Commission sur les initiations au hockey: Gilles Courteau admet ses torts
Le commissaire de la LHJMQ n’avait pas fait ses devoirs avant de se présenter devant les élus


Kevin Dubé
Le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau a admis ne pas avoir lu l’intégralité des témoignages concernant les initiations avant de se présenter devant les élus de l’Assemblée nationale, la semaine dernière.
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«Je suis vraiment désolé si l’interprétation de mes propos à la commission versus ceux tenus lors du point de presse qui a suivi peut paraître différente. Je n’ai jamais eu l’intention de tromper les membres de la commission parlementaire», a-t-il aussi assuré en entrevue au Journal, mercredi.
Rappel des faits: M. Courteau a répondu aux questions des députés à l’Assemblée nationale, mercredi dernier, à la suite des révélations de Radio-Canada sur la demande de recours collectif menée notamment par l’ancien joueur de la LNH Daniel Carcillo et au cours de laquelle des actes barbares lors de rites d’initiation dans la Ligue canadienne de hockey (LCH) ont été dévoilés.
Lors de la mêlée de presse qui s’ensuivie, le commissaire du circuit a révélé qu’une seule de la vingtaine de déclarations assermentées dans le cadre de la demande de recours collectif avait été signée par un ancien de la LHJMQ, Stephen Quirk, pour des événements survenus entre 1995 et 1998. Il portait alors les couleurs des Alpines, équipe qui est devenue les Wildcats de Moncton.
«Et il n’y a rien de connotation sexuelle dans ce qui est énoncé dans son affidavit», avait-il assuré devant les médias.
Or, il appert que M. Courteau faisait fausse route. M. Quirk raconte entre autres que des coéquipiers ont pris «de la crème analgésique chauffante et ils l’ont insérée dans [son] anus en [le] pénétrant avec leurs doigts.»
Forcé de boire beaucoup d’alcool
Dans sa déclaration assermentée, M. Quirk raconte également avoir été forcé par des coéquipiers à boire une grande quantité d’alcool.
«Je suis tombé dans la douche alors que je tenais une bouteille de bière et je me suis sévèrement coupé une main. Quelqu’un a appelé un entraîneur adjoint, qui m’a conduit à l’hôpital pour qu’on puisse me faire des points de suture. [...] L’entraîneur adjoint m’a dit de raconter aux médecins que j’avais bu seulement deux bières, ce que j’ai fait. Après mes points de suture, il m’a ramené à l’aréna afin que je puisse continuer à faire la fête», ajoutait-il.
Il n'a pas lu la déclaration
Cette dernière partie de la déclaration est la seule dont était au courant Gilles Courteau, jure-t-il.
«Quand nous avons rencontré nos avocats en préparation pour le recours collectif, l’accent a été mis sur [l’événement de la coupure à la main dans la douche]. On ne m’a pas remis les informations au complet. Est-ce que j’aurais dû lire l’affidavit au complet? Oui et je suis désolé de ne pas l’avoir fait», a-t-il mentionné.
M. Courteau s’est entretenu dans les derniers jours avec l’entraîneur-chef des Alpines au moment des faits allégués, Lucien DeBlois.
«Il m’a confirmé qu’il n’était pas là au moment des faits parce qu’un de ses meilleurs amis était décédé», a-t-il mentionné, ajoutant qu’il aimerait aussi s’entretenir avec Stephen Quirk et qu’il allait s’informer de cette possibilité auprès de ses avocats.
Crise de confiance
La LHJMQ se trouve en pleine crise de confiance à l’heure actuelle. Plusieurs chroniqueurs et politiciens tirent à boulets rouges sur le circuit depuis quelques semaines et les récentes contradictions dans les témoignages ne contribueront pas à regagner la confiance du public.
Selon nos informations, la LHJMQ a embauché l’agence de relations publiques TACT Conseil pour l’aider à gérer la tempête actuelle.
Le responsable de Québec solidaire en matière de sports, Vincent Marissal, a réclamé la démission, du commissaire mardi, et l’a réitéré à la collègue Jessica Lapinski, mercredi.
À l’interne, toutefois, la confiance n’est pas ébranlée, a juré au Journal le propriétaire d’une équipe de la LHJMQ, sous le couvert de l’anonymat.
«Il n’y a aucune perte de confiance envers le commissaire», a mentionné ce dernier qui estime que la récente controverse est davantage due à une «maladresse» de M. Courteau qu’à de la «malhonnêteté».
Démission écartée
Questionné à savoir s’il avait l’impression d’être toujours l’homme de la situation, M. Courteau, qui avait déjà annoncé qu’il quitterait son poste en 2024, a été sans équivoque.
«Le processus afin de nommer mon remplaçant est bien enclenché. D’ici un mois et demi au plus tard, on va être en mesure d’annoncer le nouveau commissaire. C’est important pour moi d’accompagner la personne choisie, comme prévu. Considérant tout le travail que j’ai fait à la Ligue, il est hors de question que je démissionne», a-t-il martelé, ajoutant que sept candidats avaient été rencontrés pour le poste de commissaire.
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