Cycliste happé sur Le Plateau: «Je me demandais d’où le vélo sortait»
Accusé de délit de fuite mortel, le camionneur jure qu’il ignorait avoir écrasé un cycliste

Michael Nguyen
Un camionneur qui a mortellement happé un cycliste sur le Plateau jure qu’il n’a jamais rien remarqué, même après avoir jeté sur le bord de la route le vélo qui était coincé sous son camion.
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« J’ai été surpris de voir le vélo, je me demandais d’où il sortait. J’ai regardé et j’ai rien vu, alors quand tout était beau j’ai continué mon chemin », a témoigné Brandon Marchand-Bibeau vendredi au palais de justice de Montréal.
Témoignant à son propre procès pour délit de fuite mortel, l’accusé de 26 ans a juré qu’il ignorait avoir happé un cycliste à l’angle des avenues du Parc et Mont-Royal, le 27 septembre 2021.
Pour la Couronne, il s’agit d’un cas flagrant d’aveuglement volontaire.

Un bruit bizarre
Ce jour-là, Marchand-Bibeau effectuait du transport de gros gravier vers un site de construction à Outremont quand, en plein après-midi, il a écrasé Andrea Rovere, 31 ans, avec son véhicule de plus de 14 tonnes.
« J’ai entendu un bruit bizarre, un peu comme des freins bloqués », a dit l’accusé.

Or, selon un expert en reconstitution, le vélo s’est coincé sous le camion. Et Marchand-Bibeau a roulé 300 mètres avant d’inspecter son véhicule.
« Il a lancé le vélo dans le bois, tout en prenant son temps de façon nonchalante », avait constaté un témoin de la scène.
Il vérifiait quoi ?
En arrivant à destination, une caméra de surveillance l’a vu vérifier l’état du véhicule, mais l’accusé a assuré que c’était simplement pour vérifier que rien n’était brisé.

Pourtant, lors de son interrogatoire policier quelques heures après le drame, Marchand-Bibeau avait confié que s’il avait quitté les lieux de l’accident, c’était à cause de « la panique, sûrement ».
« Je voulais dire que j’étais surpris, a rectifié Marchand-Bibeau vendredi. Je me sentais petit, je ne savais pas quoi faire, j’ai repris les mots [utilisés par l’enquêteur]. »

Pour Me Franco Montesano de la défense, la preuve démontre que son client n’avait aucune idée qu’il avait quelque chose à se reprocher, et donc, qu’il ne pouvait pas être reconnu coupable de délit de fuite mortel.
« Il a volontairement cherché à ne pas comprendre pourquoi il y avait un vélo, a rétorqué Me Sylvie Dulude de la Couronne. Le vélo n’est pas apparu des airs comme ça. »
Le juge Pierre Labelle rendra son verdict en janvier.
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