La grève, la goutte qui fait déborder le vase pour cette enseignante qui veut quitter son poste
Jennifer Bardell, qui travaille dans une école primaire de l'Outaouais, n’a pas digéré devoir «se priver d’argent pour défendre l’éducation»

Olivier Faucher
La grève du secteur public a poussé une enseignante de l’Outaouais au bout du rouleau à rédiger son CV en vue de changer de carrière... ou de province.
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«Je sens que je frappe un mur, que c’est une claque au visage», confie Jennifer Bardell, qui enseigne à une école primaire de Chelsea en Outaouais.
Enseignante depuis 20 ans, elle est membre d’un syndicat affilié au Front commun, qui a été en grève trois jours la semaine dernière.
Déjà exténuée par les conditions de travail du métier qu’exerce également son mari, elle n’a pas vu cette grève comme la lumière au bout du tunnel, mais plutôt comme une «insulte».
«On doit se priver d’argent sur notre paie déjà maigre pour tenter de défendre l’éducation dans notre province, s’indigne-t-elle. Je ne crois pas qu’on se serait rendu à ce point si notre société valorisait l’éducation.»

Dans la fonction publique
Mme Bardell a donc passé les derniers jours à rédiger son CV en vue de quitter l’enseignement au Québec. Elle vise la fonction publique fédérale, ou encore des postes en enseignement du côté de l’Ontario.
«Je cherche activement pour prendre un congé autorisé pour explorer d’autres options l’an prochain», dit celle qui compte partir à la fin de l’année scolaire.
«C’est triste pour être honnête, parce que je valorise ce que je fais, et je pense que je suis compétente».
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Le montant de son hypothèque
Mme Bardell et son mari ont été lourdement affectés par ces trois jours de grève. Selon elle, cela représente une perte de salaire de 1600$, soit le paiement mensuel de son hypothèque.
«On vit de paie en paie et chaque dollar compte. Ça fait très mal», soutient la mère de trois garçons.

Et la femme de 46 ans redoute de nouvelles journées de grève alors que les leaders du Front commun n’ont pas exclu, au cours des derniers jours, qu’ils puissent recourir à un nouveau débrayage pour accentuer la pression sur le gouvernement.
«Je comprends le processus de faire une grève et comment on doit négocier, mais ça enrage les enseignants que les gouvernements insistent pour jouer à ce jeu avec nous.»
Cela survient alors que La Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui regroupe 66 000 enseignants, est en grève générale illimitée.
Le Journal a tenté de questionner le Front commun sur les impacts collatéraux de la grève, mais celui-ci a décliné notre demande d’entrevue.
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