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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Ça aurait pu être un film: les amours tourmentés des peintres

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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-09-24T04:00:00Z
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Écrivaine passionnée, généreuse, lumineuse, Martine Delvaux retrace la liaison amoureuse mouvementée du peintre québécois Jean Paul Riopelle avec une figure marquante du mouvement expressionniste abstrait américain, Joan Mitchell, dans son nouveau livre, Ça aurait pu être un film. Dans le Paris des années 1970, une jeune Américaine, peintre aussi, Hollis Jeffcoat, s’est retrouvée au milieu du couple. Toute cette histoire devait au départ se retrouver à l’écran. Mais elle est maintenant au cœur d’un récit à savourer sans tarder. 

Dans le récit, un producteur de cinéma invite Martine Delvaux à écrire le scénario d’un film. 

photo fournie par les Éditions Héliotrope
photo fournie par les Éditions Héliotrope

Parmi les sujets proposés se trouve la fameuse liaison amoureuse entre Joan Mitchell et Jean Paul Riopelle. Le producteur fait mention d’une autre artiste moins connue qui s’est immiscée entre eux, Hollis Jeffcoat.

Martine Delvaux a eu envie de tout savoir sur Hollis : qui elle était, qu’est-ce qui s’est passé, quand, comment, à quoi ressemblaient ses rêves, d’où venait sa passion pour la peinture. Elle en a fait un portrait coloré, vibrant, qui fait écho aux mouvements artistiques de cette époque.

« Mon livre parle de cette rencontre avec un producteur de cinéma qui avait l’idée de me demander d’écrire un film sur Riopelle et Mitchell. Je connaissais Riopelle, mais je n’étais pas une fan. Je connaissais Mitchell... mais pas plus que ça. Sur le coup, je n’ai pas été très intéressée : non seulement je ne suis pas scénariste, mais je ne suis pas spécialiste de l’histoire de l’art », dit l’écrivaine en entrevue.

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Quand le producteur lui a mentionné une troisième personne – Hollis Jeffcoat –, cela l’a intriguée. 

« Ça m’intéressait, le côté bisexuel de Joan Mitchell, le fait qu’à cause de Hollis, ils se soient séparés. En rentrant à la maison, j’ai appris que Hollis venait de mourir. Ma curiosité a été piquée et je suis partie à sa recherche. »

Sa recherche a été vraiment intéressante : elle s’est documentée sur l’histoire de l’art, sur les mouvements artistiques de l’époque, sur le travail de ces peintres connus. 

« Hollis, c’est un personnage. Il y a quelque chose de très fuyant chez elle. Je ne suis pas biographe : je fais ça parce que ça m’intéresse, la place des femmes, dans la culture et dans la société, dans l’histoire de l’art.

« Malgré toutes les entrevues que j’ai faites, les articles que j’ai épluchés, tout ce que j’ai lu, il reste qu’il y a quelque chose qui nous échappe chez elle. C’est ça que j’aime : elle est un peu comme un tableau abstrait elle-même. Elle est difficile à attraper, difficile à cerner.

« Je pense que son amour pour la peinture était tellement grand qu’au fond, elle ne s’est peut-être jamais vraiment donnée à quelqu’un. »

Martine Delvaux pense qu’il y a eu un effet miroir entre ces artistes. 

« Quand on rencontre quelqu’un qui aime autant l’art que nous, qui est prêt à y consacrer sa vie, c’est sûr que ça crée un lien. Je pense que c’est ça qui a été effacé par l’Histoire. Pourquoi est-ce que Riopelle est tombé amoureux d’elle ? Et Joan Mitchell aussi ? Sinon parce qu’ils partageaient cet amour de la peinture. »

Quatre ans de travail

Hollis Jeffcoat était très aimée, a-t‐elle observé. 

« Elle était extrêmement gracieuse, gentille, affable, souriante. Et en même temps, on comprend que très rapidement, dans les événements publics, elle se sauvait. Elle se protégeait. »

Martine Delvaux a aimé ses quatre années passées en « tête-à-tête » avec Hollis Jeffcoat. « J’étais fascinée par le monde de l’art : les collectionneurs, les encans, les historiennes de l’art, le féminisme en art. Ça vient satisfaire en moi quelque chose qui est de l’ordre de la détective. » 

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