«Courez faire vos listes tout de suite»: préparez-vous à payer plus cher pour les fournitures scolaires en vue de la rentrée
La guerre tarifaire de Trump fait craindre une hausse des prix et un manque d’inventaire, une tendance que plusieurs observent déjà en magasin


Dominique Scali
La facture de la rentrée risque d’être salée pour beaucoup de familles cet été, le coût des fournitures scolaires ayant fortement augmenté par rapport à l’an passé en raison de l’inflation et de la guerre commerciale de Trump.
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«Est-ce que je vais pouvoir offrir des feuilles quadrillées aux jeunes du secondaire? Peut-être pas. On choisit nos combats», lance la philanthrope Francine Laplante, alias Marraine Étoilée.
Chaque année, elle court les aubaines afin de remplir des milliers de sacs à dos à donner à des élèves dans le besoin en vue de la rentrée scolaire.
Habituellement, dès la fête de la Saint-Jean-Baptiste passée, les rabais spectaculaires apparaissent. Mais moins cet été, remarque-t-elle.

Celle qui parvenait à garnir un sac pour une soixantaine de dollars grâce à ses partenaires et astuces doit maintenant débourser environ 80$ par enfant.
Pendant ce temps, plusieurs organismes observent une explosion de la demande de la part des familles précaires pour des dons de fournitures.
Stock insuffisant?
«En plus, il n’y a pas de disponibilité, pas de quantités [en magasin]», s’étonne Mme Laplante.
«Si vous avez déjà vos listes scolaires, courez les faire tout de suite», suggère-t-elle aux parents.
C’est aussi le conseil que donnerait John Gradek, professeur à l’Université McGill. L’incertitude entourant la guerre tarifaire de Donald Trump vient bouleverser tout «le balai sophistiqué» de la chaîne d’approvisionnement de nombreux produits, explique-t-il.
«Les prix ne vont pas descendre d’ici septembre. Il pourrait même y avoir des manques d’inventaire», prédit-il.
Prenons l’exemple d’un crayon à mine, qui contient du bois, du plomb, une efface, de la peinture, etc. Une quinzaine de pays peuvent être impliqués dans la production d’un article aussi simple, illustre M. Gradek.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Vite, vite avant les tarifs
Cette inflation, Karina Laflamme est bien placée pour en parler.
Sa compagnie, Headster Kids, conçoit notamment des sacs à dos et des boîtes à lunch, qui sont dessinés et conçus à Granby. Ils sont toutefois fabriqués outre-mer afin d’offrir un produit de qualité à prix accessible, explique-t-elle.
L’entrepreneure a observé une augmentation de ses coûts pouvant aller jusqu’à 34%.
Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer: les fluctuations du taux de change, l’inflation du prix des matières premières depuis la pandémie, ainsi que le protectionnisme américain.
Par exemple, beaucoup de compagnies se sont dépêchées d’importer de la marchandise dans les derniers mois afin d’éviter des tarifs douaniers à venir, ce qui a gonflé le prix du fret maritime, illustre Mme Laflamme.
Peu bavards
De leur côté, les grands joueurs dans le domaine du matériel scolaire se montrent peu bavards sur le sujet.
Chez Walmart, on indique ne pas observer de problèmes d’approvisionnement.
Chez Jean Coutu, on mentionne que le prix de certains produits a augmenté en raison de la matière première, mais pas plus que les années précédentes.
Ni Dollarama ni Staples (Bureau en gros) n’avaient répondu à nos questions au moment de publier.