«Clairement, je n’y arriverai pas»: en grève, une enseignante fait des livraisons Doordash pour tenter de joindre les deux bouts
Les initiatives d’entraide pour venir en aide aux profs se multiplient


Daphnée Dion-Viens
Privés de salaire, des profs en grève sont forcés de se trouver un deuxième emploi, dont une enseignante de Québec mère monoparentale de trois adolescents qui fait des livraisons Doordash pour joindre les deux bouts, alors que les initiatives pour leur venir en aide se multiplient.
• À lire aussi: Grève dans le secteur public: le Front commun va faire le point à 11h
• À lire aussi: La grève, la goutte qui fait déborder le vase pour cette enseignante qui veut quitter son poste
• À lire aussi: Grève générale illimitée: les profs toucheront 102 000$, rappelle le ministre Bernard Drainville
L’enseignante de maternelle Julie-Caroline Dumont a dû se trouver un deuxième boulot depuis le déclenchement de la grève générale illimitée de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) jeudi, se retrouvant sans salaire.
Cette prof de Québec, qui cumule 23 années d’expérience, fait maintenant des livraisons de restaurant chaque jour après ses heures de piquetage et la fin de semaine, même si elle est bien consciente que ce revenu d’appoint ne sera pas suffisant pour payer l’épicerie, la voiture et l’hypothèque.
«Clairement, je n’y arriverai pas», laisse-t-elle tomber.
- Écoutez l'entrevue avec Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio:
Groupe d’entraide
Mme Dumont n’avait jamais pensé avoir à demander de l’aide pour subvenir à ses besoins, mais c’est pourtant ce qu’elle s’est résolue à faire en fin de semaine. Une publication sur un groupe d’entraide pour les profs en grève lui a permis de trouver rapidement un manteau d’hiver pour un de ses adolescents.
Marjorie Guilbault a démarré ce groupe Facebook en fin de semaine dernière pour aider des collègues mal pris financièrement, explique l’enseignante de la Montérégie qui n’est pas en grève présentement, puisqu’elle est représentée par le Front commun.
Avec l’aide d’une autre prof en grève, Geneviève Groleau, les deux administratrices du groupe ont pu recueillir environ 1000$ en dons en 24 heures, ce qui a permis d’aider au moins une vingtaine de profs jusqu’à maintenant.
«Il y a des histoires qui donnent des frissons. Il y a des gens qui sont en plein divorce, d’autres qui vivent des deuils... On les jumelle à des gens qui veulent aider, il y en a beaucoup qui lèvent la main. On sent l’appui de la population», affirme Mme Groleau, qui indique n’avoir reçu aucun commentaire négatif à propos de cette initiative sur les réseaux sociaux.
La FAE a d’ailleurs rendu publics hier les résultats d’un sondage Léger réalisé la semaine dernière qui démontrent que la population appuie fortement les demandes des enseignants concernant les services aux élèves en difficulté.
En faveur de la grève
Même s’ils se retrouvent coincés financièrement, plusieurs enseignants appuient néanmoins la grève, puisqu’ils considèrent que c’est la seule issue possible pour en arriver à de réels changements.
«J’ai voté pour la grève générale illimitée», indique Julie-Caroline Dumont, même si la possibilité que le conflit s’étire l’empêche de dormir. «On ne peut pas accepter l’offre du gouvernement, il faut se serrer les coudes», dit-elle.
Depuis des années, elle a vu ses groupes de maternelle s’alourdir, avec de jeunes enfants ayant des besoins de plus en plus complexes, sans aide supplémentaire en classe pour alléger son quotidien, déplore-t-elle.
- Écoutez l'édito d’Alexandre Dubé à l'émission de Benoit Dutrizac via QUB radio :
Il y a deux ans, un de ses élèves en crise lui a même cassé un pouce lorsqu’elle a voulu intervenir, raconte Mme Dumont.
«On est souvent submergé, mais malgré tout, je suis encore passionnée par l’enseignement et c’est cette passion que je ne veux pas perdre. Mais j’ai besoin d’aide pour y arriver», lance-t-elle.
De son côté, la présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert, reconnaît que des profs «vont peut-être se tourner vers d’autres emplois», à la recherche de revenus pendant le conflit, mais espère «du fond du cœur» qu’ils reviendront à l’enseignement une fois la grève terminée.
«C’est au gouvernement de faire en sorte que ces gens-là aient envie de revenir dans leur classe quand la convention sera signée», dit-elle.
Les négociations se poursuivent toujours entre le gouvernement et la FAE, mais les discussions progressent lentement et le fossé demeure grand, indique Mme Hubert.
«Le rythme n’est pas soutenu comme on le souhaiterait et on souhaiterait des discussions productives», dit-elle.
