Critique du film «Monde jurassique: la renaissance»: et si les dinosaures prenaient (enfin) leur retraite?

Isabelle Hontebeyrie
Malgré la présence de Scarlett Johansson devant la caméra et celle de Gareth Edwards derrière, ce Monde jurassique: la renaissance n’apporte décidément rien.
La franchise cinématographique Jurassique, c’est deux trilogies (la première des Parc jurassique, de 1993 à 2001, et la seconde des Monde jurassique, de 2015 à 2022) et... 6,07G$ de recettes au box-office (pour un budget de production totalisant environ un milliard). L’appel du tiroir-caisse étant bien évidemment irrésistible, les studios Universal ont décidé d’amorcer une nouvelle trilogie par ce La renaissance en forme de redémarrage (reboot) mollasson.

Les premières images rappellent la belle période des films de monstres qui ont fait la gloire des studios Universal il y a... largement plus d’un demi-siècle. Silhouettes menaçantes d’animaux sur fond rouge, musique qui se veut trépidante, etc., tout nous pousse à choisir de penser qu’il s’agit d’un hommage et non d’une quelconque paresse de l’équipe de production.
Mais non. Car le flash-back, ressort scénaristique usé jusqu’à la corde, n’apporte rien d’autre que du temps de remplissage des 133 minutes que dure ce Monde jurassique: la renaissance. Puis, nous voici à New York, aujourd’hui, où Martin Krebs (Rupert Friend), méchant représentant d’une tout aussi méchante compagnie pharmaceutique, offre 10M$ à Zora Bennett (Scarlett Johansson), une mercenaire habituée des opérations spéciales impossibles, pour qu’elle aille lui chercher du sang de trois espèces de dinosaures. Car, voyez-vous, ce sont dans ces créatures pré-préhistoriques que se trouve le remède ultime aux maladies cardiovasculaires.

Je vous épargne la suite des détails de la composition de l’équipe de Zora (qui comprend pourtant l’acteur oscarisé Mahershala Ali, qui, comme tous ses collègues, joue ici à l’économie), mais je mentionne néanmoins la présence d’une famille perdue sur l’île fictive de Saint-Hubert (sur laquelle vivent ces dinosaures) qui est censée apporter un peu de suspense au tout.
Les scènes «d’action» arrivent au bout de 45 longues minutes et se révèlent toutes plus décevantes les unes que les autres. Seule l’espèce de petit dinosaure qui s’attache à la plus jeune des filles parvient à nous sortir de notre torpeur... et encore. Car cette avalanche d’animaux mutants dans lesquels, parfois, on reconnaîtra un peu d’Alien (surtout le D-Rex) finit par lasser.

Si l’on comprend, au détour de certaines scènes, que Monde jurassique: la renaissance se veut un hommage (ou un rappel) du classicisme de Steven Spielberg, toujours producteur, l’idée tombe à plat tant elle est mal servie par un scénario décérébré. On se consolera en (re)voyant les films précédents ou en (re)lisant l’excellent roman de Michael Crichton, toujours pertinent.
Note: 2 sur 5
Monde jurassique: la renaissance rugira dans les salles obscures dès le 4 juillet.