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L'article provient de TVA Nouvelles

[PHOTOS] Six bâtiments abandonnés depuis des années à Montréal

Certains dépérissent au point de menacer de s'effondrer

L'édifice Jaeger, voisin de l'ancien Super Sexe, est l'un des bâtiments qui font mal à voir sur la rue Sainte-Catherine, en plein centre-ville de Montréal.
L'édifice Jaeger, voisin de l'ancien Super Sexe, est l'un des bâtiments qui font mal à voir sur la rue Sainte-Catherine, en plein centre-ville de Montréal. Photo Anouk Lebel
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Photo portrait de Anouk Lebel

Anouk Lebel

2025-06-26T04:00:00Z
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Ils sont placardés, couverts de graffitis et rien ne s’y passe depuis deux, trois ans, voire plus d’une décennie. La Ville de Montréal estime qu’il y a environ 800 bâtiments à l’abandon et certains d’entre eux tombent complètement en décrépitude, a pu constater Le Journal. En voici quelques-uns:

• À lire aussi: Bâtiments à l’abandon à Montréal: moins de 200 000$ d’amendes en un an et demi

L'édifice Jaeger

Vacant depuis au moins 2021
L'édifice Jaeger tombe en ruine depuis l'incendie de son voisin, l'emblématique club Super Sexe, sur la rue Sainte-Catherine Ouest, à Montréal, en mai 2025.
L'édifice Jaeger tombe en ruine depuis l'incendie de son voisin, l'emblématique club Super Sexe, sur la rue Sainte-Catherine Ouest, à Montréal, en mai 2025. Photo Anouk Lebel

C’est l’exemple le plus frappant en pleine rue Sainte-Catherine Ouest, au centre-ville de Montréal.

La porte de l’édifice Jaeger est placardée d’une planche de bois et ses vitrines couvertes de graffitis. Tout tombe tellement en décrépitude que la Ville a érigé à ses frais une clôture pour protéger les passants s’il s’effondre.

«C’est dur à croire qu’on est en plein cœur de la plus grande artère du pays, en face d’un immeuble emblématique comme le Centre Eaton», déplore le directeur de Montréal Centre-Ville, Glenn Castanheira.

La situation empire depuis que l’édifice voisin, l’emblématique club de strip-teaseuses Super Sexe, est parti en fumée à l’automne 2021.

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Après l’incendie, l’arrondissement de Ville-Marie a donné 2500$ d’amende au propriétaire qui n’avait pas fourni de rapport d’expertise, en plus de deux constats de 1200$ au printemps 2023 parce qu’il n’avait pas protégé le site dangereux adéquatement.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

L'arrondissement a en plus dû débourser de sa poche plus de 150 000$ pour stabiliser la structure, a spéficié l'attachée de presse du cabinet, Catherine Cadotte.

Le terrain de l’ancien Super Sexe et l’édifice Jaeger appartiennent au promoteur immobilier new-yorkais Ben Ashkenazy.

Sa compagnie, Ashkenazy Acquisition Corp, n’a jamais répondu aux appels du Journal.

Ancienne maison Édouard-Masson

Vacant depuis 2012
L'ancienne maison Édouard-Masson, sur la rue Sherbrooke Est, à Montréal, le 2 juin 2025.
L'ancienne maison Édouard-Masson, sur la rue Sherbrooke Est, à Montréal, le 2 juin 2025. Photo Anouk Lebel

Les voisins l’appellent la «maison hantée» tant elle fait mal à voir.

L’état se dégrade d’année en année depuis plus de dix ans.

Elle est maintenant couverte de graffitis et certaines de ses fenêtres ne sont pas barricadées, laissant entrer le vent et la pluie.

La réfection d’un des murs semble avoir été abandonnée, avec des ouvertures qui laissent le champ libre aux intempéries et à la vermine.

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C’est sans compter les débris qui traînent depuis des semaines sur le terrain.

Construite en 1934, l’ancienne maison d’Édouard Masson a pourtant une valeur patrimoniale exceptionnelle.

«Son extérieur en pierres moulées est remarquable. Son intérieur a conservé le gros de ses éléments d’origine», souligne Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal.

La maison Édouard-Masson tombe en ruine depuis des mois, au coin des rues Sherbrooke et Fullum, le 10 mai 2025.
La maison Édouard-Masson tombe en ruine depuis des mois, au coin des rues Sherbrooke et Fullum, le 10 mai 2025. Photo Anouk Lebel

Il ajoute qu’Édouard Masson était un avocat et juriste réputé qui aurait pu devenir maire de Montréal à l’époque de Duplessis.

En 2012, un promoteur a acheté la maison pour construire un bâtiment de cinq étages, mais a découvert que le terrain est contaminé.

Les balcons de la maison Édouard-Masson ne paient pas de mine, au coin des rues Sherbrooke et Fullum, le 10 mai 2025.
Les balcons de la maison Édouard-Masson ne paient pas de mine, au coin des rues Sherbrooke et Fullum, le 10 mai 2025. Photo Anouk Lebel

Depuis, l’immeuble a été revendu deux fois, mais aucun projet ne s’est concrétisé.

L’arrondissement de Ville-Marie a donné huit avis de non-conformité dans les dernières années et a réalisé plus d’une cinquantaine d’inspections de suivi.

En mars, un permis de construction a été octroyé pour qu’un promoteur y développe un projet de 44 logements en conservant la façade. Cette fois sera-t-elle la bonne?

