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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Cancer du colon: les Québécois sont moins dépistés et demandent un programme comparable aux autres provinces

Même s’il s’agit du deuxième cancer le plus meurtrier, le dépistage du cancer du côlon traîne la patte

Ysabel Viau, âgée de 58 ans, estime qu’elle doit sa rémission à la découverte hâtive de son cancer colorectal.
Ysabel Viau, âgée de 58 ans, estime qu’elle doit sa rémission à la découverte hâtive de son cancer colorectal. Photo Courtoisie
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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2022-09-21T15:53:24Z
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Les Québécois n’ont toujours pas accès à un efficace programme de dépistage comme dans les autres provinces canadiennes, même si le cancer colorectal est le deuxième plus meurtrier et le troisième plus fréquent. 

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« C’est la seule province sans un programme organisé et ça ferait une grosse différence, plaide David Raynaud, gestionnaire à la défense de l’intérêt public à la Société canadienne du cancer. À un stade précoce, le taux de survie [au cancer colorectal] est de 92 %, mais il chute à 12 % à un stade très avancé. »

La Société canadienne du cancer profite des élections provinciales pour réclamer un vaste programme, au même titre que le cancer du sein. Dès 50 ans, les Québécois recevraient une lettre pour passer un test, faisant office de prescription. 

Car actuellement, le dépistage au Québec doit absolument passer par un médecin de famille. Une grave lacune, sachant qu’encore plus de 800 000 Québécois attendent un omnipraticien, dit-il.

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« L’enjeu est vraiment l’accès », poursuit M. Raynaud. Il ajoute que le cancer colorectal est aussi un « cancer silencieux » et que l’apparition des symptômes justifiant une visite chez le médecin pour se faire prescrire un examen signifie souvent qu’un stade avancé a été atteint.

Test à la maison

Le meilleur outil pour dépister rapidement un cancer du côlon est le test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (RSOSi). Il permet d’identifier des traces de sang invisibles à l’oeil nu et il peut facilement se faire à la maison.

D’ailleurs, en Ontario, en Alberta ou en Colombie-Britannique, par exemple, les résidents peuvent le commander sur Internet ou par téléphone et le recevoir à la maison. Ils prennent eux-mêmes l’échantillon, qu’ils envoient par la poste à un laboratoire chargé d’en faire l’analyse.

Mais le test RSOSi ne permet pas seulement de trouver un cancer précoce. Il peut trouver des lésions pré-cancéreuses, poursuit la Dre Mélanie Bélanger, à la tête de l’Association des gastro-entérologues du Québec.

« Ça diminue le nombre de cancers », explique-t-elle. Ces lésions peuvent être retirées et un patient s’évitera des chirurgies et des traitements de chimiothérapie. 

Soulager le système

« Ça va soulager le système de santé », plaide la médecin spécialiste.

Surtout que le dépistage accuse un important retard au Québec depuis le début de la pandémie. En janvier, Cancer colorectal Canada et des médecins signaient une lettre ouverte dans Le Journal soulignant que plus de 110 000 patients étaient encore en attente d’une coloscopie.

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Ils notaient aussi qu’en raison de la pandémie, il y a eu une baisse de 160 000 tests de dépistage RSOSi de 2019-2020 à 2020-2021.

Le dépistage tôt « m’a sauvé la vie »

Ysabel Viau
Ysabel Viau PHOTO MARTIN ALARIE

Une survivante d’un cancer colorectal est convaincue que c’est la découverte précoce de sa maladie qui lui a « sauvé la vie ».

« Si je n’avais pas été si tôt dans le processus, je ne serais pas en vie aujourd’hui », lance Ysabel Viau, âgée de 58 ans. En 2019, on lui a diagnostiqué un cancer colorectal, à la suite d’un test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (RSOSi) et d’une coloscopie.

La résidente d’Hudson, en Montérégie, avait consulté son médecin car elle ressentait une fatigue extrême. Des prises de sang ont confirmé qu’elle souffrait d’anémie sévère, poussant son médecin à lui prescrire ces examens du système digestif.

Elle a rapidement été opérée, puis a subi des séances préventives de chimiothérapie.

« Tu ne sais pas que tu l’as [le cancer] et quand tu commences à avoir des symptômes, il est souvent trop tard. Dans mon cas, c’est un concours de circonstances », dit-elle.

Un deuxième cancer

Car ses scans de suivi ont aussi permis de déceler un cancer du poumon hâtivement l’année suivante. À nouveau, elle a dû subir une chirurgie et des traitements de chimiothérapie.

« Tous les outils de prévention du cancer devraient être accessibles » poursuit-elle, soulignant que le RSOSi « ce n’est rien ce test, pas compliqué, plus simple qu’une mammographie ».

D’ailleurs, elle se désole d’être actuellement incapable d’avoir accès à un test Pap, servant à prélever des cellules du col de l’utérus, malgré son lourd passé médical.

Car en plus de lui sauver la vie, le dépistage précoce de ses deux cancers ont permis d’alléger les traitements nécessaires à sa guérison, lui permettant ainsi de continuer de travailler.

Entrepreneure de longue date, Mme Viau venait de lancer une nouvelle entreprise en 2018, à peine quelques mois avant son premier diagnostic.

Elle fait d’ailleurs son cheval de bataille la lutte aux préjugés envers les survivants du cancer en milieu de travail. Sans assurances, elle ne pouvait pas se passer de travailler, malgré sa lutte contre le cancer, poursuit-elle, mais elle avait aussi l’énergie et le goût de le faire.

Cancer colorectal

  • 2e cancer le plus meurtrier au Québec
  • 3e cancer le plus fréquent

Test RSOSi

  • Sur 1 000 personnes qui font le test de dépistage, seulement 36 auront un résultat anormal et devront ensuite passer une coloscopie longue.
  • De ces 36 personnes : 4 auront un cancer colorectal
  • 17 se feront enlever un ou plusieurs polypes
  • 15 n’auront ni polypes ni cancer.

Source : MSSS

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