Crise chez Twitter: des employés racontent leur calvaire depuis l'arrivée d'Elon Musk

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Congédiements, compressions budgétaires et épuisement professionnel: plusieurs anciens employés de Twitter brossent un portait sombre du climat de travail qui règne au sein de l’entreprise depuis son achat par Elon Musk pour la somme mirobolante de 44 milliards de dollars en octobre 2022.
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Selon d’anciens employés cités par le magazine Intelligencer, une ambiance décontractée planait auparavant dans les bureaux de Twitter. «Il n’y avait pas vraiment de figure d’autorité», raconte Alicia, une ingénieure qui a travaillé pour Twitter pendant une décennie avant d'être renvoyée. « C’était une organisation ascendante.»

L’arrivée d’Elon Musk a amorcé un changement de culture. Ce dernier, qui prônait la libération de la parole des utilisateurs de Twitter, a restreint celle de ses employés. Toute critique à l’endroit de son mode de gestion pouvait conduire à un licenciement.
Épée de Damoclès
L’intérêt croissant d’Elon Musk pour Twitter a mené à la circulation de plusieurs rumeurs. On disait que le milliardaire prévoyait supprimer 75% des emplois au sein de Twitter, ce qui a sérieusement miné le moral des troupes.
«On entendait des sanglots en passant près des toilettes», ont confié plusieurs employés.
50% des postes dans l'entreprise ont été supprimés durant les jours qui ont suivi la prise en charge d’Elon Musk, ce qui représente environ 3000 emplois.
Toutes les compressions budgétaires dictées par Elon Musk ont mené à la suppression de plusieurs équipes jugées «non essentielles», comme celles responsables de l’entretien ménager.

Le manque de matériel et de personnel forçait certains employés à apporter leur propre papier de toilette au bureau.
Plusieurs avantages sociaux ont été supprimés et les salariés ont reçu l'ordre de ne pas prendre de vacances.
L’impact dévastateur de ces congédiements sur le fonctionnement du site a forcé la nouvelle direction à revenir sur sa décision. On parlait déjà de réembaucher certains employés quelques jours après la vague de mises à pied.
Or, le climat de travail toxique et l’interdiction du télétravail ont motivé le départ de plusieurs personnes.
«On avait des dates de tombées irréalistes pour certaines de nos tâches, a expliqué un ancien employé au Intelligencer. Le stress était palpable lorsqu’on circulait dans les bureaux.»
Certains salariés surveillaient le compte Twitter d'Elon Musk afin d'être informés des changements au sein de l'entreprise.
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Twitter Files
Le moral était déjà à plat au moment du dévoilement par Elon Musk des «Twitter Files». Ces documents, qui devaient prouver l’implication du parti démocrate dans la censure d’un article du New York Post portant sur Hunter Biden, le fils du président américain, n’ont pas eu l’effet escompté.
Matt Taibbi, l’auteur de cette série de tweets, a négligé de cacher les coordonnées de certains employés de Twitter, les rendant vulnérables aux foudres d’internet. Plusieurs d’entre eux ont été la cible de harcèlement. Certains ont même été forcés de déménager.
Rien pour arrêter l’hémorragie
Ces mesures radicales n’ont pas suffi à freiner l’hémorragie. Le propriétaire des bureaux de Twitter à San Francisco a entamé des poursuites judiciaires contre Elon Musk pour non-paiement de loyer. Le réseau social a organisé une vente aux enchères pour réaliser des économies. Des centres de données ont également été fermés.
En trois mois, le milliardaire a réussi à miner la confiance du public à l’endroit de Twitter en plus de perdre une bonne partie de sa fortune. Le chaos engendré par son arrivée a entraîné la chute de l’action de Tesla, représentant des pertes de 200 milliards de dollars.
L'homme d'affaires estime maintenant que le réseau social pourrait faire faillite dans un avenir très proche.