Cathy Gauthier nous raconte sa première rencontre avec son père biologique

Joël Legendre
Depuis quelques années, je côtoie Cathy Gauthier beaucoup plus souvent dans mon voisinage que sur les tapis rouges et les soirs de première. Sa meilleure amie, qui a des enfants, habite juste à côté de chez moi, et nos enfants sont toujours ensemble. Je la croise donc assez souvent pour savoir qu’elle est une mère et amie présente et généreuse avec ses proches. Lorsque Cathy entre dans la salle de maquillage, je la trouve détendue et sereine. Je m’empresse de lui en faire la remarque, et elle me répond sur-le-champ: «Pourtant, j’ai une vraie journée de marde! Mais t’es ben fin!» Il n’en fallait pas plus pour que tout le monde éclate de rire. Ce dont je ne me doutais pas, c’est que, quelques minutes plus tard, Cathy allait m’émouvoir aux larmes. Rencontre avec une femme assumée et transformée à jamais.
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Cathy, comment se passe ton été jusqu’à maintenant?
Je vis tellement un bel été. Je passe beaucoup de temps à Ottawa, car ma famille habite là-bas. Je t’explique... J’ai retrouvé mon père biologique il y a deux ans. J’ai découvert par le fait même que mes grands-parents paternels avaient eu 17 enfants, dont 14 qui sont toujours vivants.
C’est incroyable! Comment as-tu retrouvé ton père?
Grâce au test Ancestry. Mon ex, qui savait que je voulais retrouver mon père, m’a proposé de faire ce test pour que je mette toutes les chances de mon côté. La sœur de mon père avait passé le test de son côté. C’est comme ça qu’on a découvert qu’on avait la même génétique.
Et d’où ta famille est-elle originaire?
Ce sont des Franco-Ontariens. C’est du super bon monde. J’ai retrouvé mon père, et j’ai aussi rencontré plein de tantes et d’oncles fabuleux.
Et ça a cliqué instantanément?
Je me suis tout de suite sentie chez nous avec eux! Il y a un réel sentiment d’appartenance. Même si on ne se connaît pas, le lien qui nous unit par le sang est plus fort. La ressemblance entre mon père et moi est incroyable.
Étais-tu à la recherche de ton père depuis longtemps?
D’aussi loin que je me rappelle, je voulais savoir qui était mon père. Je l’ai espéré, imaginé et rêvé. J’étais la seule dans mon village qui était rousse carotte. Alors, lorsque je voyais un homme roux, je l’examinais attentivement en espérant qu’il soit peut-être mon père. Je pensais même que Marc Messier, que je voyais dans Lance et compte, aurait pu être mon père. (rires)
Comment s’est passée votre première rencontre?
J’ai eu l’idée d’inviter mon père, ses sœurs et ses frères à venir voir mon spectacle. J’ai aussi loué une salle de réception, j’ai fait affaire avec un traiteur et nous avons passé une magnifique soirée!
Comment tu t’es sentie avant de monter sur scène cette soirée-là?
Quand je suis entrée dans ma loge, avant le spectacle, il y avait un immense bouquet de 46 fleurs. Le petit mot qui les accompagnait allait comme suit: «Pour les 46 années que nous avons manquées ensemble.» (À ce moment-là, j’ai dû interrompre notre conversation, car l’émotion était trop forte. Ce genre d’histoire extraordinaire m’émeut chaque fois. Cathy et la maquilleuse avaient également les larmes aux yeux. Après quelques minutes, nous avons pu recommencer la discussion.) Tu vas comprendre que je me suis sentie extrêmement fébrile pendant tout le spectacle. Le fait de savoir que toute ma nouvelle famille était dans la salle a été une expérience à la fois émouvante et stimulante!
Alors, comment s’est passée votre rencontre après le spectacle?
Je les ai tous accueillis dans ma loge, et ce fut très émotif. Tout le monde pleurait. Après quelques minutes, j’ai bien sûr cassé ça avec de l’humour en disant: «C’est l’heure des sandwichs! Allons brailler dans nos croûtes!» (rires) On s’est donc rendus à l’hôtel et on s’est raconté des anecdotes. C’était vraiment comme si on s’était toujours connus.
Quel genre de «nouvelle famille» as-tu?
Ce sont tous des gens extraordinaires! Mon père me fait tellement rire! Je sais de qui je retiens mon sens du punch! J’ai vraiment du fun avec eux autres. Dans ma nouvelle famille, les Paquette, nous sommes 101 cousins et cousines. Ça fait beaucoup d’enfants autour de la table!

Tu es, selon moi, la première à avoir fait un type d’humour qui était surtout réservé aux hommes à l’époque. En es-tu consciente?
Pas vraiment. Moi, j'ai toujours fait ce qui m’interpellait, mais tant mieux si j’ai pu défricher le chemin pour d’autres femmes en humour. D’ailleurs, je vais remonter sur les planches cet été et j’ai un peu la trouille parce que ça fait un bon bout de temps que je n’ai pas fait de la scène.
Quels sont tes projets?
