ChatGPT: quand l’intelligence artificielle frappe l’imaginaire
Catherine Boucher | TVA Nouvelles
Un nouveau logiciel pourrait faire frémir le milieu scolaire en cette période d'examens puisque l'intelligence artificielle ChatGPT permet aux élèves d'obtenir un texte complet en y inscrivant seulement quelques mots.
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Le logiciel est en ligne depuis le 30 novembre et bien que cela puisse soulever des inquiétudes, le personnel enseignant n'a d'autre choix que de s'adapter.
Écrire une critique littéraire ou même une dissertation en quelques minutes, c'est possible avec l'intelligence artificielle ChatGPT conçu par la firme de recherche américaine OpenAI. Les résultats sont surprenants.
«ChatGPT, c'est un robot conversationnel. On peut lui poser des questions et il nous répond. Il puise dans une base de connaissances qu'il a déjà acquise, il fait des liens et il nous offre la meilleure réponse qu'il est capable de nous offrir. Pour certains ça a suscité des craintes, pour d'autres de la curiosité», a souligné Patrick Giroux, spécialiste en technologies éducatives et professeur en éducation à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
Le procédé informatique est capable de rédiger des travaux scolaires, des articles journalistiques, des lettres de présentation pour un entretien d’embauche et même donner des suggestions de scénarios de film. On peut en faire un usage très varié, il suffit simplement de donner quelques indications et le tour est joué.
«Il est capable de différencier les théories, de faire ressortir les points communs et aussi les différences. C'est un outil général mais sa base de connaissance est assez importante. Tu peux lui lancer des problèmes en science et il est capable de répondre», a expliqué M. Giroux.
«Ça frappe l’imaginaire de l’éducation»
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Patrick Giroux a mentionné que cet outil peut servir autant à des élèves du secondaire qu’à des étudiants de niveau universitaire. Il suffit simplement de savoir l’utiliser.
«C'est tellement simple à utiliser que demain matin, s'il connait le livre, n'importe quel étudiant peut lui demander de faire le résumé et il peut lui demander une deuxième version du résumé pour son ami. Ça touche tous les niveaux de l'éducation», dit-il.
Il se souvient que lorsque Google a fait son entrée sur le web, la première réaction des gens en milieu scolaire a été d’en bloquer l’accès.
Mais cette fois, au lieu d’en restreindre l’accès, les enseignants se sont plutôt demandé comment l'utiliser à bon escient.
«Il y a plein de choses qu'on ne peut pu leur demander de faire à la maison parce qu'ils pourraient carrément le faire faire par l'outil. Il y a un groupe Facebook qui a été créé et les profs ont commencé à échanger des stratégies pour l'évaluation, ils ont commencé à discuter sur comment ils pourraient l'utiliser en classe», a mentionné le spécialiste en technologies éducatives.
Il faut toutefois préciser que cette intelligence artificielle n’est pas infaillible et qu’elle a certaines limites. Elle n’est d’ailleurs pas branchée à Internet, ce qui fait en sorte qu’elle n’est pas au courant des nouveaux événements en lien avec l’actualité par exemple.
«Il a une base de connaissances limitée donc tant que c'est dans sa base de connaissance, ça va bien», a précisé M. Giroux.
Certains pourraient craindre au plagiat, bien qu’on ne puisse pas le contrôler en totalité. Des logiciels existent aussi pour repérer les textes qui auraient pu être écrits par un robot.
«Il y a toujours eu du plagiat et il va toujours en avoir. Je pense qu'il y a beaucoup de prévention qu'on peut faire et beaucoup d'éducation et on va enrayer une grosse partie du plagiat », dit M. Giroux. Il ajoute que d’autres outils similaires sont aussi présents sur les Internet : « On commence à en voir de plus en plus. C'est une petite révolution, ça risque de changer», a-t-il observé.
Un outil qui peut même être fort utile pour permettre aux étudiants de s’instruire davantage ou de mieux comprendre la matière en demandant à ChatGPT de lui expliquer. Et pour le personnel enseignant, des aspects positifs en ressortent aussi.
«J'ai des collègues qui ont carrément utilisé le chatGPT pour créer de nouvelles versions de leurs examens. Il va y avoir du travail à faire dans les prochains mois et les prochaines semaines afin de savoir comment on peut l'utiliser», a conclu Patrick Giroux.
Un travail de prévention et d'éducation sera donc nécessaire.