Catherine Fournier est la victime d’Harold LeBel
Marie-Christine Noël et Mathieu Carbasse | Bureau d'enquête
La jeune femme agressée sexuellement en octobre 2017 par l’ex-député de Rimouski Harold Lebel est nulle autre que l’actuelle mairesse de Longueuil Catherine Fournier.
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L’ordonnance de la Cour qui protégeait l’identité de Mme Fournier a été levée mardi matin, à la demande de cette dernière, pour permettre la diffusion d’un documentaire de notre Bureau d’enquête qui l’a suivie pendant tout le processus judiciaire.
- Écoutez la journaliste à TVA Nouvelles Rimouski Katia Laflamme qui couvre cette affaire via QUB radio :
Celle qui était députée de Marie-Victorin à l’Assemblée nationale au moment des faits souhaite désormais «faire œuvre utile» et contribuer à «rendre plus accessible le système de justice».
«Même si je suis quelqu’un qui est informée, éduquée, outillée, que j’ai été députée, il y a plein d’étapes de ce processus que je ne connaissais pas», confie-t-elle en entrevue.
«Si je peux utiliser mon expérience pour améliorer notre connaissance du système de justice ou convaincre des gens d’aller porter plainte parce qu’ils auront moins peur d’affronter cette inconnue-là, alors pour moi, ce sera mission accomplie», ajoute-t-elle.
Choix éclairé
Dans sa décision de lever l’interdit de publication, le juge Serge Francoeur souligne que la demande de Catherine Fournier est un choix «éclairé, libre, volontaire et dans le but de pouvoir s’exprimer publiquement sur son expérience à travers le système judiciaire».
Le film, intitulé Témoin C.F. en référence aux initiales utilisées dans l’acte d’accusation porté contre Harold Lebel, sera disponible au grand public sur la plateforme Vrai dès demain. Il sera aussi présenté aux médias aujourd’hui, à 14h.
Le documentaire d’une durée de 70 minutes offre une fenêtre inédite sur les grandes étapes des procédures à travers lesquelles Catherine Fournier a dû passer.
Interrogée sur la production de ce documentaire lors d’une réouverture d’enquête au procès d’Harold LeBel, Mme Fournier avait expliqué qu’elle n’avait initialement pas l’intention de se lancer dans un tel projet.
Elle avait alors rappelé que le fait que son identité était protégée par une ordonnance de non-publication était même ce qui l’avait convaincue au départ de porter plainte à la police.
Je salue le courage de @CathFournierQc. Un bel exemple de détermination. Tu peux être fière. C'est important que les victimes sachent qu'elles peuvent dénoncer.
— François Legault (@francoislegault) April 18, 2023
Cependant, lors de l’arrestation de l’ancien député péquiste, en décembre 2020, la divulgation dans les médias de certains détails avaient permis de l’identifier. Sur les réseaux sociaux et même à la télévision, son nom avait alors circulé à vitesse grand V.
«Je pensais que mon identité allait être protégée. Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie», avait-elle ainsi témoigné devant la Cour.

Harold LeBel a agressé Catherine Fournier en octobre 2017, alors qu’elle passait la nuit à Rimouski avec une amie à l’occasion d’un déplacement professionnel.
Reconnu coupable et condamné à 8 mois de prison, Harold LeBel a finalement obtenu sa libération conditionnelle le 21 mars.
Il a pu bénéficier d’une sortie préparatoire à la libération conditionnelle et devait séjourner en maison de transition jusqu’à dimanche dernier.
Au total, l’ancien député de Rimouski aura donc purgé 54 des 243 jours de détention auxquels il avait été condamné le 26 janvier 2023 par le juge Serge Francoeur.