Controverse sur le service en français: réouverture réussie au resto Bab Sang
Jean-François Racine | Journal de Québec
Avec un menu traduit en français et une employée portant le même nom de famille que le maire de Québec, le restaurant coréen Bab Sang a rouvert ses portes mercredi soir, au grand plaisir de ses nombreux clients.
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«J’ai trouvé quatre heures dans mon horaire et je suis contente de les aider», a lancé Béatrice Marchand, une étudiante au Barreau du Québec qui n’a aucun lien de parenté avec Bruno Marchand.

La jeune femme n’a pas chômé mercredi à travers l’accueil des clients, les commandes pour emporter, les réservations téléphoniques et la facturation à compléter.
Au bout du fil, les appels étaient un peu plus longs en raison des messages d’encouragement.
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Sans être totalement bondée, la salle à manger a été très occupée. Déjà, le personnel souriant a appris quelques formules d’usage comme « bon appétit ».
Le Journal a pu déguster un excellent Bul-go-gi BBQ, soit des tranches de bœuf grillé et mariné à la coréenne.

Une fierté à développer
Pris dans une saga politico-linguistique, le restaurant de l’avenue Maguire, à Sillery, fait les manchettes depuis le 12 octobre parce qu’il y était presque impossible d’obtenir un service en français.
Sans présenter d’excuses formelles, Bruno Marchand a admis qu’il aurait dû faire preuve de plus de «bienveillance» dans ce dossier.
Le maire avait auparavant affirmé que la pénurie de main-d’œuvre ne doit pas être un «prétexte» pour ne pas servir les clients en français. M. Marchand a convenu qu’il aurait « certainement » pu s’exprimer différemment.
«On manque effectivement de bienveillance envers nos commerçants, qui prennent l’initiative de venir s’installer. Déjà, d’ouvrir un commerce pour un Québécois francophone, c’est beaucoup d’efforts. Donc quelqu’un qui décide de se déraciner, ça prend un peu de bienveillance communautaire», a expliqué Stéphanie Salmaan, première cliente de la soirée avec son conjoint et leur fils de 21 mois.
«C’était un peu mal avisé de la part du maire», a ajouté Marc Boivin, grand amateur de nourriture coréenne.
«Ça m’a surpris, puisqu’il a travaillé chez Centraide. Mais il s’est excusé et c’est parfait comme ça», a affirmé un autre client, qui a exigé l’anonymat.
Conclusion positive
Le restaurateur n’a pas voulu commenter sa réouverture. Son entourage explique qu’il souhaite protéger ses enfants «qui ne connaissent pas le racisme».
Ce dernier pourra désormais compter sur des employés temporaires et sur des serveurs bénévoles pour offrir un service en français.
Le directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Maguire s’est dit heureux de voir qu’à la fin, les gens se rangent solidairement derrière le propriétaire.

«Je suis très fier de la réaction des gens du quartier. Des citoyens, des politiciens et des commerçants sont prêts à l’aider. Ils comprennent bien la situation et ils veulent la corriger pour bien l’accueillir», a commenté Bruno Salvail.
CE QU’ILS ONT DIT
«On est dans une situation d’adaptation et non d’une négation du fait français. Dans six mois à un an, il va être capable de tenir une conversation en français.»
– Bruno Salvail, directeur général de la SDC Maguire
«Il faut développer une fierté de les voir apprendre le français au lieu d’être en colère comme ça.»
– Stéphanie Salmaan, cliente
«Toute cette histoire m’a incitée à les aider. Je ne pouvais pas ne pas le faire.»
– Béatrice Marchand, employée
«Je ne souhaite que du bien aux entrepreneurs autour de moi. À Montréal, personne ne s’offusque de parler en anglais. Ils sont super gentils et je leur souhaite le meilleur.»
– Vanessa Roberge, copropriétaire du restaurant Tapas & Liège, voisin sur l’avenue Maguire
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