Budget Girard: des investissements «historiques» en infrastructures, mais un lent rattrapage


Jean-Luc Lavallée
Malgré un investissement «historique» de 142,5 milliards de dollars d’ici dix ans dans les infrastructures publiques, l’État avance toujours à pas de tortue pour augmenter la portion de routes en bon état au Québec.
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Le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2022-2032, dévoilé mardi par le gouvernement Legault, est en hausse de 7,5 G$ par rapport à l’an dernier.
Un tel niveau de dépenses, planifié sur une décennie, n’a jamais été aussi élevé, a insisté la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, fière de cet effort «sans précédent» qui permettra de rattraper une partie du retard en retapant des kilomètres de routes, des hôpitaux, des écoles et d’autres édifices gouvernementaux.
«En quatre ans, le PQI est passé de 100,4 à 142,5G$. La progression est remarquable et elle était nécessaire», a-t-elle déclaré en point de presse. Plus de la moitié du plan – 75,6 G$ – sera consacré au maintien du parc immobilier et routier.
Le Québec investira davantage que prévu en santé (2,8 G$ de plus) afin de construire des maisons des aînés, de reconstruire des CHSLD, d'agrandir ou de réaménager des hôpitaux. Les investissements totaliseront 22,8 G$ sur 10 ans. En éducation, les sommes investies seront bonifiées de 1,2 G$ pour un total de 21,1 G$.
Une facture toujours plus salée
Quant aux 31 000 km de routes et aux 9700 ponts et viaducs, la facture pour remettre en bon état ces infrastructures ne cesse d’augmenter. Même si le déficit d’entretien a reculé depuis un an, passant de 65% à 64%, l’estimation du coût pour y arriver est désormais évaluée à 19,4 G$ (1,5 G$ de plus).
D’ici 10 ans, des investissements de 11,1 G$ permettront de résorber 57% du «déficit de maintien d’actifs». L’an dernier, la cible était plus élevée à 73%.
Transport collectif
Libéraux et solidaires ont par ailleurs critiqué le gouvernement Legault qui investira, encore, deux fois plus d’argent sur le réseau routier (36,7 G$) que dans le transport collectif (14,7 G$) alors qu’il avait promis d’atteindre un équilibre 50/50 lors de la dernière campagne électorale. La députée de QS, Manon Massé, a notamment déploré l’«échec climatique» du gouvernement.
Sonia LeBel a plutôt fait miroiter d’autres chiffres, affirmant que cet équilibre serait atteint et même dépassé si on inclut divers projets (comme celui du REM) qui ne sont pas inclus dans le PQI ou qui sont financés par des tiers. D’ici 10 ans, les projets en transport collectif (incluant 6,8 G$ pour des voies réservées) s’élèveront à 56,5 G$ comparativement à 48,2 G$ pour les routes.
«Les investissements en transport collectif pourront demeurer à des niveaux records comparativement aux gouvernements précédents», s’est-elle défendue.
Plan québécois des infrastructures (2022-2032)
Investissements de 142,5 G$ (7,5 G$ de plus) sur 10 ans
4,4 G$ de plus pour des projets sur le réseau routier (total de 36,9 G$)
2,1 G$ de plus pour le transport collectif (total de 14,7 G$)
En incluant des projets «ultérieurs » et «hors PQI» comme le projet du REM, le gouvernement prévoit des dépenses en transport collectif (56,5 G$) supérieures à celles pour le réseau routier (48,2 G$) d’ici 10 ans.