Initiations dégradantes: la LHJMQ va s’attaquer à la «culture secrète du vestiaire»
Gabriel Côté
Des mesures seront mises en place dès la saison prochaine pour briser la «culture secrète du vestiaire» dans le milieu du hockey junior, a promis le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Gilles Courteau.
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«Il y a un moment où la porte du vestiaire se ferme. Dorénavant, la LHJMQ veut installer une fenêtre», a lancé Gilles Courteau devant les élus réunis en commission sur les révélations de violence lors d’activités d’initiations dans le milieu du hockey junior, mercredi.
Le commissaire s’est d’abord défendu en affirmant qu’aucun des cas évoqués dans les allégations d’initiations dégradantes rapportées dans un jugement récent n’impliquait une équipe de la LHJMQ, et en rappelant que les initiations sont proscrites dans la ligue depuis plusieurs années.
«Dans le moment, dans nos différents programmes, tout le monde est au courant que les initiations, c’est interdit», a-t-il martelé.
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Mais les règles n’ont pas nécessairement d’emprise sur ce qui se passe derrière des portes closes, et M. Courteau a admis que bien souvent, c’est la loi du silence qui règne dans la chambre des joueurs. «Il demeure une culture secrète du vestiaire. Elle existe partout», a-t-il laissé tomber.
«Une équipe, c’est un groupe fermé où chacun doit mériter sa place et démontrer sa valeur», a expliqué le commissaire, parlant d’une «culture orientée vers la recherche de la victoire» qui peut, à l’occasion, «créer des situations déplorables».
Pour cette raison, Gilles Courteau a fait valoir qu’un travail de remise en question est nécessaire. La LHJMQ lancera donc au cours des prochains mois une démarche de consultation auprès des joueurs et du personnel des équipes. L’organisation compte ainsi mesurer l’ampleur de la crise qui secoue actuellement tout le milieu du hockey junior, et trouver des pistes d’intervention.
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En parallèle de cette consultation, la ligue travaillera de concert avec l’organisme Sport’Aide pour élaborer un «plan d’action» et un «programme de prévention des comportements inappropriés».
Un «code du vestiaire», qui dictera le comportement attendu par l’ensemble des personnes ayant accès à la chambre des joueurs, sera aussi mis en œuvre dès la saison prochaine. Si les joueurs contreviennent à ce code de conduite, ils risqueront des sanctions, qui pourront aller jusqu’à l’expulsion de la ligue, a expliqué le commissaire à sa sortie de la commission.
Sauf qu’il y a une limite à ce que l’instauration d’un nouveau code de conduite peut réaliser, et rien ne garantit qu’une telle mesure donne aux joueurs le courage nécessaire pour briser l’omerta. «Ça va être un de nos principaux défis», a concédé Gilles Courteau, en anglais, en réponse aux questions des journalistes.
Traitement des plaintes
Les dirigeants de la ligue ont aussi détaillé le processus de traitement des plaintes lorsqu’un joueur signale avoir subi un abus de quelque sorte que ce soit. Celles-ci sont acheminées directement à la directrice des services aux joueurs, un procédé insuffisamment indépendant aux yeux du député solidaire Vincent Marissal.
«Franchement, ce n’est pas sérieux. Ça ne passe aucun test de méthodologie d’enquête et de recevabilité des plaintes», a-t-il lancé.
«Code du vestiaire»: les élus sont sceptiques
- «On n’a aucune information. D’emblée, on pourrait penser que peut-être que ce sera suffisant ou peut-être que ça ne le sera pas. Il faudra voir l’application.» – Isabelle Charest, ministre responsable du Sport
- «On va juger l’arbre au mérite. Ça a quand même pris ça, ce grand scandale-là, pour que là tout d’un coup, ce matin, eurêka, on a trouvé deux, trois affaires qui traînaient dans notre tiroir et on va mettre ça en application. Je trouve que c’est trop peu trop tard.» – Vincent Marissal, député solidaire
- «Il n’y a rien de mauvais à avoir des codes de vestiaires, mais si personne ne s’assure d’appliquer le code avec des sanctions, ça ne donne pas grand-chose» – Enrico Ciccone, député libéral
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