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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Critique du documentaire «Le plein potentiel» : Êtes-vous la meilleure version de vous-même?

PHOTO FOURNIE PAR MAISON 4:3
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Isabelle Hontebeyrie

2025-06-06T00:00:00Z
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Après son excellent Fermières, la documentariste Annie St-Pierre se lance dans un examen des coachs de vie dont le but avoué est de nous permettre d’atteindre la perfection. 

Avant réservé au sport, le «coaching» a été appliqué au développement personnel dès les années 1970, n’atteignant son plein essor qu’au début des années 2000 et bon nombre d’observateurs y vont vu là un phénomène millénariste – New Age selon le terme de l’époque –, destiné à s’éteindre. Au contraire. Depuis plusieurs années, les coachs de vie, de santé, de guérison, d’éducation, de développement personnel, etc. ont envahi la sphère commerciale au point de faire désormais partie intégrante de la société – pensez à Marie Kondo pour ne citer qu’elle.

Annie St-Pierre utilise l’excellente méthode développée pour Fermières. Son point de vue est avant tout neutre. Elle filme les coachs et les participants sans porter de jugement. La réalisatrice observe et, ce faisant, nous renvoie un miroir de nous-mêmes. Le miroir est troublant. Car qui n’a jamais eu besoin d’aide? Qui n’a jamais eu l’envie de régler des problèmes datant de l’enfance ou d’obtenir des conseils relationnels... bref, de s’améliorer?

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À SXSW en mars dernier où «Le plein potentiel» était présenté en première mondiale, Annie St-Pierre soulignait qu’il était fascinant d’observer à quel point «la culture du développement personnel suit notre société et peut révéler des choses à propos de nous et de l’époque dans laquelle nous vivons».

Sans jamais les nommer – et c’est tant mieux, Le plein potentiel n’étant pas une infopub –, la cinéaste filme les coachs et leurs «élèves» en pleine séance. Qu’il s’agisse de moments comme cette femme qui plonge dans de l’eau glacée ou cet homme qui suit un atelier de séduction, le documentaire montre l’étendue des services (payant, cela va de soi) proposés.

On en tirera les conclusions que l’on souhaite, même si certains moments ne peuvent qu’interpeller (comme ce coach qui conseille à un participant de baisser le timbre de sa voix, une voix trop aiguë faisant ressortir son «côté féminin», quelque chose qui ne peut pas être pris au sérieux). Et on ne pourra, ensuite, que s’interroger, non seulement sur la pertinence de certains ateliers, mais aussi sur l’éventuelle nécessité d’encadrer une profession qui échappe, pour l’instant, à tout examen alors que bon nombre de services font partie de la sphère intime.

Note: 3,5 sur 5

Le plein potentiel est présenté dans les salles de la province dès le 6 juin.

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