«On a commencé l’excavation. On espère que ce sera fini d’ici un an», a expliqué le promoteur Shay Basal, qui déplore avoir attendu deux ans avant d’obtenir un permis pour commencer les travaux.

Fairy Land

Vacant depuis 2014
L'édifice James-Fairie, sur la rue Saint-François-Xavier, dans le Vieux-Montréal, tombe en ruine.
L'édifice James-Fairie, sur la rue Saint-François-Xavier, dans le Vieux-Montréal, tombe en ruine. Photo Anouk Lebel

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L’édifice a beau porter l’inscription «Fairy Land», on l’imaginerait mal au pays des fées.

Ses vitrines qui ont exposé les trésors du costumier Joseph Ponton Costumes jusqu’en 2014 sont maintenant à moitié placardées.

Au fil du temps, l’édifice de pierres grises a tellement été négligé qu’il pose maintenant un danger pour la sécurité de ses voisins.

Dans les deux dernières années, la Ville a émis deux constats d’infraction de 2500$ chacun en vertu du nouveau règlement sur l’occupation et l’entretien des bâtiments.

En novembre 2024, l’arrondissement a émis un autre constat de 2500$ vu sa condition dangereuse.

Construit vers 1865, le bâtiment a abrité des bureaux avant que Joseph Ponton Costumes n’y ouvre son costumier dans les années 1980.

Le bâtiment de pierres grises a été vendu en 2014 et appartient désormais à une compagnie basée en Suisse Vaestas Developpement Inc.

Le numéro de téléphone de la compagnie n’est pas en fonction.

Le Journal n’a pas réussi à joindre le promoteur, Angelo Barate.

Chez Gauthier

Vacant depuis 2017
Le bâtiment de l'ancien restaurant Chez Gauthier, sur l'avenue du Parc, est à l'abandon depuis plus de 10 ans, le 30 mai 2025.
Le bâtiment de l'ancien restaurant Chez Gauthier, sur l'avenue du Parc, est à l'abandon depuis plus de 10 ans, le 30 mai 2025. Photo Anouk Lebel

Dans les années 1990, Chez Gauthier était un restaurant très populaire sur l’avenue du Parc, dans le quartier Milton-Parc.

Ce n’est plus qu’un immeuble vacant à côté d’un grand terrain vague, dont la porte et les grandes fenêtres sont barricadées.

En 2013, le promoteur ontarien Golmando Inc avait racheté l’immeuble pour y construire un immeuble de neuf étages accueillant des commerces et plus de 70 logements.

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Depuis que l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a refusé le projet, l’immeuble est inoccupé.

La Ville a réalisé des dizaines d’inspections et juge qu’il est bien barricadé et sécuritaire.

Y aura-t-il un nouvel occupant un jour?

Jointe au téléphone, la responsable des bâtiments chez Golmando Inc nous a raccroché au nez.

1892, rue Saint-Timothée

Vacant depuis au moins 2007

Un bâtiment vacant sur la rue Ontario Est, à Montréal, le 23 mai 2025.
Un bâtiment vacant sur la rue Ontario Est, à Montréal, le 23 mai 2025. Photo Anouk Lebel

Premier étage et fenêtres complètement découvertes aux intempéries, graffitis...

Le triplex de la rue Saint-Timothée au coin de la rue Ontario aurait aussi piètre allure depuis au moins 2007.

Il fait l’objet d’une inspection mensuelle depuis plusieurs années, a indiqué la Ville de Montréal par courriel.

L’arrondissement de Ville-Marie a émis six avis de non-conformité et quatre constats d’infraction pour manque d’entretien totalisant 2636$ en vertu de son ancien règlement sur l’entretien des bâtiments, avant la refonte réglementaire à l’automne 2023.

Le bâtiment de pierres grises a été vendu à Ramzi Sobh et Mazen Sobh, au printemps 2024.

Joint au téléphone, Ramzi Sobh n’a pas voulu commenter.

«On est en pleines démarches pour démolir et reconstruire le bâtiment», a-t-il justifié.

Ancien hôpital de la Miséricorde

Partiellement vacant depuis 2002, vacant depuis 2013
Ancien hôpital de la Miséridorde, vacant depuis une quinzaine d’années, au 840-890 boulevard René-Lévesque Est. Bâtiment patrimonial laissé à l’abandon depuis des années. Montréal, 22 mai 2024. PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI
Ancien hôpital de la Miséridorde, vacant depuis une quinzaine d’années, au 840-890 boulevard René-Lévesque Est. Bâtiment patrimonial laissé à l’abandon depuis des années. Montréal, 22 mai 2024. PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

L’ancien complexe des Sœurs de la Miséricorde est complètement à l’abandon depuis une douzaine d’années au grand désarroi des défenseurs du patrimoine.

Clôturé, il passe relativement inaperçu, ce qui ne veut pas dire que son inoccupation n’a pas eu de conséquences.

Une bonne partie des ailes et pavillons construits entre 1853 et 1884 sont complètement vétustes, dans le quadrilatère entre le boulevard René-Lévesque et la rue de la Gauchetière, en plein centre-ville.

Le ministère de la Santé l’a mis en vente l’an dernier.

Un promoteur, le Groupe Staerk, se montre intéressé pour y développer un projet de plus de 600 logements.

Ce projet impliquerait la destruction de quatre des six pavillons, jugés en mauvais ou très mauvais état, et la construction d’une tour de 28 étages au coin de la rue Saint-Hubert et du boulevard René-Lévesque.

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