Bourde de Legault: Dominique Anglade devient «cette madame» pendant le discours du chef caquiste

Jules Richer | Agence QMI
François Legault a raté l’occasion dimanche d’effectuer un lancement de campagne électorale sans accroc en employant l’expression «cette madame» pour désigner la cheffe libérale Dominique Anglade.
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Ses adversaires et des analystes lui ont reproché d’être condescendant, de ne pas être suffisamment respectueux et même d’être paternaliste avec cette formule.
Pendant son discours de lancement, alors qu’il cherchait à tout prix d’éviter de nommer ses adversaires politiques, M. Legault a rétorqué de cette façon à des critiques de Mme Anglade plus tôt dans la journée: «Comment cette madame peut-elle dire que l’économie du Québec ne va pas bien», a demandé M. Legault.
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La cheffe libérale a aussitôt réagi sur Twitter. «Mon nom est Dominique», a-t-elle lancé.
«Lorsque tu veux élever le débat, tu veux respecter tes vis-à-vis. Et, respecter tes vis-à-vis, ça veut dire que tu appelles la personne par son nom», a-t-elle renchéri, plus tard à Montréal. Pour elle, de tels propos «n’ont pas leur place».
C’était jour de lancement, dimanche, de la campagne électorale québécoise. Les électeurs auront 36 jours pour fixer définitivement leur choix d’ici à la tenue des élections le 3 octobre prochain. Les chefs des quatre autres partis qui affronteront M. Legault ne se sont pas gênés dimanche pour multiplier les attaques à son endroit.
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Éviter de personnaliser
Après son discours, M. Legault a tenté de se justifier. «J’essaie de ne pas personnaliser», a dit le chef caquiste à un journaliste lui a demandé pourquoi il refusait de nommer ses adversaires.
Ces explications n’ont pas convaincu la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.
«Il y une condescendance ici qui n’est pas agréable. [Pour] nous autres, c’est Dominique Anglade. C’est la cheffe du Parti libéral», a-t-elle souligné, en marge du lancement de la campagne de sa formation.
Appelée à réagir, Mireille Lalancette, professeure en communication politique à L’UQTR, estime que M. Legault aurait pu s’y prendre autrement.
«Il aurait pu l’appeler la cheffe du parti libéral», a-t-elle indiqué.
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«C’était maladroit, poursuit-elle. Il aurait pu aussi dire Mme Anglade et ç’a aurait pu être plus respectueux.»
De son côté, Elsie Lefebvre, analyste politique et ancienne députée péquiste, croit que M. Legault a commis une erreur dont il aurait pu se passer.
«En voulant être trop prudent pour le pas nommer les autres chefs, il a échappé une phrase malheureuse qui s’est avérée condescendante», a-t-elle affirmé en entrevue.
Mme Lefebvre rappelle que M. Legault n’en est pas à ses premières gaffes du genre. «Ce n’est pas la première fois que ça se produit, mais c’est sûr que ça fait paternaliste.»
L’analyste rappelle que chaque mot compte en politique. «Il ne faut pas faire une tempête dans un verre d’eau, mais ça montre à quel point en campagne électorale que le message peut dévier facilement.»
- Avec la collaboration de Marc-André Gagnon, Patrick Bellerose et Nicolas Lachance.