Bill Belichick: le plus grand de tous les temps?

Même si Bill Belichick connaîtra une deuxième vie comme entraîneur-chef dans les prochaines semaines, son héritage est déjà bien en place. Le bourru personnage doit être considéré comme l’un des plus grands entraîneurs-chefs de l’histoire. Ou le meilleur, tout simplement? Voyons voir...

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On ne sait pas encore où aboutira Belichick ni combien d’années il poursuivra son manège, lui qui aura 72 ans en avril. 

Chez les Falcons d’Atlanta, où plusieurs observateurs le voient prendre le contrôle d’un alignement talentueux, mais en manque d’un quart-arrière? 

Chez les Chargers de Los Angeles où il trouverait le jeune quart-arrière idéal en Justin Herbert?

Chez les Commanders de Washington où il rejoindrait un nouveau propriétaire qui cherche désespérément à ramener de la crédibilité dans l’organisation? 

On aura assurément l’occasion d’en reparler, mais pour le moment, la question existentielle demeure en suspens: Bill Belichick est-il le meilleur de tous les temps?

Arguments en faveur

Chose certaine, ses accomplissements ne seront probablement jamais reproduits. Six conquêtes du Super Bowl. Neuf présences au match ultime. Un total de 333 victoires dont 31 en séries, soit neuf de plus que quiconque. Une séquence de 17 titres de division en 19 ans.

Avec un peu de chance de son côté, il détrônera d’ici peu Don Shula, l’entraîneur le plus victorieux de l’histoire avec 347 gains.

Ça, ce sont les chiffres, mais l’effet Belichick a aussi été perceptible sur sa façon d’élever des joueurs au rang de vedettes dans son système défensif pour qu’ils aillent ensuite disparaître ailleurs. 

Arguments contre

Les détracteurs pointeront toutefois en direction d’une tache évidente dans le dossier de Belichick, soit ses insuccès loin de Tom Brady.

Avant que Brady n’entre en scène, Belichick montrait un dossier de 41-55 avec une seule présence en séries. Puis, quand Brady a pris ses cliques et ses claques pour dégager à Tampa, Belichick a sombré de nouveau avec une fiche de 29-37 et un seul autre match de séries.

Il est probablement juste d’affirmer que Brady a apporté davantage à Belichick que l’inverse. Mais faut-il conclure que sans Brady, Belichick ne serait qu’un vieux savant défensif fou, sans plus? Le raisonnement serait simpliste.

Lors du Super Bowl de 2001, c’est quand même la défense de Belichick qui a limité le Greatest Show on Turf des Rams à 17 points en plus d’inscrire un touché sur un retour d’interception et de provoquer trois revirements. L’attaque, menée par Brady, n’a généré que 13 points.

Lors du Super Bowl de 2004, cette même défense de Belichick a provoqué quatre revirements contre les Eagles. 

L’attaque des Patriots a aussi été limitée à 13 points lors du Super Bowl de 2018, mais la défense a sauvé la mise en accordant seulement trois points aux Rams. 

Au risque de se répéter, Brady a été la pièce du casse-tête la plus importante dans la dynastie des Patriots, mais croire que Belichick n’a fait qu’être à la bonne place au bon moment est purement absurde.

Dans l’histoire de la NFL, les meilleurs entraîneurs ont tous bénéficié de bons quarts. Don Shula et Dan Marino. Bill Walsh et Joe Montana. Chuck Knoll et Terry Bradshaw. Tom Landry et Roger Staubach. Paul Brown et Otto Graham. Vince Lombardi et Bart Starr. Belichick a eu le mérite de trouver Brady, de le former et de le diriger à la dure, forçant le reste de l’équipe à marcher au pas.

Et la réponse est...

Même les dernières années plus difficiles ne ternissent pas l’héritage de Belichick.

Les autres grands entraîneurs cités ont tous été de splendides innovateurs et ont marqué leur époque. Les exploits de Belichick ont toutefois été accomplis dans une ère à 32 équipes, où les effectifs sont à refaire chaque année avec les aléas difficiles du marché des joueurs autonomes. La gestion du plafond salarial complique infiniment la donne.

Bill Belichick peut aussi bien se planter lorsqu’il se retrouvera à Atlanta ou ailleurs. C’est dans le domaine du possible.

Ça ne changera rien au fait qu’il est le meilleur de l’histoire.