Colère contre le président du Collège des médecins: une assemblée extraordinaire réunira 2000 docteurs
Une crise de confiance jamais vue ébranle l’Ordre professionnel

Héloïse Archambault
Une grogne sans précédent secoue le Collège des médecins du Québec, alors que plus de 2000 docteurs assisteront à une assemblée extraordinaire pour blâmer le président après ses propos controversés.
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«Les gens sont vraiment fâchés et à bout», souligne le Dr Frédéric Arsenault, qui est à l’origine de la mobilisation.

Le Collège des médecins du Québec (CMQ) tiendra une assemblée générale extraordinaire (AGE) en ligne, vendredi après-midi. Quelque 2100 médecins ont déjà confirmé leur présence, soit près de 10% des membres.
La dernière AGE de l’histoire du CMQ remonte à 1911. Parmi les trois points à l’ordre du jour, les médecins voteront sur une motion de blâme à l’égard du président, le Dr Mauril Gaudreault. Les docteurs contestataires réclament également la mise en place d'une procédure de destitution du président. Le mandat du Dr Gaudreault, en poste depuis 2018, se termine en 2026.
«Habituellement, on n’est pas querelleux, on ne cherche pas la confrontation, insiste le Dr Arsenault, spécialiste en médecine nucléaire. [Le Dr Gaudreault] a outrepassé son rôle comme président. C’est ce ras-le-bol-là qui est ressenti et que les gens expriment en assistant en masse à la réunion.»
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Un «ras-le-bol»
L’envoi d’une infolettre avait mis le feu aux poudres, le 19 septembre dernier.
«Notre profession est régie par un Code de déontologie qui interdit toute forme de moyens de pression dans le cadre d’une action individuelle ou concertée», écrivait le Dr Gaudreault.
Ce message faisait suite aux moyens de pression des syndicats de médecins (voir encadré).
Trois jours plus tard, le CMQ avait nuancé ces propos. Mais, cela n'a pas suffi à taire la grogne. Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont récemment tenu des propos incendiaires.
«C'est frasques par-dessus frasques par le CMQ depuis quelques années. La destitution s'en vient. Soyez présents à la prochaine assemblée extraordinaire», a-t-on pu lire sur la page Facebook Spotted: soigner au Québec.


Trop de prises de position
Le Dr Arsenault n’exige pas que la démission du Dr Gaudreault, mais l’invite à une «réflexion personnelle».
Selon nos informations, cette situation suscite un grand «malaise» auprès du conseil d’administration (CA). Des sources déplorent aussi que les docteurs ne comprennent pas le rôle du Collège, qu’on tente de «faire taire». Des représentants syndicaux sont mobilisés pour l’AGE.

Par ailleurs, des médecins sont fâchés que le CMQ ait pris position dans des débats publics ces derniers temps, comme le troisième lien à Québec et la place du privé en santé.
Selon nos sources, d'autres ordres professionnels suivent la situation de près et s'inquiètent du précédent qui pourrait être créé.
Cette assemblée n’est pas ouverte au public. Si le blâme contre le Dr Gaudreault est entériné, le CA pourrait mandater un comité pour une enquête interne.
Le CMQ a refusé la demande d’entrevue du Journal.
Financé par les médecins, le CMQ a le mandat de protéger le public.
