Coupe du monde au Qatar: appels à un boycottage diplomatique

Raphaël Pirro
Ottawa est appelé par le Bloc québécois et le NPD à boycotter diplomatiquement la Coupe du monde au Qatar en n’envoyant aucun représentant officiel du gouvernement canadien à la grande messe du soccer.
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Selon nos informations, le gouvernement serait toujours en train de délibérer sur la question.
Le porte-parole bloquiste en matière de Droits de la personne, Alexis Brunelle-Duceppe, voit un «non-sens» dans la sélection du Qatar comme pays hôte pour «un des événements les plus regardés au monde».
«Le gouvernement doit envoyer un signal et dire: nous n’enverrons pas de délégation dans un pays qui emprisonne des homosexuels en raison de leur identité et viole les droits de la personne», fait-il savoir dans une déclaration écrite.
Le député de Lac-Saint-Jean réclame «que les fédérations sportives internationales, dans leurs études futures des candidatures de pays hôtes, fixent le respect des droits de l’homme dans les premiers critères d’importance. L’exercice est simple, la Déclaration des droits de l’homme doit guider le choix des candidatures et ainsi nous permettre de célébrer le sport comme il se doit.»
La néodémocrate Heather MacPherson, responsable des Affaires étrangères, croit elle aussi que «le gouvernement doit clairement dénoncer les horribles violations des droits de la personne au Qatar, notamment l'exploitation révoltante des travailleurs migrants dans le cadre de la construction de la Coupe du monde, et appuyer ces propos par un boycott diplomatique».
«Il ne suffit pas que le gouvernement dise timidement qu'il ne prévoit pas d'envoyer qui que ce soit sans en donner la raison. Ne pas dénoncer les violations des droits humains revient à ne pas les défendre», lance-t-elle.
Une approche qui pourrait couter cher
Or, une telle décision serait sans doute vue comme un affront par le Qatar, allié stratégique et commercial pour le Canada dans la région du golfe persique.
Selon le site d’Affaires mondiales, le Canada importait en 2020 pour 82,7 M$ en «combustibles minéraux et huiles minérales, aluminium, engrais, produits chimiques et minerais», et exportait pour 113,5 M$, notamment en minerais et en instruments scientifiques.
Les pays européens, qui cherchent par tous les moyens à trouver des solutions de rechange au gaz naturel russe, craignent de se mettre à dos le Qatar qui, malgré une population inférieure à 3 millions de personnes, est une des économies pétrolières les plus importantes au monde.
La BP Statistical Review of World Energyde 2020 plaçait le Qatar au cinquième rang des pays avec la plus grande production de gaz naturel, avec 4,5 % de la production mondiale, à égalité avec la Chine et avec 0,2 % de plus que le Canada.
L’opposition est plutôt menée par les villes. En France et en Allemagne, par exemple, de nombreuses municipalités ont annoncé qu’elles n’organiseraient pas de visionnement dans les lieux publics, comme à leur habitude. C’est le cas de Paris et de Berlin.