Ce que vous devez savoir de l’action collective visant le cardinal Gérald Cyprien Lacroix
Celui qui était jusqu’à tout récemment pressenti pour être le prochain pape figure parmi les 15 nouveaux agresseurs présumés de l’action collective visant depuis 2022 le diocèse de Québec

Olivier Faucher
L’action collective visant le diocèse de Québec pour de nombreuses allégations d’agressions sexuelles a pris de nouvelles proportions jeudi. Après le cardinal Marc Ouellet, le cardinal et archevêque de Québec Gérald Cyprien Lacroix est lui aussi visé par l’une des victimes présumées, dont la liste continue de s’allonger. Voici les faits saillants du recours.
• À lire aussi: Mgr Lacroix sur la liste des agresseurs présumés: «C’est plate à dire, mais ce n’est plus une exception»
Attouchements allégués sur une adolescente

Pour la première fois, le cardinal et archevêque de Québec Gérald Cyprien Lacroix est visé par des allégations d’agression sexuelle par une victime présumée nouvellement inscrite dans l’action collective qui vise depuis 2022 le diocèse de Québec.
Une femme qui avait 17 ans au moment des faits reprochés accuse Mgr Lacroix de lui avoir fait subir des attouchements lors de deux événements distincts en 1987 et 1988.
À cette époque, l’adolescente accompagnait ses parents pour des activités bibliques et rencontrait Mgr Lacroix qui était alors préposé, affirme Me Alain Arseneault, l’un des avocats qui pilotent l’action collective.
«Il l’a prise à l’écart, prétextant des choses à faire. Dans un autre petit local, ces événements sont survenus. Ce sont essentiellement des attouchements aux parties génitales», a précisé Me Arseneault, en entrevue avec Le Journal et TVA Nouvelles.
- Écoutez l'entrevue avec Roger Lessard, porte-parole de présumées victimes d'agressions sexuelles par des prêtres au micro de Mario Dumont via QUB :
Dénoncer au lendemain des funérailles de sa mère

Tout de suite après les agressions, Mgr Lacroix aurait tenté d’imposer le silence à l’adolescente, selon Me Arseneault.
«Il [...] aurait dit “parles-en à personne, surtout pas tes parents. Ça pourrait tuer ta mère”». Cette dernière était une fervente catholique.
La victime présumée a ainsi attendu le décès de ses deux parents avant de raconter son histoire.
«Elle nous a appelés au lendemain des funérailles de sa mère. [...] Elle aimait sa mère et ne voulait pas lui imposer cette peine-là. Elle a intériorisé ce que M. Lacroix lui a dit», poursuit Me Arseneault.
Près de 150 victimes alléguées
Au dépôt de la demande d’action collective en 2022, le nombre de victimes présumées était de 101. Depuis, 46 nouvelles personnes se sont inscrites, incluant la victime présumée de Mgr Lacroix, faisant passer ce nombre à 147.
Celles-ci affirment avoir vécu des agressions sexuelles sous de multiples formes allant de l’attouchement à la pénétration, durant la période visée par l’action collective, soit entre 1940 et aujourd’hui. Les dernières allégations se seraient déroulées entre 2017 et 2018 à l’égard d’une personne qui avait alors 33 ans.
15 nouveaux agresseurs présumés
Les faits reprochés visent 15 nouveaux agresseurs présumés, incluant Mgr Lacroix. «Au moins 100» membres du clergé diocésain de Québec (évêques, prêtres, diacres), religieux, membres du personnel pastoral laïc, employés ou bénévoles laïcs ou religieux sont désormais mis en cause par l’action collective, selon la requête déposée jeudi.
Cette dernière demande ainsi à être élargie à quatre nouveaux défendeurs qui avaient la responsabilité des nouveaux agresseurs présumés. Il s’agit du Séminaire de Québec, de l’Oeuvre du Grand séminaire de Québec, du Collège François-de-Laval et de l’Assurance mutuelle des Fabriques du Québec. À noter que depuis 1987, le Collège François-de-Laval est une école secondaire qui n’a plus de liens avec le diocèse de Québec.
Les deux cardinaux québécois éclaboussés

Le Québec compte aujourd’hui deux cardinaux encore en vie, soit Gérald Cyprien Lacroix et Marc Ouellet. Ces deux hautes figures de l’Église catholique sont désormais visées par des allégations d’agression sexuelle.
Mgr Lacroix était même jusqu’à tout récemment pressenti pour être le prochain pape.
Dans le cas de Marc Ouellet, une victime présumée raconte avoir subi une agression de sa part alors qu’elle avait une vingtaine d’années, entre 2008 et 2010, dans le cadre de la même action collective. Cette femme, c’est Pamela Groleau qui a dévoilé publiquement, il y a un an, son identité. Marc Ouellet nie les faits et poursuit Mme Groleau pour diffamation.
Depuis 1900, seulement 11 Québécois ont été créés cardinaux.
Des dizaines de millions demandés
Les demandeurs réclament des dédommagements de 450 000$ par victime présumée. Ce montant comprend 300 000$ pour compenser, entre autres, «toute la souffrance, l’angoisse et la perte d’estime de soi» et 150 000$ pour compenser la «perte de capacité de gains».
S’ils ont gain de cause, cela représenterait une somme de plus de 66 millions $, selon les calculs du Journal.
Débat sur les fonds disponibles
Le diocèse de Québec aura-t-il les fonds nécessaires pour indemniser ceux qui disent avoir été agressés?
Une enquête de Radio-Canada publiée hier a révélé que les organisations sous l’Église catholique du Québec visées par des demandes d’action collective détiennent près de 2 milliards $ en actif. Or, le cardinal Lacroix affirme dans cette même enquête que son diocèse est dans une situation financière difficile.
C’est «de l’hypocrisie», rétorque Me Alain Arseneault. «Quand ils nous disent qu’ils n’ont pas d’argent, c’est qu’il y a eu une opération dans les années 1990 pour camoufler leur argent. Ils savaient que ça s’en venait [les actions collectives].»
Son cabinet estime que le diocèse de Québec dispose en fait de plus de 300 millions $ dans ses coffres.
Comment s’inscrire?
Toute victime présumée croyant être concernée par l’action collective peut entrer en contact avec le cabinet Arsenault Dufresne Wee par téléphone au 514 527-8903 ou par courriel à actioncollective@adwavocats.com .
Le cabinet s’attend à ce que beaucoup de personnes se manifestent au cours des prochains jours en raison de l’attention médiatique sur le dossier.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.