Catastrophe immobilière à Boisbriand: un entrepreneur au passé trouble
L’entrepreneur à la tête d’un projet catastrophique pour des propriétaires à Boisbriand a connu de nombreux ratés durant sa carrière

Jean-François Cloutier
L’entrepreneur à la tête d’un projet catastrophique pour des propriétaires à Boisbriand a connu de nombreux ratés durant sa carrière, qui l’ont même mené jusqu’à la faillite.
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Steve St-Pierre, l’ancien patron de la firme Construction Nomade Faubourg Boisbriand SENC, a déclaré une faillite personnelle de 19,6 millions $ en 2016, selon des documents consultés.
Dans un document de 2019, le syndic donne comme causes de sa faillite des «expériences en affaires infructueuses».
Il est question de plusieurs projets de construction, à Montréal, à Laval et à Boisbriand, entre autres, qui lui auraient fait perdre de l’argent.
Le syndic a refusé de le libérer de sa faillite en 2019 en lui reprochant de nombreux manquements.
Entre autres, il aurait continué après sa faillite à habiter dans une maison saisie par un créancier, sans payer de loyer. Il n’aurait pas divulgué la totalité de ses actifs.
Plus précisément, le syndic dit avoir découvert qu’il était propriétaire d’un bateau aux Bahamas. Il aurait aussi continué de louer sur Kijiji des chalets qui n’étaient plus à son nom, faisant plus de 20 000 $ de revenus par année.
Francis Bouillon
Les documents de faillite montrent que l’ancien joueur du Canadien Francis Bouillon et son entreprise se sont opposés à sa libération de faillite.
Ces derniers alléguaient en 2017 que St-Pierre aurait «posé des gestes de malversation avant sa faillite».
Les deux hommes étaient associés dans un projet de condos dans Hochelaga-Maisonneuve, nommé Usine 51, qui a été un véritable fiasco financier pour Bouillon, selon un reportage de notre Bureau d’enquête en 2021.

Dans une décision de 2018, le juge Michel Déziel, de la Cour supérieure, parle d’«une mauvaise gestion de St-Pierre» dans le projet. Bouillon a dû assumer des dettes de St-Pierre, selon le jugement. Bouillon et sa firme sont créanciers de St-Pierre pour près de 1,5 million$.

Revenu Canada est aussi intervenu pour empêcher que St-Pierre puisse être libéré de sa faillite. L’homme d’affaires devait 2,3 millions au fisc.
Faubourg Boisbriand
Des problèmes avec le projet du Faubourg Boisbriand ne datent pas d’hier. En 2008, le projet a été la proie d'un incendie majeur alors qu’il n’était pas fini. Un litige avec des assureurs pour se faire indemniser s’est étiré jusqu’à l’an dernier.
Les assureurs avaient versé des indemnités de près de 8 millions$ à Nomade en 2009 et 2010, mais l’entreprise réclamait environ 1,3 million$ de plus.

La juge Dominique Poulin, de la Cour supérieure, a finalement donné raison en partie à Construction Nomade en 2022 et a ordonné à des assureurs de lui verser près d’un demi-million de dollars.

Construction Nomade Faubourg Boisbriand SENC a aussi été condamnée en 2014 à refaire tous les planchers de bois franc d’un condo. Ils craquaient tellement que cela constituait un vice caché, a-t-il été établi.
D’AUTRES PROBLÈMES
√ Le promoteur Steve St-Pierre qui est derrière le projet de Boisbriand a aussi siégé au début des années 2010 au conseil d’administration de la fondation Vilaj Vilaj.

Cette fondation de l’artiste Luck Mervil était destinée à la construction de villages modèles en Haïti, mais elle a été éclaboussée par une controverse entourant la gestion des fonds en 2011. À la suite de reportages dans les médias, St-Pierre a quitté le conseil d’administration.
√ En dépit de ses difficultés financières, Steve St-Pierre habitait en 2022 dans une luxueuse maison qui était à vendre sur Centris il y a quelques semaines à L'Île-d’Orléans pour 4 millions$. L’annonce a depuis été retirée.

C’est un jugement émanant du Tribunal administratif du logement qui lève le voile sur ce lieu de résidence de St-Pierre. Le propriétaire est venu expliquer à la cour qu’il avait acheté la maison par l’entremise d’une compagnie en 2020, à la demande de St-Pierre qui avait fait faillite. En contrepartie, St-Pierre devait verser la mise de fonds et payer les taxes et l’hypothèque. Or il n’aurait rien payé du tout. Le Tribunal a dit ne pas pouvoir aider le propriétaire, qui réclamait notamment l’éviction de St-Pierre, puisque cet arrangement ne constituait pas un bail de location à proprement parler.
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