Le 17 juillet, je serai à la Place des Arts pour animer un spectacle qui met en lumière les années 1990 en humour. Il y aura, entre autres, André-Philippe Gagnon, François Massicotte et Maxim Martin. Le 19 juillet, je ferai un numéro sur la scène extérieure du Festival Juste pour rire Montréal dans Le gros party animé par Dave Gaudet. Et le 9 août, je serai à Québec, toujours dans le cadre du Festival Juste pour rire, où on m’a donné carte blanche pour offrir un spectacle au public à l’extérieur qui sera gratuit. J’ai invité mon ami Jean-Thomas Jobin et le comédien Hubert Proulx et son fils, qui feront un extrait de leur pièce de théâtre qui est vraiment touchante. On m’a donné carte blanche, alors j’avais envie de faire une petite place au théâtre.
Tu es reconnue pour être une fille franche et transparente. Est-ce que ça devient lourd à porter?
En fait, je fais juste dire la vérité. Si quelque chose ne fait pas mon affaire, ça paraît tout de suite dans ma face. Ce serait plus difficile pour moi de faire semblant. Si tu m’aimes, tant mieux, sinon y’en a d’autres!
D’ailleurs, je t’ai trouvée vraiment courageuse de parler publiquement de ton épuisement professionnel, que tu vivais à cause, entre autres, de l’horaire de la radio...
Après la grossesse de ma fille, j’ai fait un postpartum. Alors, je sais très bien à quoi ressemble le bruit quand tu tombes dans le fond du puits. J’ai été capable de m’en sortir et je me suis juré que je n’y retomberais plus. J’ai alors décidé de démissionner de la radio. Je suis allée travailler un mardi matin et je me suis mise à pleurer dans ma voiture. C'est à ce moment que j'ai accepté que j'avais besoin d'une pause.
As-tu ressenti une forme de honte à ce moment-là?
Bien sûr! Malheureusement, c’est encore tabou. Quand je suis allée voir ma boss pour lui dire que je ne reviendrais pas, je trouvais ça gênant et très embarrassant de devoir quitter mon travail pour épuisement professionnel. Et tout ça a créé plein de remous. En début d'année, je me suis retrouvée plus de radio, plus de gérante et je laissais mon amoureux. J’ai fait ce que j’appelle une grande vente d’entrepôt! (rires) J’ai commencé 2025 sous un autre nom! (rires) Cela dit, je connais plein de gens autour de moi qui sont en burnout, mais qui ne le disent pas parce qu’ils ont peur du regard des autres. J'ai choisi de me prioriser et surtout, j’avais envie d’être avec ma fille le matin. En plus, j’étais devenue impatiente et pas trop de bonne humeur. Ce n’est pas l’énergie que je voulais installer dans ma maison.
En écrivant le nom Cathy Gauthier sur mon moteur de recherche, voici les titres qui sont apparus. Tu veux me les commenter?
Certainement!
On trouve, en première place, le titre: Séparation...
Je dirais que j’ai vécu une séparation déchirante, mais qu’aujourd’hui je suis fière de ma relation avec mon ex. Je sais qu’on va toujours bien s’entendre. Il est mon meilleur ami et on se parle à tous les jours.
En deuxième place: Fille...
Alice, c’est l’amour de ma vie. C'est une petite fille intelligente, rayonnante et créative qui me surprend à chaque instant.
En troisième place: Fortune. Quelle est ta relation avec l’argent?
Je ne sais pas compter! (rires) Pour moi, l’argent, c’est fait pour gâter le monde. Je ne désire pas être enterrée avec mon cash. Je veux que ma fille en ait assez si jamais il m’arrivait quelque chose. Sinon, je fais profiter mes proches.
En quatrième place apparaît le titre: Spectacle...
Je prépare un nouveau show. Un cinquième show pour mes 50 ans. Et je suis quand même assez fière, car je serai la première humoriste féminine à avoir fait cinq spectacles avant l’âge de 50 ans. C’est vraiment la scène qui me fait du bien.
Quelle est la différence entre ton premier spectacle et celui que tu prépares présentement?
Mon personnage évolue à travers ce que je vis. Mon premier show 100 % vache folle, je l’ai écrit dans ma jeune vingtaine. Alors, je ne pouvais pas parler de mes REER... Je n’en avais pas! Je parlais de ma réalité qui était de sortir dans les bars et de rencontrer des gars. Aujourd’hui, j’essaie d’aborder des sujets plus sérieux et plus profonds. Dans mon dernier spectacle, j’ai parlé de postpartum. Là, je veux parler de ma réalité de femme de 50 ans.
Le dernier titre à apparaître est: Famille...
La famille est ce que j’ai de plus important et de plus précieux. J’aime beaucoup mon métier, mais je veux avant tout être présente pour ma fille, ma famille et mes amis. C’est ça ma priorité.
En rentrant à la maison après mon entretien avec Cathy, devinez qui était assis à la table en train de manger avec mes filles... Sophia, la fille de sa meilleure amie et aussi la filleule de Cathy. J’ai donc pris en photo la belle marmaille et je la lui ai envoyée. Quelques secondes plus tard, Cathy m’a écrit: «Dis-lui de ramasser son assiette!» Merci, Cathy, pour ce merveilleux moment passé en ta compagnie. Ta franchise, ton humour et ta grande sensibilité m’ont fait un bien immense et me rappellent à quel point je fais un métier qui m’anime surtout par les rencontres que j’y fais. À très bientôt dans le rond-point entre deux tours de bicyclette ou deux pointes de pizza!