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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Trump n’a que faire de la visite du roi Charles et reprend sa lubie du 51e État

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Photo portrait de Guillaume St-Pierre – analyse

Guillaume St-Pierre – analyse

2025-05-27T23:00:00Z
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OTTAWA | Donald Trump n’allait certainement pas laisser le roi Charles III lui faire de l’ombre. 

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Il a plutôt profité du passage du monarque à Ottawa pour ressortir l’idée grotesque de faire du Canada le 51e État américain.

A-t-il vu comme une provocation l’idée d’inviter au Canada le roi pour lire le discours du trône?

Le président Trump a évoqué sa lubie du 51e État la fois de sa rencontre dans le Bureau ovale avec le premier ministre Mark Carney, le 6 mai dernier.

Deux jours plus tard, l’ambassadeur américain au Canada avait indiqué, dans une entrevue au National Post, que ce genre d’insulte du président était «derrière nous».

Le message publié sur le réseau social du président à 17h41, mardi, nous rappelle qu’il est le seul maître à bord de la Maison-Blanche et que les autres ne sont que ses faire-valoir.

Trump a évoqué à nouveau l’histoire du 51e État dans un message sur le bouclier antimissile dont le Canada souhaiterait participer à la construction.

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«J’ai dit au Canada, qui souhaite ardemment faire partie de notre fabuleux système du dôme Doré, que cela lui coûterait 61 milliards de dollars s’il restait une nation séparée, mais inégale, mais que cela lui coûterait ZÉRO DOLLAR s’il devenait notre cher 51e État. Ils envisagent l’offre!» a-t-il envoyé.

«Le premier ministre a été clair à chaque occasion, y compris lors de ses conversations avec le président Trump, que le Canada est une nation indépendante et souveraine, et qu’il le restera» a déclaré le bureau du premier ministre Carney un peu plus tard en soirée.

Un message à Trump

La visite du roi dans la capitale visait justement à remettre gentiment à sa place Donald Trump et ses menaces.

Photo Getty Images via AFP
Photo Getty Images via AFP

Visiblement, le message n’a pas été reçu comme l’entendait Ottawa.

Dans le contexte actuel, la lecture du discours du trône de notre souverain, cet énoncé vague des priorités gouvernementales, était très attendue.

Qu’oserait-il dire à la face de Trump pour lui rappeler que c’est lui, le patron du Canada et que les Canadiens, eux, ne veulent rien savoir de ses menaces annexionnistes?

Ceux qui s’attendaient à une fronde contre Trump connaissent très mal le rôle de la monarchie, qui se mêle généralement très peu de politique.

Sans nommer le président, le message est bel et bien passé.

Le roi a reçu sa plus longue (et une de ses seules) salve d’applaudissements lorsqu’il a cité un passage de la version anglaise de notre hymne national.

Si cette visite s’est surtout déroulée dans l’indifférence, elle n’a pas non plus provoqué l’indignation.

Une visite de 24h d’un monarque qui ne fait pas courir les foules, qui aura coûté des millions, pour rappeler au monde entier que le Canada n’est pas à vendre face à un président qui ne respecte rien: tout ça pour ça?

Un bon négociateur?

Mark Carney pourra toujours se vanter d’avoir été en mesure grâce à ses contacts de convoquer le roi à quelques semaines de préavis.

La démonstration de force est indéniable.

Mais la force, dans un gouvernement minoritaire, a ses limites.

M. Carney s’est encore une fois montré très ambitieux dans son discours du trône qui ouvre cette session parlementaire, en promettant «la plus vaste transformation de son économie depuis la Deuxième Guerre mondiale».

Même si aucun parti à Ottawa n’a l’intention de faire tomber le gouvernement Carney de sitôt, le premier ministre devra négocier avec l’opposition s’il souhaite mettre en œuvre son programme.

M. Carney s’est présenté comme le meilleur négociateur face à Trump. Mais son premier défi sera plutôt de faire fonctionner un parlement dont il connaît peu les rouages.

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