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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

«Ç’a rattrapé toute la lutte au tabac!»: les sachets de nicotine gagnent en popularité chez les jeunes Québécois

Près de 20 % des jeunes du secondaire ont consommé de la nicotine sous diverses formes en 2024

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Photo portrait de Jean-Philippe Guilbault

Jean-Philippe Guilbault

2025-09-30T04:00:00Z
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Vapoteuses, sachets de nicotine et cigarettes: les jeunes Québécois n'ont jamais consommé autant de produits contenant de la nicotine depuis les années 1990.

• À lire aussi: Sachets de nicotine: la discrétion et l'absence de fumée attirent les jeunes

«Les gains faits pour la réduction du tabac chez les jeunes au tournant des années 1990 et 2000 s’effacent, prévient le Dr Richard Bélanger, co-auteur d’une récente étude sur la consommation de nicotine chez les jeunes Québécois. Ç’a rattrapé toute la lutte au tabac.»

Près de 20 % des jeunes du secondaire ont consommé de la nicotine sous diverses formes en 2024.

L’étude, publiée plus tôt ce mois-ci, s’inquiète notamment de la popularité grandissante des sachets de nicotine qu’on se glisse entre la lèvre et la gencive.

Photo Agence QMI, Amanda Moisan
Photo Agence QMI, Amanda Moisan

Quelque 2,6% des jeunes en consomment régulièrement. Ils s'en procurent en pharmacie, par le biais de proches ou sur internet.

Avec la cigarette (3%), il s’agit des moyens les plus populaires de consommer de la nicotine après le vapotage qui est aussi employé par 13 % des jeunes interrogés.

Ces données ont été extraites du projet COMPASS, un questionnaire rempli par près de 14 000 jeunes au Québec.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Il est d’autant plus inquiétant que les effets sur la santé de ces alternatives «sans fumée» ne sont pas encore clairement connus.

«On manque de connaissance, ce sont des produits qui sont apparus sur les radars en 2019 environ», note le Dr Bélanger, qui est professeur à l’Université Laval. Il ajoute toutefois que les effets de la nicotine sur le cerveau sont bien documentés.

Le Dr Richard Bélanger est professeur au département de pédiatrie de la Faculté de médecine de l'Université Laval.
Le Dr Richard Bélanger est professeur au département de pédiatrie de la Faculté de médecine de l'Université Laval. Photo tirée du site web du CHU de Québec

«Des jeunes qui s’exposent à des produits nicotiniques pendant quelques mois peuvent développer une dépendance très forte, explique-t-il. Un cerveau adolescent exposé 100 fois à la cigarette est transformé de manière définitive.»

L’équipe du Dr Bélanger «tire l’alarme» quant à ces sachets «vendus comme des produits de remplacement [de la cigarette], mais adoptés très largement par les jeunes».

«Les efforts de réglementation faits par les gouvernements n’apparaissent pas suffisants», avance le pédiatre.

«Profond malaise» chez les pharmaciens

Au Québec, seuls les pharmaciens peuvent vendre des sachets de nicotine.

Or, plusieurs interrogés par Le Journal dans la région de Québec affirment ne plus en offrir justement en raison de leur mauvais usage par les jeunes.

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«Nous on s’est dit: on les retire tout simplement de nos présentoirs et on ne rentre pas dans la distribution de ce produit-là», raconte Christian Pagé, pharmacien affilié à Familiprix.

Photo Nicolas St-Pierre
Photo Nicolas St-Pierre

Il ajoute que ces sachets sont parfois offerts en vente libre, «sans prescription». «Comment veux-tu faire ton bon gardien de la population alors que le produit est disponible sans prescription?» se demande-t-il.

Même position pour un autre pharmacien, cette fois-ci affilié à Jean Coutu.

«C’est sûr qu’il y a une forte demande, indique ce professionnel de la santé qui a préféré ne pas s’identifier. Depuis un an, on a au moins une dizaine de demandes par semaine.»

Ce pharmacien fait part aussi d’un «profond malaise» puisque l’une des marques de sachets de nicotine sur le marché est vendue par le cigarettier Imperial Tobacco.

Photo Agence QMI, Amanda Moisan
Photo Agence QMI, Amanda Moisan

«Ça donne l’impression qu’ils ont trouvé un moyen de contourner, via les pharmaciens, la perte de vitesse de la cigarette auprès des jeunes», dénonce-t-il.

La compagnie Imperial Tobacco, de son côté, précise que les sachets de nicotine qu'elle commercialise sont vendus exclusivement par les pharmaciens et qu'il s'adresse aux adultes seulement. 

«Les jeunes ne devraient jamais consommer de nicotine, quelle qu’en soit la forme. Nous sommes fermement engagés à empêcher leur accès à ces produits et réaffirmons l’importance de s’attaquer au marché illicite tout en établissant un âge légal minimum pour l’achat de ces produits», précise Éric Gagnon, vice-président des affaires corporatives et réglementaires chez Imperial Tobacco.

Consommation de nicotine chez les jeunes Québécois en 2024

  • Cigarette électronique : 13 % 
  • Cigarette : 3 %
  • Sachets de nicotine : 2,6 %

Source: Projet COMPASS

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