Correspondance américaine: «Je suis fier du Canada», lance un Américain anti-Trump

Comment les Américains vivent-ils la deuxième présidence de Donald Trump? Quels sont les impacts de son retour à la Maison-Blanche sur le quotidien (et le moral) de nos voisins du Sud? Pour le savoir, notre reporter Sarah-Florence Benjamin entame une correspondance avec des Américains de divers horizons qui lui racontent leur vie au royaume de Trump.

• PRÉNOM: Justin
• LIEU DE RÉSIDENCE: Nouvelle-Angleterre
• OCCUPATION: Administrateur de programme
• DATE DE LA CORRESPONDANCE: 27 mars 2025

Comment ton quotidien a-t-il changé depuis l’élection de Donald Trump?

«Honnêtement, je suis anxieux. J’ai de la difficulté à dormir.

Je m’inquiète à propos de ma sécurité alimentaire. J’ai commencé à faire des réserves de haricots et de céréales, parce que je ne sais pas ce qu’il y aura à l’épicerie dans le futur.

Lors des deux premières semaines du mandat de Trump, je suis allé à l’épicerie. Il n’y avait plus d’œufs et je ne savais pas pourquoi. Je ne savais pas que la grippe aviaire était derrière cette pénurie parce que les CDC [Centres pour le contrôle et la prévention des maladies] ne peuvent plus publier d'avis.

Maintenant, je ne serai plus au courant s’il y a une éclosion d’E. coli. Je n’ose plus manger un concombre avec la pelure.»

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Comment le résultat de la dernière élection t’affecte-t-il personnellement?

«Je suis inquiet à de la sécurité du pays. Ce que j’entends à propos de DOGE [l’agence dirigée par Elon Musk chargé d’améliorer l’efficacité dans l’appareil gouvernemental] me fait perdre toute confiance.

Des employés qui s’occupaient de la sécurité nucléaire ont été renvoyés et lorsqu’on a voulu les réengager, on ne les trouvait plus. Les choses ne fonctionnent plus comme il faut pour nous protéger.

Je m’inquiète pour ma carrière. Je voulais travailler sur un projet à l’international, mais avec les relations avec les autres pays qui s’enveniment, je ne pense plus que ce sera possible.

Je m’inquiète pour mon futur. Je voulais acheter une maison ou une voiture, mais avec les tarifs, tous les prix ont explosé.»

Comment le résultat de la dernière élection a-t-il affecté tes relations avec les autres?

«Je n’ai pas beaucoup d’amis qui sont pro-Trump. Ceux qui l’étaient ont fini par changer d’idée.

C’est ma relation avec les inconnus qui a changé. On dirait que c’est moins amical. Quand je salue quelqu'un ou que je fais un signe de la tête, c’est moins bien reçu.

En tant que personne de couleur, je me demande toujours s’ils se questionnent à propos de mon statut d’immigration ou s’ils sont des suprémacistes blancs. On a perdu le sentiment de sécurité dans ma communauté.»

Quelle était ton opinion du Canada avant le retour de Trump? Est-ce que cette opinion a changé?

«Mon opinion du Canada était bonne, comme avec un bon voisin qu’on ne connaît pas très bien.

Depuis le retour de Trump, j’ai un plus grand respect pour le Canada. C’est étrange, mais je suis fier du Canada, parce que les gens se tiennent debout ensemble et ne se laissent pas intimider.

Je ne considère pas les États-Unis comme de gentils voisins quand on voit des groupes néonazis armés parader dans des quartiers afro-américains comme en Ohio.»

Qu’est-ce que les gens de l’extérieur ne comprennent pas à propos des États-Unis?

«Je ne pense pas que les gens réalisent à quel point les choses changent vite. L’administration Trump enfreint les lois plus vite que le système peut réagir.

Beaucoup de gens ne savent pas quoi faire. Même les gens qui supportaient Trump, ils sont très silencieux en ce moment. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de support pour Trump, pas autant qu’il pense en tout cas.»

*La lettre a été traduite par l’autrice de ces lignes.