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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

«Convoi de la liberté»: la Ville d'Ottawa savait que les manifestants étaient là pour rester

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Anne Caroline Desplanques | Journal de Montréal

2022-10-17T18:19:50Z
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Le maire d’Ottawa et la police municipale ont été prévenus quelques jours avant le début du blocus de la capitale fédérale, en janvier, que les manifestants étaient là pour rester.

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La commission d’enquête sur la Loi des mesures d’urgence a repris lundi matin avec le témoignage du directeur général de la Ville d’Ottawa, Steve Kanellakos. 

Son interrogatoire a été marqué par la lecture d’un courriel troublant envoyé quatre jours avant l’arrivée des premiers camions, au cabinet du maire et à la police.

Le courriel a été envoyé le 25 janvier par le président de l’Association des hôtels d’Ottawa Gatineau, Steve Ball, au cabinet du maire Jim Watson, puis transmis à la police municipale. 

M.Ball y expliquait qu’un représentant de Canada United Truckers Convoy avait fait des démarches pour réserver des chambres d’hôtel pour rien de moins que trente jours.

«Il a en fait livré leur plan qui est de laisser les camions sur place, de les enchaîner et de tenter de bloquer tous les accès de la ville», écrivait le représentant des hôteliers en référence à ses conversations avec un organisateur du convoi.

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C’est exactement ce qui s’est déroulé à partir du 28 janvier date à laquelle les premiers camions partis des quatre coins du pays sont arrivés dans la capitale fédérale. 

Pour financer leur séjour, ils avaient recueilli avant d’arriver une cognotte de plus de 6 millions $ au vu et au su de tous, sur la plateforme GoFundMe.

«Quel est le niveau de préparation pour répondre à ça si ça devait durer des semaines ou des mois?», questionnait M.Ball dans son courriel, indiquant s’attendre à voir débarquer entre 10 000 et 15 000 manifestants.

Malgré ces informations fournis par M.Ball, M. Kanellakos a déclaré que la Ville croyait au départ que les manifestants remballeraient leurs pénates au plus tard le 2 février. 

Ils sont plutôt restés jusqu’au 20 février, peu après que le gouvernement fédéral ait invoqué la Loi sur les mesures d’urgence pour les déloger.

La commission d’enquête doit déterminer s’il était justifié que le gouvernement Trudeau prenne de telles mesures.

Appui de Doug Ford

Pendant que M.Kanellakos était questionné, le gouvernement Trudeau a reçu un appui remarqué pour sa défense : celui du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford.

De passage à Ottawa pour une annonce aux côtés de Justin Trudeau, M.Ford lui a témoigné une vive solidarité, réitérant qu’il était en faveur du recours à la loi sur les mesures d’urgence pour ramener l’ordre.

«Nous avons travaillé en collaboration avec le maire et le premier ministre, a-t-il déclaré. Aux frontières, ils tenaient en otage des milliards de dollars de commerce tous les jours. Nous recevions des appels de gouverneurs [américains]. C’est inacceptable»

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«Le premier ministre et moi croyons en la liberté d’expression, et si vous voulez manifester, manifestez, si vous voulez vous pouvez venir à Queen’s Park et faire des acrobaties, mais si vous dérangez la vie des gens d’Ottawa tous les jours, dérangez les échanges économiques à notre frontière, je n’ai aucune tolérance pour ça», a-t-il poursuivi.

La police ontarienne pas d’accord

Contrairement à Justin Trudeau, Doug Ford ne figure pas sur la liste des témoins qui seront interrogés par la Commission.

Son appui à la Loi des mesures d’urgence contraste avec l’avis de la Police provinciale de l’Ontario (OPP) qui a déclaré la semaine dernière que les pouvoirs que donnait cette Loi n’étaient pas nécessaire pour mettre un terme au blocus tant à Ottawa que sur le pont Ambassador.

«Même si la Loi des mesures d’urgence – en particulier celle du provincial – a donné des outils utiles, il y avait suffisamment d’autorité légale en son absence pour gérer les manifestations», a dit l’avocat de l’OPP, Christopher Diana, devant la Commission la semaine dernière. 

Des gradés de l’OPP seront interrogés plus tard aujourd’hui.

Écoutez le segment Tout savoir en 24 minutes avec Alexandre Moranville-Ouellet sur QUB radio :  

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