«Cessez d'acheter sur Amazon et mettez fin à vos abonnements Prime»: la CSN lance un appel au boycottage

Lydia Labbé-Roy
La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a demandé, mardi, aux gouvernements canadien et provincial ainsi qu’aux municipalités et à la population de boycotter Amazon à titre de représailles pour la fermeture de ses sept entrepôts au Québec.
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«Aucune institution publique ne devrait faire affaire avec Amazon et, bien sûr, on a déjà invité, et on invite les membres de la CSN et la population en général, à cesser d'acheter sur Amazon et à mettre fin à leur abonnement Prime», a lancé la présidente de la CSN, Caroline Senneville, en point de presse.
Celle-ci accuse le géant du commerce en ligne de poser un «geste anti-synidcal», notamment parce que l’annonce de la fermeture est survenue alors que le syndicat «s'apprêtait à se diriger vers le ministère du Travail pour demander l'arbitrage d'une première convention collective».
Dans le cadre de sa campagne de boycottage, le syndicat demande aux deux paliers de gouvernement ainsi qu’aux municipalités «de mettre fin à toute forme de contrat avec Amazon, que ce soit en infonuagique ou autre, et de cesser immédiatement de s'approvisionner auprès d'Amazon».
Cette demande est aussi soumise à tous les organismes publics comme les Centres de services scolaires, les établissements de santé, les cégeps et les universités.
Un «arsenal juridique»
En plus de l’appel au boycottage d’Amazon, la CSN compte aller devant les tribunaux puisqu’elle accuse le géant du commerce en ligne d’avoir enfreint plusieurs articles du Code du travail québécois.
Caroline Senneville nomme notamment «l'article 12, qui stipule qu'un employeur ne peut pas entraver ni s'ingérer dans la création d'une association de travailleurs, et l'article 13 qui interdit à un employeur de faire preuve de menace ou d'intimidation lors d'un processus de syndicalisation».
La CSN compte également poursuivre ses démarches d’arbitrage de première convention collective auprès du ministère du Travail, malgré la fermeture des sept entrepôts.
«Ce n'est pas parce qu'Amazon a fermé son entrepôt syndiqué que ça met fin à ses obligations. Il y a des enjeux qui devront être réglés pour l'avenir. Si jamais ils ferment, puis rouvrent plus tard, et bien il y a des enjeux qui devront être réglés par rapport à la liste d'ancienneté, le rappel, etc.», a-t-elle affirmé lors de son point de presse.
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Une manifestation
Le syndicat invite la population et la classe politique à une manifestation organisée à Montréal le samedi 15 février pour dénoncer la perte des quelque 4500 emplois au Québec en raison de la fermeture des entrepôts.
«Je vous le dis, il va faire beau», a assuré, à la blague, la présidente de la CSN, ajoutant que le syndicat souhaite envoyer un message fort à Amazon.
«Au Québec, on se tient debout face à un mépris envers nos lois, envers nos emplois, puis envers tout le Québec.»
Le 22 janvier dernier, Amazon annonçait la fermeture de ses sept entrepôts au Québec, entraînant la suppression de 1700 emplois dans la province.

La fermeture de ces entrepôts a aussi des répercussions auprès de plusieurs fournisseurs du géant du commerce en ligne qui devront aussi supprimer des postes.
Au total, la CSN estime que ce sont 4500 personnes au Québec qui ont perdu leur emploi en raison de la décision d’Amazon.
Amazon Canada a soutenu que cette décision n’a pas de lien avec la syndicalisation de certains employés, mais plutôt en raison d’«une révision récente de [ses] opérations au Québec».
«Nous avons vu que de retourner vers un modèle de livraison par de tierces parties supporté par de petites entreprises locales, similaire à ce que nous avions en 2020, permettra d’offrir le même bon service et même des économies pour nos clients à long terme», avait déclaré Barbara Agrait, porte-parole d'Amazon, à l’Agence QMI.
Cette dernière avait aussi assuré que cette décision «n’a pas été prise à la légère».
Après une déclaration de François-Philippe Champagne, qui envisageait qu’Ottawa revoie ses liens d’affaires avec Amazon, l’entreprise s’était dite ouverte à discuter avec le gouvernement fédéral.
L’entreprise avait toutefois réitéré à TVA Nouvelles qu’elle ne compte pas reculer sur sa décision de fermer les entrepôts.