Compressions en éducation: le couperet tombe aussi sur les écoles privées
Leur financement en 2025-2026 sera inférieur aux sommes reçues cette année


Daphnée Dion-Viens
Les écoles privées devront aussi contribuer à «l’effort budgétaire» exigé par le gouvernement Legault en éducation: les établissements devront même encaisser une coupe nette de 5,4% l’an prochain, ce qui représente 320$ de moins par élève que l’an dernier, selon la fédération qui les représente.
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«On comprend qu’on doit faire notre part, il semble y avoir un effort budgétaire important à faire au niveau du gouvernement du Québec. Mais c’est sûr que les délais et l’ampleur de ce qui nous est demandé nous semblent irréalistes», affirme David Bowles, président de la Fédération des établissements d’enseignement privés.
Dans son établissement, le Collège Charles-Lemoyne situé sur la Rive-Sud de Montréal, la subvention versée par le ministère de l’Éducation diminuera de 1 million $ en 2025-2026, comparée à celle reçue en 2024-2025.
Le tout dans un contexte d’inflation, jumelé à de récentes hausses salariales, précise M. Bowles.
«C’est énorme, [...] ça nous apparaît déraisonnable», ajoute-t-il.
Facture à la hausse pour les parents
Ces compressions pourraient avoir des impacts bien concrets sur le portefeuille des parents. «Chaque école privée va devoir prendre ses décisions par rapport à sa réalité financière. Il y a des écoles qui vont devoir augmenter leurs frais, d’autres qui vont devoir couper dans des projets prévus, dans des postes ou dans des services», énumère M. Bowles.
À l’école secondaire François-Bourrin, à Québec, la coupe nette est d’environ 220 000 $ pour l’an prochain et la surprise est totale. «Je suis tombé en bas de ma chaise», lance son directeur, Jean-David Meunier.
Le «casse-tête» imposé par cette réduction de financement demeure entier et il faut être prudent avant de penser refiler la facture aux parents, dit-il.
«Leur capacité de payer est limitée, ils font déjà de gros sacrifices. Dans mon milieu, je ne me verrais pas leur refiler cette facture-là, il y a un équilibre à avoir», affirme-t-il, tout en déplorant les délais impossibles entourant ces coupes qui surviennent à quelques jours de la fin de l’année financière.
Ces compressions pourraient par ailleurs «fragiliser plusieurs écoles» privées aux prises avec une situation financière plus difficile, selon la fédération qui les représente.
«Si des écoles ferment, ces élèves-là vont devoir se retourner vers le public, où il y a un manque d’infrastructure et de personnel, et ils vont coûter le double à l’État québécois», affirme M. Bowles.
De son côté, la Fédération du personnel de l’enseignement privé se demande comment le gouvernement Legault peut «prétendre qu’il considère l’éducation comme importante».
«Ces coupes déplorables auront nécessairement un impact sur les services aux élèves ainsi que sur les conditions de travail du personnel des établissements privés que nous représentons», affirme son président, Stéphane Lapointe.
Au cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, on indique que l’effort demandé au réseau privé représente la même proportion que ce qui est exigé dans le réseau public.
«Les écoles privées, subventionnées par le gouvernement, doivent également faire un effort», affirme son attaché de presse, Antoine de la Durantaye, qui réitère que le budget en éducation a augmenté de 58% en six ans.
Compressions dans les écoles privées en 2025-2026
- 320$ de moins par élève
- Baisse de 5,4% par rapport à 2024-2025
- Effort budgétaire total de 56,4 millions $ pour les écoles privées d’ici juin 2026
Le réseau privé reçoit 5,6% des subventions versées au réseau scolaire.
Sources : ministère de l’Éducation et Fédération des établissements d’enseignement privés
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