Ça me fait hystérire!


Sophie Durocher
Quand j’ai appris dans Le Journal hier que le tout premier festival d’humour «féministe» débarquait à Montréal cette semaine, je me suis dit: pourquoi pas?
Puis j’ai lu dans le descriptif du festival que les voix féministes «méritent une vitrine qui célèbre leur pluralité, leur force et leur capacité à faire rire autrement».
Faire rire autrement?
Heu. Attendez deux secondes... Êtes-vous en train de me dire que les voix féministes ne sont pas entendues en humour au Québec ? Hahaha, ça, c’est vraiment la meilleure blague de l’année! Vite, donnons-leur tout de suite un Olivier!
• À lire aussi: Le tout premier festival d’humour «féministe, queer et antiraciste» débarque à Montréal cette semaine
Tasse-toi, mononcle
Ce festival, appelé «Hystérire», se déroulera du 15 au 17 mai dans le quartier Hochelaga.
Dans une année, j’assiste à beaucoup de spectacles d’humour au Québec. Et s’il y a un thème qui revient souvent, c’est bien le féminisme!
Mariana Mazza, Katherine Levac, Cathy Gauthier, Rosalie Vaillancourt, pour n’en nommer que quelques-unes, font ça à longueur de show, de l’humour féministe! De la première blague sur leurs menstruations à la dernière blague sur leur fourche, en passant par leurs 467 857 256 324 652 136 874 564 blagues sur les hommes québécois qui sont des crétins finis incompétents, les humoristes québécoises sont féministes jusqu’au bout des griffes.
Mélanie Couture, une sexologue devenue humoriste, parle de sexualité au féminin sans complexe et on hurle de rire dans la salle.
Dans son spectacle MILF (mother I’d like to fuck), Rosalie Vaillancourt se moque de son mari, parle de la réalité de la maternité et de l’allaitement et de la charge mentale.
En 2025, c’est une femme clairement féministe, Ève Côté, qui a animé le Gala Les Olivier. C’est une femme clairement féministe, Mégan Brouillard, qui a remporté le prix Découverte de l’année. Rosalie Vaillancourt a remporté le prix du Spectacle d’humour de l’année. L’Olivier du meilleur vendeur de l’année a été remis à Marthe Laverdière, qui, dans son spectacle, ridiculise son chum et nous parle régulièrement de sa fourche, dans une perspective horticolo-féministe.
Mona de Grenoble, une flamboyante drag queen, a remporté le titre d’Olivier de l’année.
Ça avait d’ailleurs donné ce titre complètement surréaliste (mais terriblement féministe) sur le site de Radio-Canada: «Mona, Rosalie et Mégan: l’humour au féminin brille aux Olivier». Comme si Mona de Grenoble (en réalité un homme déguisé en femme) était une femme!
Interdit aux hommes nés hommes!
Pour un festival qui dénonce le fait que leurs voix sont «trop souvent exclues des scènes traditionnelles», je trouve que ce tout petit festival a droit à une très belle couverture médiatique. Un gros article dans Le Journal hier et un gros article dans Le Devoir samedi.
D’ailleurs, Le Devoir trouvait très drôle que dans ce festival, «pendant trois jours, aucun homme cisgenre ne fera le comique sur scène». Comme si être un homme né dans un corps d’homme était un vilain défaut.
Si vous n’êtes pas familier avec ce nouveau vocabulaire, les wokes ont inventé le mot «cisgenre» pour décrire les personnes qui ne sont pas transgenres. Michel Barrette est cisgenre. Guy Nantel est cisgenre.
Mais Alexandre Aussant, l’homme qui se déguise en Mona de Grenoble, est lui aussi cisgenre.
Cela signifie-t-il que même les drag queens se verront refuser le droit de se produire dans ce festival ... inclusif?