«C’est la pire défaite de ma vie»: Stéphan Huot déclare faillite
Endetté de près de 1,2 G$, le promoteur immobilier de Québec jette l’éponge après la spectaculaire débâcle du Groupe Huot


Kathryne Lamontagne
Stéphan Huot jette l’éponge: endetté de près de 1,2 G$ après la spectaculaire débâcle de son empire immobilier, le promoteur de Québec déclare faillite, laissant derrière lui des créanciers qui ne reverront jamais leur argent.
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«C’est la pire défaite de ma vie», a confié Stéphan Huot, en entrevue avec notre Bureau d’enquête.

Celui qui était à la tête du défunt Groupe Huot a signé, en fin de journée mercredi, tous les papiers visant à officialiser sa faillite personnelle, mettant ainsi un terme à cette saga financière.
«Je n’ai jamais eu une faillite personnelle, je n’avais jamais eu à passer par là. Mais là, je ne suis plus capable, c’est invivable. Il faut que ça arrête un moment donné», a-t-il lancé, visiblement abattu.
Il s’agit d’un revirement de situation pour Stéphan Huot, qui se disait pourtant confiant, l’automne dernier, d’éviter la faillite. Le promoteur venait alors de se mettre à l’abri de ses créanciers pour 1,179 G$, faisant de cette procédure d’insolvabilité l’une des plus importantes – en termes de dollars – de l’histoire du Québec.
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Des millions de dollars perdus
Stéphan Huot assure toutefois avoir réduit le montant de sa dette globale. La vente de ses entreprises, dont les cinq complexes immobiliers acquis par le groupe MACH pour 560 M$ et la vente d’Airmedir à Dessercom pour 54 M$, ont permis d’assurer le remboursement de quelque 600 M$ à ce jour, insiste-t-il.
Il estime aussi que différentes transactions et ententes à venir pourraient permettre d’assumer une autre importante portion de sa dette. Mais il reconnaît qu’en fin de compte, il sera dans l’incapacité de rembourser les 200 à 300 M$ restants.
«Il ne me reste plus rien. J’aurais aimé pouvoir payer tout le monde, mais je ne suis pas capable. J’ai fait mon possible», a-t-il affirmé.

950 fois moins
Cette annonce survient alors que les créanciers de Stéphan Huot devaient se prononcer jeudi matin, après de nombreux reports, sur la proposition concordataire qui leur avait été soumise en novembre dernier.
Le promoteur offrait entre autres de débourser à peine 1,25 M$ pour dédommager une soixantaine de créanciers non garantis, qui lui réclamaient une somme 950 fois plus élevée, soit 1,19 G$.
Stéphan Huot évaluait alors ses actifs à près de 9 M$, dont 8,7 M$ en immeubles, 157 000$ en ameublement, 75 900$ en véhicules et près de 25 000$ en espèces.
Face à l’annonce de sa faillite, l’assemblée des créanciers prévue jeudi a été annulée.
Avenir incertain
Pour Stéphan Huot, la suite des choses relève de l’inconnu. «Je ne sais pas ce que je vais faire. J’ai des gens à Montréal, en Floride, qui m’ont dit de venir travailler avec eux. Je ne sais pas ce que je vais faire, j’ai besoin de recul», a-t-il terminé, ajoutant qu’il avait «fait des erreurs», qu’il «paie le prix» et qu’il «l’accepte».
La chute d’un géant
- À son apogée, le Groupe Huot comprenait 6000 logements locatifs et quelque 700 employés. Le conglomérat était aussi actif dans la restauration, les cours de pilotage et la télémédecine, notamment.
- Les difficultés financières du Groupe Huot ont commencé en début d’année 2022, pour être médiatisées une année plus tard, après quoi les différentes entités se sont placées à l’abri de leurs créanciers ou ont fermé leurs portes.
- Notre Bureau d’enquête a par la suite révélé que 75 millionnaires de Québec avaient été amenés à injecter pas moins de 220 M$ dans le Groupe Huot, par l’intermédiaire de sociétés appartenant à l’homme d’affaires Robert Giroux.

- Robert Giroux fait actuellement face à une poursuite de 150 M$ de la part de ces mêmes millionnaires, qui l’accusent d’avoir mis sur pied un stratagème qui s’apparente à un système de Ponzi et de leur avoir caché les difficultés du Groupe Huot. M. Giroux nie ces allégations et a déposé une contre-poursuite de 25 M$. Un procès est prévu dans cette affaire en mai.
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