Le CF Montréal annonce une reconstruction sans explications
Mylène Richard
Comme si de rien n’était, tout s’est déroulé rondement et dans la bonne humeur à l’entraînement du CF Montréal, mercredi, quelques heures après la publication d’une lettre choc de la direction à ses partisans.
• À lire aussi: 4 situations qui n’ont pas aidé le CF Montréal
• À lire aussi: Lettre du CF Montréal: des réactions mitigées chez les partisans
• À lire aussi: «Il va falloir que les actions parlent»: un expert en marketing sportif réagit à la lettre du CF Montréal
Le président et chef de la direction, Gabriel Gervais, ainsi que Luca et Simone Saputo, les fils du propriétaire, Joey Saputo, ont largué une bombe à l’aube en partageant «l’insatisfaction» des amateurs et en annonçant une reconstruction dans un message publié sur les réseaux sociaux.
«Il y a beaucoup de journalistes pour une petite lettre!» a lancé à la blague le milieu de terrain Samuel Piette, qui, blessé au dos, s’est entraîné en solitaire au Centre Nutrilait.
Sans vouloir contredire l’un des favoris de la foule, cette missive n’a rien de banal. Il est rare qu’un club sportif se confonde en excuses. Au hockey, les Rangers de New York et les Blackhawks l’ont déjà fait en 2018 et 2020.

Ambition, fierté, loyauté
L’organisation montréalaise a admis ne pas avoir atteint les standards fixés cette saison.
«Nous avons pris la décision d’entreprendre une reconstruction et de lancer un nouveau chapitre au CF Montréal. Un chapitre fondé sur l’ambition et la fierté. Une nouvelle ère qui remet la victoire au cœur de notre gestion sportive tout en valorisant notre riche histoire avec vous, notre 12e joueur», peut-on lire.
Avec une piètre fiche de trois victoires, six verdicts nuls et 15 défaites, le Bleu-Blanc-Noir croupit au 30e et dernier rang dans la MLS. Et en Championnat canadien, ce n’est guère mieux, le onze montréalais ayant été éliminé par une équipe d’une ligue inférieure.
«Nous savons que la confiance se regagne par des actes, était-il écrit. Ainsi, vous verrez lors des prochaines fenêtres de transfert des gestes concrets, des visages engagés et des initiatives fortes pour reconstruire, ensemble, un club à la hauteur de votre loyauté.»
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Trop peu trop tard?
Rapidement, le web s’est enflammé, tout comme les tribunes téléphoniques. Plusieurs amateurs ont partagé leur désarroi, d’autres vivent d’espoir.
«Est-ce que c’est trop peu trop tard? Je ne sais pas...», a laissé tomber en entrevue à LCN Justine Longpré, présidente du regroupement 1642MTL, qui a manifesté à plusieurs reprises son mécontentement.

Elle s’attend à des «actions concrètes» avec l’ouverture du mercato jeudi, mais surtout à plus de «transparence de l’administration», du marketing et des communications.
«Qu’est-ce qu’on peut faire pour que le jeune, au lieu de s’acheter un chandail de [Kylian] Mbappé ou de [Lionel] Messi, s’achète un chandail du CF Montréal?» se demande-t-elle.
«Période très sombre»
Pour l’instant, Mme Longpré et les autres fans n’ont pas de réponses. L’organisation n’a pas voulu répondre aux questions du Journal. Entraîneurs et joueurs n’étaient pas disponibles pour commenter. On ne sait donc pas ce que veut dire une «reconstruction» au soccer. Le CF Montréal a annoncé il y a longtemps vouloir former de jeunes talents pour les vendre ensuite en Europe.
Le club a d’ailleurs confirmé avoir acquis le défenseur de 21 ans Efrain Morales de l’Atlanta United afin de pallier la perte de George Campbell, transféré à un club anglais.
Rien pour écrire à sa mère à l’approche du match de vendredi face au Revolution en Nouvelle-Angleterre.

«On a un club de soccer professionnel à Montréal, il ne faut pas le lâcher, a souligné avec optimiste Mme Longpré. C’est une période très sombre, mais on ne veut pas que ce club-là déménage, on ne le reverra plus jamais. C’est un premier pas que l’organisation fait en admettant que cette saison est un échec sur toute la ligne.»
Reste à voir si les bottines suivront les babines.
– Avec l’Agence QMI
