Ciment McInnis n’est pas capable de respecter la loi
Annabelle Blais | Bureau d'enquête
Ciment McInnis multiplie les rejets de poussières et de contaminants dans l’atmosphère au point où le ministère de l’Environnement menace d’utiliser une ordonnance pour forcer l’entreprise à respecter la loi.
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Comme le révélait Le Journal en 2020, la cimenterie, qui est le plus grand pollueur du Québec, émet des poussières collantes. Ces épisodes se sont reproduits à l’été et à l’automne 2021.
Plusieurs avis de non-conformité ont été remis à l’entreprise de Port-Daniel en Gaspésie et une enquête pénale est même en cours.
D’ailleurs, en raison de l’enquête, le ministère a refusé jusqu’à présent de fournir plusieurs informations.
On apprend maintenant que le problème de poussières et de contaminants est encore plus important.
Entre le 12 août 2020 et le 8 septembre 2021, on compte au moins 10 bris d’équipement qui ont entraîné des épisodes de poussière sur le site de l’usine.
En date du 31 mai 2022, le ministère a reçu 80 signalements et 11 plaintes notamment de résidents voisins de l’usine.

Pas juste de la poussière
Dans un communiqué publié hier, le ministère de l’Environnement confirme que le problème est régulier et se poursuit, malgré l’enquête et plusieurs avis de non-conformité l’invitant à se conformer.
Le ministère compte donc maintenant contraindre l’entreprise à respecter la loi au moyen d’une ordonnance. Elle a toutefois l’obligation de lui envoyer un préavis pour lui faire part de ses intentions, ce qui a été fait le 30 juin dernier.
Ciment McInnis a 15 jours pour faire valoir ses arguments et le ministère pourra ensuite décider s’il va de l’avant avec l’ordonnance.
Selon ce préavis, on apprend aussi qu’en plus des poussières, la cimenterie émet dans l’atmosphère des particules qui dépassent les normes, qu’elle n’a pas transmis ses rapports d’échantillonnage dans les délais ni indiqué si des mesures pour corriger la situation ont été mises en place.
Fausses promesses vertes
Si l’ordonnance est appliquée, Ciment McInnis devra notamment arrêter de rejeter des contaminants au-delà des normes, accorder un contrat à un expert indépendant pour faire une évaluation des équipements d’épuration d’air, soumettre un plan de contrôle des poussières et des contaminants atmosphériques en plus de fournir une attestation indépendante confirmant que les travaux pour le contrôle des contaminants sont conformes.
Rappelons que la cimenterie, qui a coûté 1,55 milliard $ et qui est en activité depuis 2017 est maintenant le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au Québec.
Elle n’a pas respecté plusieurs promesses vertes qu’elle avait faites en 2014 afin de rassurer la population quant à son impact environnemental.
Depuis que la famille Beaudoin-Bombardier a relancé le projet en 2012, la cimenterie a toujours été controversée. Outre les fonds publics engloutis, elle a aussi réussi à s’éviter une analyse indépendante du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
En février dernier, notre Bureau d’enquête révélait que l’entreprise était très peu sanctionnée pour ses manquements.
Outre les avis de non-conformité concernant les épisodes de poussières, Ciment McInnis n’a reçu que 5000 $ d’amende et une dizaine d’avis de non-conformité depuis 2014 pour différents incidents environnementaux.
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