De son côté, le gouvernement Legault s’est dit prêt à bonifier son offre salariale en échange de flexibilité du côté syndical, dans le but d’améliorer les services à la population.
Avec la collaboration d’Anouk Lebel.
au jour le jour
- 420 000 travailleurs affiliés à la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS. Ce front regroupe des travailleurs des réseaux de la santé et de l’éducation.
- Dans les écoles, le Front commun représente les employés de soutien, les professionnels et 60% des enseignants.
- Dans les cégeps, ce sont 85% des enseignants qui sont affiliés au Front commun via la CSN.
- Dans le réseau de la santé, le Front commun représente notamment des professionnels et des techniciens en plus d’employés de bureau.
- Lignes de piquetage devant les écoles, les cégeps, les établissements de santé et de services sociaux.
- Les cours dans les écoles et les services de garde sont suspendus dans la plupart des centres de services scolaires du Québec. Fermeture également des centres administratifs.
- Aucune manifestation d’envergure n’est prévue.
- 420 000 travailleurs affiliés à la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS. Ce front regroupe des travailleurs des réseaux de la santé et de l’éducation.
- Dans les écoles et des cégeps, le Front commun représente les employés de soutien, les professionnels et 60% des enseignants.
- Dans le réseau de la santé, le Front commun représente notamment des professionnels et des techniciens en plus d’employés de bureau.
- Lignes de piquetage devant les écoles, les cégeps, les établissements de santé et de services sociaux.
- Les cours dans les écoles et les services de garde sont suspendus dans la plupart des centres de services scolaires du Québec. Fermeture également des centres administratifs.
- Aucune manifestation d’envergure n’est prévue.
- 420 000 travailleurs affiliés à la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS. Ce front regroupe des travailleurs des réseaux de la santé et de l’éducation.
- Dans les écoles et des cégeps, le Front commun représente les employés de soutien, les professionnels et 60% des enseignants.
- Dans le réseau de la santé, le Front commun représente notamment des professionnels et des techniciens en plus d’employés de bureau.
- Lignes de piquetage devant les écoles, les cégeps, les établissements de santé et de services sociaux.
- Les cours dans les écoles et les services de garde sont suspendus dans la plupart des centres de services scolaires du Québec. Fermeture également des centres administratifs.
- Rassemblement prévu devant l’Assemblée nationale du Québec entre 11 h et 13 h.
- Manifestation à partir du Collège Maisonneuve à Montréal à partir de 10h
- La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.
- Lignes de piquetage devant les établissements de santé et de services sociaux.
- Dans le réseau de la santé, la grève est encadrée par les services essentiels. Certains soins seront donc ralentis sur certaines unités.
- Il est également obligatoire que 70% des services opératoires et 80% des services dans les centres surspécialisés soient maintenus.
- Aucune manifestation d’envergure n’est prévue.
- La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) représente 66 000 enseignants situés à Montréal, Québec, en Outaouais, dans les Laurentides, l’Estrie et la Montérégie. Cela représente 40% des enseignants.
- Lignes de piquetage devant les écoles
- Suspension des cours pour une durée indéterminée dans les centres de services scolaires représentés par la FAE. Le retour en classe ne se fera que si le syndicat conclue une entente de principe ou constate des avancées significatives à la table de négociations.
- À 11h30, manifestation « pour les profs et l’école publique » organisée par la FAE au parc Jarry, à Montréal.
- La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.
- Lignes de piquetage devant les établissements de santé et de services sociaux.
- Dans le réseau de la santé, la grève est encadrée par les services essentiels. Certains soins seront donc ralentis sur certaines unités.
- Il est également obligatoire que 70% des services opératoires et 80% des services dans les centres surspécialisés soient maintenus.
- Aucune manifestation d’envergure n’est prévue.
- La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) représente 66 000 enseignants situés à Montréal, Québec, en Outaouais, dans les Laurentides, l’Estrie et la Montérégie. Cela représente 40% des enseignants.
- Lignes de piquetage devant les écoles et les cégeps
- Suspension des cours pour une durée indéterminée dans les centres de services scolaires représentés par la FAE. Le retour en classe ne se fera que si le syndicat conclue une entente de principe ou constate des avancées significatives à la table de négociations.
- À 11h30, manifestation « pour les profs et l’école publique » organisée par la FAE au parc Jarry, à Montréal.
- Un partie des membres du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), qui représentent 700 employés de dix cégeps, en grève les 23 et 24 novembre.
- Les cours sont annulés dans ces établissements suivants: Cégep André-Laurendeau, Cégep de Jonquière, Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Cégep de Lanaudière, Cégep de Saint-Hyacinthe, Cégep de Sainte-Foy, Cégep de Thetford, Cégep de Trois-Rivières, Collège de Bois-de-Boulogne et Collège Montmorency.
- Aucune manifestation d'envergure n'est prévue.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.