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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Boom de l’humour «open mic» à Québec: «Peut-être qu’un futur Louis-José Houde aura commencé dans notre soirée»

Charles Julien-Boulé, aspirant humoriste et animateur d'une soirée «open mic» au Blaxton, rue Cartier.
Charles Julien-Boulé, aspirant humoriste et animateur d'une soirée «open mic» au Blaxton, rue Cartier. Photo Marcel Tremblay/Agence QMI
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Photo portrait de Cédric Bélanger

Cédric Bélanger

2025-05-05T09:00:00Z
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Les aspirants humoristes de la région de Québec n’ont plus besoin de se déplacer à Montréal pour se faire les dents. Depuis deux ans, les soirées d’humour poussent comme des champignons dans la capitale.

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Des soirées de type «open mic», on en trouve maintenant à l’horaire de la Ninkasi, du Blaxton Cartier, à l’Azur Skybar, à la Charpente des Fauves, au ComediHa! Club et dans quelques autres bars et micro-brasseries de la région de Québec. La plupart n’existaient pas il y a un ou deux ans à peine.

«Il se passe quelque chose», dit l’humoriste amateur Jérôme Lizotte, l'organisateur de la soirée Rire c’est gratis à la micro-brasserie Nano Cinco (depuis septembre 2024), dans Limoilou.

Jérôme Lizotte anime la soirée «Rire c'est gratis» à la micro-brasserie Nano Cinco.
Jérôme Lizotte anime la soirée «Rire c'est gratis» à la micro-brasserie Nano Cinco. Photo Cédric Bélanger

«Ma soirée gratuite est remplie. J'ai des amis qui vendent des billets à 5$ ou 10$, et c’est rempli. Il y a un réel engouement à Québec. Les gens sont prêts à aller voir de l’humour débutant. C’est vraiment excitant.»

Un tremplin?

Personne ne sait trop pourquoi plusieurs soirées d'humour ont vu le jour presque en même temps, mais il y avait un besoin, signale Charles Julien-Boulé, qui organise lui-même plusieurs soirées tout en entretenant son rêve de vivre de ses blagues.

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«C'est vraiment pour qu'il y ait des opportunités pour que plus d'humoristes puissent émerger. Quand tu veux commencer à faire de l’humour, mais que ce n’est pas évident de trouver des places pour en faire, c'est dur de se lancer.»

Charles Julien-Boulé
Charles Julien-Boulé Photo Marcel Tremblay/Agence QMI

«Peut-être qu’un futur Louis-José Houde aura commencé dans notre soirée. On ne sait pas. Si ça arrive, on va être content. Si ça n’arrive pas, c'est pas grave, on a du fun», enchaîne son partenaire à l'organisation, Éric Pitre.

Jérôme Lizotte, lui, est persuadé que sa soirée peut devenir un tremplin. «Ça me remplirait de bonheur de voir quelqu’un qui a commencé dans de bonnes conditions, quelqu’un à qui j’ai offert des shows, émerger. Là, ça fait juste six soirées qu’on fait, mais ça va arriver, c’est sûr.»

«Je voulais vomir avant mon premier show»

Les candidats sont nombreux et motivés, a-t-on pu constater en assistant à deux soirées «open mic».

Nous sommes un lundi soir de fin d’hiver. Pendant que la neige tombe à l’extérieur, des dizaines de personnes occupent toutes les places près d’une mini-plateforme servant de scène au Nano Cinco.

Vincent Deslauriers est le premier à se pointer au micro après le numéro d’ouverture de l’animateur et organisateur de la soirée, Jérôme Lizotte. C’est sa 29e performance depuis ses débuts, il y a un an.

«J’essaye de jouer le plus possible pour gagner de l’expérience et faire ça de ma vie. C'est très intimidant, moi, la première fois, j'ai voulu annuler plein de fois. Écoute, je voulais vomir la journée avant mon premier show.»

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Le suivant, Pascal Martineau, fait des blagues sur son quotidien de professeur au secondaire. 

Pascal Martineau teste ses blagues devant la foule réunie au Nano Cinco, le 24 février dernier.
Pascal Martineau teste ses blagues devant la foule réunie au Nano Cinco, le 24 février dernier. Photo Cédric Bélanger

Quelques instants plus tard, c’est au tour de Stacy Deschênes, une femme de Québec qui organise aussi sa propre soirée d’humour au bar Le Trèfle. Elle en est maintenant à une soixantaine de spectacles.

L'aspirante humoriste Stacy Deschênes participe à plusieurs soirées d'humour en plus d'organiser la sienne, au bar Le Trèfle.
L'aspirante humoriste Stacy Deschênes participe à plusieurs soirées d'humour en plus d'organiser la sienne, au bar Le Trèfle. Photo Marcel Tremblay/Agence QMI

«Veut, veut pas, l'expérience a pogné et je suis plus à l'aise maintenant de faire des nouvelles jokes comme ce soir. Je trouve que je me suis vraiment améliorée depuis le début.»

«Il faut que je le refasse»

Plusieurs participants filment leurs monologues pour le diffuser sur les réseaux sociaux en espérant fidéliser un public.

C’est le cas d’Alexandra Thibeault, employée au service après-vente chez Creaform, une entreprise de Lévis spécialisée dans la technologie 3D.

Alexandra Thibeault en prestation au Nano Cinco, le 24 février.
Alexandra Thibeault en prestation au Nano Cinco, le 24 février. Photo Cédric Bélanger

Dans son numéro, elle raconte avoir un jour quitté son Saguenay natal pour aller apprendre l’anglais aux États-Unis «parce qu’on s’entend que l’anglais au Saguenay, c’est aussi important que les droits de la femme pour les républicains américains».

La foule s’esclaffe, au grand plaisir de celle qui a fait le grand saut à la fin de la vingtaine.

«Je pense qu'il n’y a pas d’âge pour se lancer dans l’humour. Qu’est-ce que j’aurais raconté à 18 ans? Je n’avais rien vécu.»

Sa première fois? Aucun souvenir. «J'étais tellement stressée que j'ai juste blackout, mais j'ai tellement eu du plaisir que je me suis dit: le monde a ri, il faut que je le refasse.»

*Dans une version précédente, nous avions identifié par erreur l'humoriste de Gatineau comme étant Pascal Martineau. Il s'agit plutôt de Vincent Deslauriers. Nos excuses!

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