Voici à quoi ressemble le salaire d’un athlète en route vers les Olympiques


Andrea Lubeck
Bon nombre d’athlètes qui aspirent à participer aux Jeux olympiques doivent s’entraîner pratiquement à temps plein pour atteindre leur objectif, si bien que la moitié d’entre eux n’occupent pas d’emploi. Mais comment gagnent-ils leur vie? On décortique leurs revenus.
• À lire aussi: [QUIZ] Connaissez-vous vos Jeux olympiques d’hiver?
On sait qu’un athlète qui remporte un podium peut obtenir 10 000 à 20 000$ pour une médaille, une somme nettement insuffisante pour subvenir à ses dépenses pendant toutes les années de sa préparation en vue de la compétition.
«Il n’y a pas un athlète qui investirait huit ans de sa vie pour des revenus qui sont loin d’être assurés. Pour les 215 athlètes canadiens qui sont aujourd’hui à Pékin, on prédit que le Canada rapportera 25 médailles. La plupart n’auraient donc pas de revenus», confirme Jean Gosselin, spécialiste en marketing sportif.
29 000$ par année
Heureusement, des programmes gouvernementaux sont en place pour soutenir financièrement les sportifs de haut niveau. L’organisme gouvernemental Sport Canada a d’ailleurs mis sur pied le Programme d’aide aux athlètes, qui leur offre une aide financière directe. On appelle «athlètes brevetés» ceux qui en bénéficient.
Selon une étude de Sport Canada, les athlètes brevetés déclarent des revenus moyens de près de 29 000$ par année, qui proviennent principalement d’aides gouvernementales.
• À lire aussi: [VIDÉO ET PHOTOS] Voyez les athlètes canadiens faire leur entrée à Pékin
Les sportifs québécois qui participent régulièrement à des compétitions internationales ont également droit, par le biais du programme Équipe Québec, à une bourse d’entraînement annuelle de 6000$.
À travers d’autres programmes et subventions, ils peuvent aussi accéder à divers services d’entraînement, de même qu’à des spécialistes et des experts scientifiques, gratuitement.
«Les athlètes ne roulent pas sur l’or, mais ils ont plus de facilité à faire une certaine planification financière qui leur permette de bien s’en sortir face à leurs obligations», ajoute M. Gosselin.
Des partenariats parfois payants
On ne peut donc pas blâmer les athlètes de vouloir signer des partenariats publicitaires avec des marques. Ces ententes peuvent commencer aux alentours de 75 000$ à 100 000$ et peuvent atteindre environ 500 000$ par année.
«Ce n’est pas avec ça qu’un athlète devient indépendant de fortune», rappelle néanmoins Jean Gosselin.
From fast to #ForeverFaster. Welcome to the PUMA team, @De6rasse. pic.twitter.com/jQ5LugpCNt
— PUMA Running (@PUMARunning) December 4, 2015
Ces ententes peuvent comporter différentes clauses, allant de la publicité en étant le visage de la compagnie jusqu’à des apparitions publiques au nom de l’entreprise ou toute autre activité de représentation.
Les contrats peuvent également comprendre certaines dispositions en fonction de la performance de l’athlète aux différentes compétitions. Une prime en argent peut donc bonifier la commandite si le sportif atteint la plus haute marche du podium, par exemple.
• À lire aussi: Non, les Jeux de Pékin ne seront pas réellement carboneutres
Enfin, le montant de l’entente dépendra également de la durée du contrat et d’une foule d’autres facteurs. C'est pourquoi «il n’y a pas deux ententes identiques», affirme Luc Dupont, professeur de communication à l’Université d’Ottawa.
«Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus»
Une chose est sûre: les athlètes qui arrivent à conclure de telles ententes sont l’exception plutôt que la règle. C’est qu’une combinaison très précise de facteurs entre en ligne de compte, réduisant grandement le bassin de sportifs qui finissent par représenter des marques.
• À lire aussi: Neige artificielle aux JO de Pékin: une photo virale qui en dit long
Déjà, «les marques cherchent à s’associer presque exclusivement à des athlètes qui remportent la médaille d’or», estime Luc Dupont. On élimine donc les deux tiers de ceux qui montent sur le podium.
Les entreprises achètent donc la performance, oui, mais aussi l’image de l’athlète; autrement dit, son charisme. Celui-ci doit aussi avoir des qualités de communicateur, et, finalement, une histoire touchante et universelle de persévérance, énumère le professeur.

Ainsi, des partenariats comme celui qui a lié le plongeur Alexandre Despatie à McDonald’s ou encore le sprinteur Andre De Grasse à Puma, ça ne court pas les rues.
• À lire aussi: Une patineuse chinoise tombe et se fait insulter par tout le pays
D’autant plus que le marché canadien est tout petit comparé à d’autres, comme celui des États-Unis, ce qui réduit considérablement les occasions de commandite pour les athlètes.
«Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus», résume M. Dupont.