Conjoints violents: les «810» créent un faux sentiment de sécurité

Nicolas Saillant
Les engagements de garder la paix signés par les conjoints violents, communément appelés les 810 dans le milieu judiciaire, offrent un faux sentiment de sécurité aux femmes et devront être remplacés par la mise en place du nouveau tribunal spécialisé.
• À lire aussi: Tentative de meurtre à Saint-Hyacinthe : «J'avais dénoncé la violence conjugale», soutient un voisin
L’engagement de ne pas troubler la paix, que l’homme accusé mercredi de tentative de meurtre à Saint-Hyacinthe avait signé seulement cinq semaines avant le drame, est un article du Code criminel qui n’a pas de mordant, déplore la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF).
«Une des problématiques, c’est que les femmes pensent qu’avec le 810, s’il arrive quelque chose lors de contacts avec leur conjoint, ça va les protéger. C’est un faux sentiment de sécurité», déplore la DG de la fédération Manon Monastesse.
De plus, quand le conjoint est en non-respect de condition, au 810, « le suivi n’est pas fait », déplore Mme Monastesse. «Vivement le nouveau tribunal spécialisé», lance-t-elle.
- Écoutez le segment faits divers avec Maxime Deland diffusé chaque jour en direct 11 h 55 via QUB radio :
Cellule d’intervention rapide
Louise Riendeau, du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, souligne qu’il n’y a pas de formule magique pour protéger les gens contre leur volonté.
La clé passe par des «cellules d’intervention rapide où les professionnels se mettent ensemble pour regarder qu’est-ce qui peut être fait pour sécuriser une victime», explique-t-elle.
Les deux expertes sont donc d’avis que le nouveau tribunal spécialisé en matière de violences sexuelles et conjugales va permettre aux victimes «d’être mieux accompagnées» en raison d’un protocole qui permettra également l’encadrement des conjoints.
Grâce à ce nouveau tribunal spécialisé, Mme Monastesse croit même que le 810 ne sera plus de mise. «En principe on ne sera plus dans le même cas de figure, je l’espère profondément», souhaite-t-elle.
«Il faut se donner un petit peu de temps, mais c’est sûr que chaque fois qu’il y a une tentative de meurtre ou un féminicide, on souhaiterait que tout ça fonctionne très bien», termine Mme Riendeau.
SI VOUS AVEZ BESOIN D’AIDE
SOS violence conjugale
- www.sosviolenceconjugale.ca
- 1 800 363-9010 (24h/24, 7j/7)
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.