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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Un Boeing 737 transportant 132 personnes s'écrase dans le sud-ouest de la Chine

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2022-03-21T08:40:29Z
2022-03-21T17:53:06Z
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Un Boeing-737 avec 132 personnes à bord s’est écrasé lundi dans le Sud de la Chine après une chute brutale de 8 000 mètres, un accident d’avion qui pourrait s’avérer le plus meurtrier dans ce pays depuis 1994. 

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Aucun bilan précis des victimes n’avait été publié lundi soir à Pékin après la catastrophe qui a suscité une réaction à chaud du président Xi Jinping, inhabituelle pour un dirigeant chinois.

Mais à l’examen des données de l’accident, il semblait peu probable que quiconque ait pu en réchapper vivant. Dans un communiqué, la compagnie aérienne, China Eastern Airlines, a «rendu hommage» aux «morts» de la catastrophe.

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Selon le site spécialisé FlightRadar24, l’appareil a perdu en l’espace de trois minutes près de 26 000 pieds (7 925 m) avant de disparaître des écrans radar après 14 h 22 locales (06H22 GMT).

Le vol MU5735 de la compagnie shanghaïenne China Eastern Airlines avait décollé peu après 13H00 locales (05H00 GMT) de la métropole de Kunming (Sud-Ouest). Il avait pour destination Canton (Sud), à quelque 1 300 km.

Le 737-800, qui transportait 123 passagers et neuf membres d’équipage, a «perdu le contact au-dessus de la ville de Wuzhou» dans la région montagneuse du Guangxi, a indiqué l’administration chinoise de l’avion civile (CAAC).

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 Une vidéo diffusée par des médias chinois fait apparaître un avion piquant verticalement du nez, mais l’AFP n’a pas été en mesure à ce stade de vérifier son authenticité.

L’avion «a été pulvérisé», a raconté un riverain à un média local.

«Sous le choc»

L’accident a «provoqué un incendie» dans la montagne, a indiqué la télévision publique CCTV, qui a diffusé des images des pompiers se dirigeant vers le site de l’accident à travers une zone montagneuse et arborée. Les secours ont éteint les flammes.

«Tous les habitants ont pris l’initiative d’aider les secours. Tout le monde s’est rendu dans la montagne», a déclaré par téléphone à l’AFP une commerçante du nom de Tang Min, installée à environ quatre km du lieu de l’impact.

Le président Xi Jinping s’est dit «sous le choc» après l’accident, a rapporté l’agence Chine nouvelle. L’homme fort de Pékin a appelé à «déterminer au plus vite les causes de l’accident».

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Depuis les États-Unis, Boeing a dit s’efforcer «de réunir davantage d’informations». Les actions du constructeur étaient en baisse à l’ouverture de Wall Street. 

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Selon le média financier Yicai, China Eastern a décidé sans attendre les résultats de l’enquête de suspendre tous ses 737-800 à compter de mardi. La compagnie, n’était pas joignable pour commenter ces informations.

À l’aéroport de Canton, les proches des passagers, certains en pleurs, ont été rassemblés dans une salle d’attente dédiée, a constaté l’AFP.

Une femme a raconté à des médias locaux qu’elle aurait dû initialement se trouver à bord de l’avion accidenté, mais qu’elle avait décidé à la dernière minute de prendre un vol partant plus tôt. Elle attendait «des nouvelles» en revanche de sa sœur et de quatre amis.

Un homme, Ye, a indiqué à l’AFP qu’un collègue était à bord. «Quand nous avons appris la nouvelle... nous l’avons continuellement appelé durant des heures, mais n’avons jamais réussi à le joindre», a-t-il raconté.

Catastrophes rares

Les accidents d’avion sont relativement rares en Chine, un pays où le trafic aérien s’est considérablement développé ces dernières décennies et où les mesures de sécurité sont généralement strictes.

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Le dernier accident majeur dans le pays remontait à août 2010. Un vol de la compagnie chinoise Henan Airlines s’était alors écrasé dans le nord-est du pays et avait fait une quarantaine de morts.

Le bilan le plus lourd pour un vol commercial date de 1994. Un Tupolev 154 de China Northwest Airlines s’était écrasé peu après son décollage de Xi’an (Nord), tuant les 160 personnes à bord.

De très nombreux passagers chinois avaient par ailleurs péri en mars 2014 lors de la disparition énigmatique du vol MH370 de la Malaysian Airlines, à destination de Pékin.

La catastrophe aérienne de lundi est un nouveau coup dur pour Boeing en Chine.

En mars 2019, le pays avait été le tout premier au monde à ordonner à ses compagnies de suspendre les vols des appareils 737 MAX pour des raisons de sécurité.

L’annonce avait fait suite à deux accidents en quelques mois à l’étranger, qui avaient fait 346 morts.

Près de trois ans après ces déboires, le régulateur chinois avait finalement levé en décembre dernier son interdiction de vol pour le Boeing 737 MAX. On ignore si ces appareils ont à nouveau repris leurs vols commerciaux en Chine.

Cette décision était très attendue par Boeing, dont la Chine est un important marché.

