Coupes chez TVA: l’information régionale toujours plus malmenée
98 postes dans les stations régionales seront abolis, alors que TVA est une «pompe à oxygène» pour l’information des régions


Olivier Faucher
Les coupes majeures annoncées par TVA feront mal au journalisme régional et n’augurent rien de bon pour l’avenir des médias d’information, selon des experts.
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Si le secteur de l’information n’est pas le plus touché par l’annonce de Québecor hier, c’est tout de même 98 postes dans les stations régionales de TVA qui seront abolis.
Les bulletins d’information seront à terme produits depuis Québec, ce qui inquiète Colette Brin, directrice du Centre d’études sur les médias.
«Ça a un impact sur le plan de la couverture. Ça fait moins de paires d’yeux et d’oreilles de gens qui sont sur place et qui comprennent la réalité du terrain, qui peuvent épauler les journalistes.»
TVA, une «pompe à oxygène»
Mme Brin et des collègues avaient constaté l’importance de TVA pour les régions du Québec dans une étude publiée en 2019.
«Dans certains cas, c’est une pompe à oxygène en information régionale», résume-t-elle.
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Il s’agit d’une dure semaine pour l’information régionale, «déjà le parent pauvre» de l’information, souligne Mme Brin.
Mercredi, les coops de l’information regroupant six quotidiens régionaux, dont Le Soleil, ont annoncé que le tiers des effectifs ont adhéré au programme de départs volontaires dans la foulée de la fin des éditions hebdomadaires imprimées.
«Quand la couverture journalistique baisse, il y a moins d’intérêt dans la vie démocratique locale et régionale, moins de participation électorale», souligne Mme Brin.
Temps difficiles
Les médias d’information, dont les journalistes embauchés bénéficient de subventions et de crédits d’impôt, traversent du même coup des temps très difficiles.
Alors qu’ils traversent déjà une crise, le projet de loi C-18 du fédéral demandant aux géants du Web de leur verser une redevance les a plongés dans une période encore plus houleuse depuis quelques mois, alors que Meta a bloqué les nouvelles sur ses plateformes, soutient Bruno Guglielminetti, consultant en communication numérique.
«Il faut réparer C-18 pour forcer ces entreprises qui ont fait de l’argent avec l’information à contribuer à son financement», croit de son côté Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’UQAM.