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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Crise du logement: les avocats défendeurs des locataires forcés de refuser des centaines de dossiers

Me Kimmyanne Brown et Me Ré Poulin Ladouceur, avocats en droit du logement devant leurs bureaux, au Village olympique.
Me Kimmyanne Brown et Me Ré Poulin Ladouceur, avocats en droit du logement devant leurs bureaux, au Village olympique. Photo Clara Loiseau
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Clara Loiseau

2024-05-04T04:00:00Z
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Les avocats en droit du logement, submergés par un raz-de-marée de demandes de locataires à la veille de perdre leur toit, se voient forcer de refuser des centaines de dossiers chaque mois.

«La poignée d’avocats en droit du logement, les comités logement et les militants aux droits du logement, nous sommes comme des sauveteurs sur une plage frappée par un tsunami et on peut sauver quelques individus, mais on ne peut pas arrêter la vague», illustre Me Manuel Johnson, un avocat en droit social.

Me Manuel Johnson, avocat en droit social
Me Manuel Johnson, avocat en droit social Clara Loiseau / JdeM

L’avocate en droit du logement Kimmyanne Brown est tellement à bout de ressources qu’elle doit refuser, au minimum, cinq dossiers par jour.

«C’est crève-cœur [...] On sent qu’il faut sauver les gens qui nous appellent et nous supplient de prendre leur dossier, parce que ça fait six ou sept avocats qu’ils contactent et qui ne peuvent pas les prendre», déplore-t-elle.

Dizaines de refus par semaine

Dans les bureaux d’avocats qui représentent les locataires, les téléphones n’arrêtent plus de sonner et les courriels de s’accumuler.

À contrecœur, les refus de prise en charge sont devenus monnaie courante, déplore Me Ré Poulin Ladouceur.

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Ce sont particulièrement les reprises de logement, les évictions pour changement d’affectation et agrandissement, ainsi que les «rénovictions» qui reviennent énormément.

«Je suis malheureusement habitué à dire non, parce que c’est impossible de prendre en charge tous [les locataires]. »

«C’est très difficile, parce qu’on sait que dans beaucoup de cas, les gens peuvent perdre leur logement», explique Me Johnson, qui affirme n’avoir jamais eu autant de demandes dans sa vingtaine d’années de carrière.

«Ce sont des dossiers qui sont difficiles, compliqués et qui peuvent prendre tout notre temps», ajoute-t-il.

Le gouvernement doit participer

Pour Me Johnson, il faut que le gouvernement intervienne pour rétablir le rapport de force entre les locataires et les locateurs, tout en mettant plus de financement pour bonifier les tarifs de l’aide juridique pour les dossiers de logement.

« Ça prend une intervention des autorités publiques et de l’État pour faire des changements fondamentaux et structuraux »

Me Manuel Johnson, Avocat en droit social

- Me Manuel Johnson, Avocat en droit social

Photo Clara Loiseau

Et la demande qui explose montre bien qu’on est dans une crise du logement, estime Me Brown.

Me Kimmyanne Brown, avocate en droit du logement.
Me Kimmyanne Brown, avocate en droit du logement. Photo Clara Loiseau

«Un nombre élevé de demandes, ça montre que le gouvernement doit agir rapidement pour mettre en place un cadre législatif qui va protéger adéquatement des locataires face aux évictions», conclut-elle.

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