Le régulateur conditionnait notamment le retour du 737 MAX dans le ciel chinois à des modifications techniques sur les avions, afin de garantir la sécurité des vols.

La Chine a été le dernier grand pays à lever l’interdiction de vol pour cet appareil.

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Comportement «très inhabituel» de l’avion avant l’écrasement       

Un décrochage à haute altitude suivi d’une chute brutale avant l’impact au sol: le Boeing 737 de la China Eastern a eu un comportement «très inhabituel» avant son écrasement lundi avec 132 personnes à bord, remarque un spécialiste de la sécurité aérienne.

Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA), souligne qu’il est «beaucoup trop tôt» pour tirer des conclusions, quelques heures seulement après la catastrophe qui a impliqué un type d’aéronef très répandu et jugé fiable, dans un pays où la sécurité aérienne est «excellente».

QUESTION: Que vous inspirent les premières données disponibles de l’accident de la China Eastern?

REPONSE: «Sur le site Flightradar, on voit que l’avion, qui était en altitude de croisière (à près de 9 000 m d’altitude, NDLR), a brutalement piqué à environ 600 km/h vers le sol avant de s’écraser. C’est très inhabituel, un décrochage simple ne donnerait pas du tout ce genre de profil.

Imaginons qu’on décroche à haute altitude, à ce moment-là, le pilote pique un peu du nez pour reprendre de la vitesse, et tout doucement l’avion reprend son vol. Ce sont des manœuvres qu’on apprend dans les premières heures des leçons de pilotage. Un décrochage à haute altitude, ça se rattrape très très bien. Là, c’est autre chose.

Cela peut être soit le pilote automatique qui aurait commandé une descente brusque de l’avion et qui n’aurait pas été rattrapée par l’équipage, ce qui paraît un peu surprenant compte-tenu de la durée de la chute, trois minutes, ça peut être aussi une action de l’équipage, mais on ne peut rien dire de plus.»

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Q: Quand en saura-t-on davantage?

R: «Les Chinois ont un bureau d’enquête très compétent, ils doivent être capables très rapidement de récupérer les enregistreurs de vol (données et voix, NDLR) qui ont normalement survécu à ce choc, et à partir de là, non seulement reconstituer précisément la trajectoire, mais aussi les paramètres de l’avion, les conversations des pilotes, toutes les actions qui ont pu être faites sur les commandes... Cela devrait être connu très rapidement.

Personnellement je n’ai jamais été confronté dans ma carrière à ce genre d’événement, il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions.»

Q: L’appareil était a priori un 737-800 NG, la génération précédant celle du MAX un temps interdit de vol après deux accidents mortels. Ce modèle est-il jugé fiable? Et quid de la sécurité aérienne chinoise?

R: «Je n’ai jamais entendu parler de problème particulier sur ce modèle d’avion, c’est un dérivé du Boeing 737 très ancien mais sur lequel on a installé des moteurs modernes. L’avion n’a pas subi le même type d’évolution sur les commandes de vol que le MAX (à la source des deux accidents, NDLR).

Quant au niveau de sécurité de l’aviation civile chinoise, il est tout à fait excellent.»

Les dernières catastrophes aériennes en Chine            

L’accident d’un avion qui transportait lundi 132 personnes dans le sud de la Chine est la première catastrophe aérienne dans ce pays depuis 2010. Voici la liste des principaux accidents d’avion survenus en Chine au cours des trois dernières décennies:

1990

2 octobre: une collision entre un Boeing 757 et un Boeing 737 sur le tarmac de l’aéroport de Canton (sud) à la suite d’un détournement d’avion fait 128 morts.

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1992

24 novembre: un Boeing 737 d’Air China s’écrase dans la région du Guangxi (sud), tuant 141 personnes.

1994

6 juin: un Tupolev 154 de la China Northwest Airlines s’écrase dans la province du Shaanxi (nord-ouest), tuant les 160 personnes à bord.

1997

8 mai: un Boeing 737-300 de la China Southern Airlines s’écrase près de la ville de Shenzhen (sud), faisant 35 morts.

1999

24 février: un Tupolev-154 de la China Southwest Airlines explose en plein vol en effectuant la liaison entre Chengdu (sud-ouest) et Wenzhou (est), tuant les 61 personnes à bord.

2000

22 juin: un Yun-7 de fabrication chinoise appartenant à la compagnie Wuhan Airlines s’écrase lors d’une tempête à Wuhan (centre), faisant 51 morts.

2002

7 mai: un McDonnell Douglas MD-82 de la compagnie China Northern Airlines s’écrase dans la ville de Dalian, tuant les 112 personnes à bord.

2004

21 novembre: 55 personnes trouvent la mort lorsque qu’un moyen courrier de type CRJ200 du canadien Bombardier opéré par la China Eastern Airlines s’écrase dans la ville de Baotou, en Mongolie intérieure (Nord).

2010

24 août: un Embraer ERJ-190 de conception brésilienne de la compagnie régionale chinoise Henan Airlines se brise en deux lors de l’atterrissage à l’aéroport de Yichun (Nord-Est), tuant 44 personnes. 47 passagers et membres d’équipage, dont le pilote, ont survécu.

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