Budget Girard: encore plus d’écoles en mauvais état
La proportion d’écoles vétustes est passée de 56% à 59% en un an

Daphnée Dion-Viens
Malgré les sommes importantes investies ces dernières années, l’état des écoles continue de se dégrader: 59% des établissements scolaires sont vétustes, comparé à 56% l’an passé.
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Or, le gouvernement Legault maintient essentiellement les investissements en infrastructures déjà annoncés pour les travaux de rénovation des écoles. À peine 190 M$ supplémentaires sont ajoutés sur dix ans pour un total de 13,1 G$, selon le Plan québécois des infrastructures.
«Ça continue de nous préoccuper, on voit une continuité par rapport à ce qui avait été annoncé l’an dernier, mais ce n’est pas de l’argent neuf», affirme Dominique Robert, président-directeur général adjoint de la Fédération des centres de services scolaires du Québec.
Les sommes supplémentaires annoncées mardi sont essentiellement consacrées à la construction de nouvelles écoles et à l’ajout de locaux, soit 1,2 G$ d’ici 10 ans.
Depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec, en 2018, les sommes consenties à la rénovation d’établissements scolaires ont presque doublé.
Cette hausse n’a toutefois pas permis au ministère de l’Éducation d’atteindre son objectif de faire passer la proportion d’écoles en mauvais état sous la barre des 50% en 2023.
Cette cible est «difficilement réalisable» malgré «les investissements importants réalisés au cours des dernières années», peut-on lire dans les documents budgétaires. «L’amélioration du parc immobilier scolaire prendra encore du temps», ajoute-t-on, mais aucun échéancier chiffré n’est avancé.
Le gouvernement Legault ajoute par ailleurs l’an prochain 59 M$ dans le budget de fonctionnement du réseau scolaire pour bonifier l’entretien des écoles. La Fédération des centres de services scolaires réclamait plutôt 1,2 G$, basé sur les recommandations du Vérificateur général du Québec.
Pénurie et tutorat
En matière de services aux élèves, Québec espère s’attaquer à la pénurie de personnel et bonifie le programme de tutorat pour les élèves qui ont des retards scolaires, des mesures qui sont toutefois accueillies avec scepticisme dans le réseau.
Des sommes trois fois plus élevées que ce qui avait été annoncé l’an dernier sont prévues pour attirer et retenir davantage d’employés dans le réseau scolaire, dont des enseignants retraités.
Pour la Fédération des centres de services scolaires du Québec, il s’agit d’un «pas dans la bonne direction», alors que les directions d’école considèrent plutôt que ces sommes sont nettement insuffisantes.
«Nous nous attendions à des mesures beaucoup plus robustes», a affirmé Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissements scolaires.
Québec double par ailleurs le financement pour le programme de tutorat l’an prochain, qui se poursuivra aussi pendant quatre années supplémentaires.
Mais encore faut-il que des ressources soient disponibles pour le mettre en place, souligne la Fédération autonome de l’enseignement. «Il n’y a pas plus de gens pour le faire, le tutorat, dans les écoles», laisse tomber son président, Sylvain Mallette.
Les sommes consacrées dans ce budget ne permettent pas de «voir la lumière au bout du tunnel», selon la Fédération.
Un financement additionnel est aussi prévu afin d’augmenter le nombre d’éducatrices dans les services de garde en milieu scolaire et d’accroître l’accessibilité aux programmes particuliers, notamment auprès des élèves en milieu défavorisé et faisant partie des programmes Sport-études.
La hausse des dépenses prévues en éducation pour l’an prochain, qui est de 5,4%, diminuera toutefois à 3% en 2024-2025, selon les documents budgétaires.
La Centrale des syndicats du Québec salue les «mesures transitoires» annoncées, mais déplore qu’à moyen terme, les augmentations prévues parviendront difficilement à couvrir l’augmentation des coûts de système dans le réseau scolaire.
«On voit que c’est un peu à courte vue», lance son président, Éric Gingras.
Cégeps et universités
Le budget consacré à l’enseignement supérieur connaît pour sa part une augmentation importante de 13,1%. Pour Québec, les solutions à la pénurie de main-d’œuvre passent en partie par un meilleur accès au cégep et à l’université.
Les mesures d’aide financière aux étudiants seront bonifiées de 101 M$ pour l’an prochain. L’élimination des intérêts sur les prêts étudiants est notamment reconduite pour une année supplémentaire, en 2022-2023.
Grâce à la diminution de la contribution parentale dans le calcul des prêts et bourses, environ 30 000 étudiants supplémentaires pourront avoir accès à de l’aide financière, se réjouit l’Union étudiante du Québec, qui y voit une «très bonne nouvelle».
Pour aider les étudiants à décrocher leur diplôme, le gouvernement Legault investit 99 M$ l’an prochain pour financer différentes mesures. Des sommes sont aussi prévues pour inciter les cégépiens à étudier en région.
Puisque plusieurs cégeps sont pleins à craquer, Québec ajoute par ailleurs cinq projets d’agrandissements à l’étude dans des collèges francophones situés à Laval, dans les Laurentides, dans Lanaudière et en Montérégie.
Tel qu’annoncé, le projet d’agrandissement du collège anglophone Dawson, à Montréal, a été retiré.
Hausse des droits de scolarité de 2,64%
La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a par ailleurs annoncé en fin de journée mardi que la hausse des droits de scolarité sera limitée à 2,64% cet automne.
Les associations étudiantes craignaient une augmentation de 8,2% si Québec allait de l’avant cet automne avec une indexation basée sur l’indice utilisé depuis 2013, le revenu des ménages disponible par habitant, dont le calcul le plus récent s’élève à 8,2%.
La hausse des droits de scolarité se situe en moyenne autour de 2,6% depuis près de dix ans.
Budget en éducation pour 2022-2023
Augmentation de 275 M$ (+5,4%), dont:
- 55 M$ supplémentaires pour le programme de tutorat;
- 38 M$ pour contrer la pénurie de personnel scolaire;
- 37 M$ pour un plan d’action en sport et en activité physique.
Budget en enseignement supérieur pour 2022-2023
Augmentation de 247 M$ (+13,1%), dont:
- 101 M$ pour la bonification des mesures d’aide financière aux étudiants;
- 99 M$ pour augmenter la diplomation au cégep et à l’université.