune, il y avait de ses vinyles à la maison. Mon père était très friand de musique classique. Puis on l'a vu en concert à la télé.
La musique classique était-elle simplement un loisir pour votre père?
Oui, mon père était entrepreneur en construction. Mais c'était un artiste dans l'âme. Il était surtout féru d'opéra. D’ailleurs, à 15 ans, il est parti avec son baluchon aux États-Unis, d'abord pour apprendre le métier de son père, qui était charpentier-menuisier, mais aussi pour suivre des cours de chant classique.
Cette passion pour le chant classique était-elle rare à l'époque, surtout pour un Québécois francophone?
Chose certaine, à l'époque, c'était le début de la radio et, dans les campagnes, les gens se réunissaient autour d'un piano, d'un violon et ils chantaient. Quand mon père a commencé ses cours de chant classique aux États-Unis, on lui faisait pratiquer des airs d'opéra. Puis il allait voir des spectacles d'art lyrique. C'était un passionné. Il est né au début du XXe siècle.
Le simple fait de partir de la maison à 15 ans pour aller vivre momentanément aux États-Unis, ça ne devait pas être très courant.
Il est allé vivre chez un oncle au Massachusetts. À un moment donné, il y a eu un exode de Canadiens français vers les États-Unis.
Dans la pièce, votre personnage vit la réalisation de ses rêves artistiques à travers son fils. Votre père avait-il les siens?
C'est sûr. Le premier choix de métier de mon père aurait été chanteur d'opéra. Mais il a traversé une guerre et une crise économique. Ses parents lui ont demandé de revenir et ils ont sillonné le Québec pour gagner leur vie. Mon père a même tardé à se marier, il avait 38 ans.
C'est quand même intéressant de constater qu'aujourd'hui, Émile Proulx-Cloutier, votre fils, fait aussi carrière en chanson!
Oui. Mais il ne touche pas au genre que chérissait mon père. Mais oui, la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre. Avec mes frères et sœurs, j'ai grandi dans une maison où on entendait beaucoup de musique, d'opéra. On était 10 enfants chez nous, je suis la septième. Et comme mon père aimait écouter sa musique fort, on se plaignait qu'on ne pouvait plus rien faire. Pauvre papa, il allait écouter son émission d'opéra du samedi après-midi dans son auto! (rires)
A-t-il pu vous voir devenir une artiste professionnelle?
Oui, il est mort en 1987, au moment où je jouais dans L’agent fait le bonheur, ma première série télé. Il m'a aussi vue jouer au théâtre. Il était un peu rassuré; je pouvais gagner ma vie avec ce métier. J’avais un jeune enfant, et il était toujours inquiet. Quand je suis partie étudier à l'école de théâtre, il m'a dit: «Bravo, ma fille! Je t'encourage. J'espère juste que tu vas te trouver un mari qui va te faire vivre.»
Qu'avez-vous à l'agenda pour les prochains mois?
En ce moment, je tourne dans Passe-Partout et, cet été, ce sera dans L'œil du cyclone, mais je n'ai pas encore reçu les textes. Cette année, Dominic Anctil, le producteur au contenu, nous a invités à dîner, Luc Senay et moi. Il voulait connaître nos idées pour l'évolution de Louise et Michel. On lui a fait plein de suggestions. Lesquelles seront retenues? Je ne sais pas!
Vos petits-enfants vous ont-ils vue jouer dans L'œil du cyclone?
Oh oui! (rires) Pas tant l'aîné, Manoé, qui a 14 ans, parce que ce n'est pas un maniaque de télé. Il se passionne plutôt pour le soccer. Mais c'est oui pour les deux autres, Ulysse, 12 ans, et Mishka, 10 ans. Ils me disent: «On est contents que tu ne sois pas comme ça!» (rires) Avec le plus vieux, je suis moins une “grand-maman taxi” aujourd'hui. Maintenant, Manoé et moi, on magasine ensemble. Il est devenu plus coquet. Parfois, c'est pour des souliers de soccer. D'autres fois, il veut aller voir pour des jeans.
Est-ce que c'est grand-maman qui paie?
Ben oui! On en profite pour discuter. Je peux lui dire: «Ces bottes-là à 300 $? Tu n'as pas fini de grandir, tu ne pourras pas les utiliser longtemps. Peut-être qu'on devrait essayer d'en trouver des moins chères.» Il est intelligent, il me donne raison. Sinon, il est très, très fier parce qu'il est déjà plus grand que moi!
Quelles activités passionnent vos deux autres petits-enfants?
Ulysse fait partie des Petits Chanteurs du Mont-Royal.
D'ailleurs, son père en faisait lui-même partie, plus ou moins au même âge...
Oui. Alors, je peux aller conduire Ulysse.
Impossible de ne pas penser que votre père aurait aimé voir son arrière-petit-fils en spectacle avec les Petits Chanteurs!
Ah oui! Comme il aurait aimé y voir mon fils. Mais Émile avait quatre ans quand mon père est mort. Puis Mishka, la petite, joue au handball et elle a beaucoup d'amis. Ulysse adore cuisiner aussi! Si je me trouve seule avec lui un après-midi, on cuisine. Il adore faire des desserts. Puis il est très audacieux. Pour la fête de sa mère, il a fait des îles flottantes! L'autre jour, quand je lui ai demandé ce qu'il voulait concocter, il m'a répondu des macarons. J'ignorais comment faire, mais on a trouvé, et ils étaient très bons.
Allez-vous avoir le temps de prendre des vacances?
Oui. Entre deux tournages pour Passe-Partout, je vais partir en voyage.
À quel endroit irez-vous?
Avec des amis français, je vais visiter l'Italie pendant un mois. J'y mettrai les pieds pour la première fois. On se rejoint là-bas.
Est-ce la raison pour laquelle vous étudiez l'italien?
Oui, depuis 285 jours! (rires) Et je peux faire jusqu'à une dizaine de leçons par jour.
Avez-vous déjà choisi un itinéraire?
Oui. On passera plusieurs jours à Naples et plusieurs jours à Rome. Après, on louera une voiture pour visiter la Toscane, Sienne, Florence et Venise.