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L'article provient de Le Journal de Montréal

Ils ont changé d’emploi pour le salaire et le regrettent

Photomontage: Marilyne Houde
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Sarah-Florence Benjamin

2022-02-23T13:00:00Z
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La paie, ce n’est pas tout. C’est ce que ces travailleurs ont appris en changeant d’emploi pour toucher un meilleur salaire. La plus grande rentrée d’argent leur a permis de mieux subvenir à leurs besoins, mais le jeu n’en valait peut-être pas la chandelle. Leur expérience leur a fait découvrir que d’autres facteurs pèsent lourd dans la balance quand il est temps de choisir un emploi.   

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Claudine 

Claudine* a toujours entretenu une passion pour les chevaux. Il était donc logique pour elle de travailler comme palefrenière.  

«Ce n’était pas un travail bien payé ou stable, mais j’avais comme projet de lancer ma propre affaire dans le domaine», explique-t-elle.  

Ses plans ont changé lorsqu’elle a rencontré son copain et que le couple s’est mis à la recherche d’une maison.  

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Ayant étudié en environnement, Claudine s’est trouvé un emploi de conseillère technique dans une entreprise de traitement des eaux. Si son nouveau salaire lui a permis de réaliser ses projets, un an plus tard, elle n’est pas satisfaite de sa décision: «J’ai remarqué que mes journées passaient tellement plus lentement maintenant. La liberté et l’aspect physiquement actif de mon ancien travail me manquent.» 

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Elle considère maintenant retourner aux études pour se réorienter dans un autre domaine.  

«Tout ça m’a fait réaliser qu’un bon salaire a ses avantages, mais ne me rendra jamais heureuse. Je préfère gagner moins et faire quelque chose que j’aime», conclut Claudine.  

Éric 

Éric* travaillait comme testeur de jeux vidéo lorsqu’il a rencontré sa copine. «Ça serait différent maintenant, mais à l’époque, je me sentais mal de gagner moins qu’elle. J’avais l’impression de ne pas amener assez d’eau au moulin avec mon petit salaire», raconte-t-il.  

Même s’il aimait son travail, il l’a quitté pour un emploi d’assistance technique dans un centre d’appel.  

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Cet emploi, qui promettait un meilleur salaire pour des tâches faciles, s’est avéré incroyablement stressant pour Éric, qui a souffert d’épuisement professionnel: «Je fais encore des cauchemars à propos de cet emploi des années après, avoue Éric. Je rêve que je suis obligé d’y retourner.»  

Quand le centre d’appel où il travaillait a fermé, il a refusé d’être transféré et a préféré demander le chômage. «C’était un environnement tellement stressant où j’étais sans cesse évalué et surveillé, je n’en pouvais plus.» 

Cette expérience a été marquante sur sa vision du travail: «J’ai compris qu’un salaire vient compenser ce que ta job va exiger. Plus le salaire est élevé, plus on demande de donner de toi.»  

Le salaire n’est plus ce qui importe pour lui dans son emploi actuel: «Il y a tellement de valeur qui ne peut se calculer dans un environnement de travail où tu peux être toi-même. Ça ne se compare même pas à un salaire.» 

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Raphaëll 

Raphaëll* a l’habitude des horaires atypiques, elle qui travaillait comme cheffe de quart de nuit dans un établissement de restauration rapide.  

«J’allais sûrement monter assistante-gérante, mais le salaire n’était pas suffisant. J’en avais assez de ne pas pouvoir joindre les deux bouts», explique-t-elle.  

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Lorsqu’elle a décidé de partir en appartement avec son copain de l’époque, son salaire ne faisait plus le poids pour répondre à leurs besoins. «J’étais due pour une job d’adulte!», dit-elle à la blague. Raphaëll a donc postulé pour devenir répartitrice médicale d’urgence au 911. 

Elle ne regrette pas d’avoir fait le saut, appréciant le niveau de vie que lui permet son nouveau salaire et l’impression de faire une différence dans la vie avec son travail: «Je me sens beaucoup plus accomplie et je peux vivre confortablement toute seule dans mon appartement.» 

Le seul hic? Depuis le début de la pandémie, Raphaël cumule les temps supplémentaires obligatoires. Si elle jouit d’un bonus à sa paie pour ses longues heures, la fatigue accumulée commence à la faire douter. «On m’appelle même sur mes jours de congé, je suis épuisée, mais on n’a pas le choix.»  

Elle avoue avoir fait des recherches pour se trouver un autre emploi, mais hésite à faire le saut: «Mes dépenses ne me permettraient pas de revenir à un salaire inférieur. C’est la seule chose qui me freine.»  

*Les travailleurs cités ont souhaité changer leur prénom par peur de représailles de la part de leur employeur. 

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