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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Bilan de la CAQ: la victoire de la troisième voie, loin de l'impasse souverainistes-fédéralistes

Après quatre années au pouvoir, la CAQ est en train de changer durablement le paysage politique du Québec

François Legault célébrant sa victoire quelques minutes après l’issue du vote en octobre 2018.
François Legault célébrant sa victoire quelques minutes après l’issue du vote en octobre 2018. Photo d'archives
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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2022-06-11T04:00:00Z
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Finie, l’attente du grand soir qui mènera le Québec à la souveraineté ou résolument dans la fédération canadienne. La CAQ a ouvert une troisième voie, qui s’appuie sur les consensus pour faire avancer le Québec à coups de petits gains, au grand dam du PQ et du PLQ. Bilan.  

• À lire aussi: Quelle note donner au gouvernement Legault? Nos chroniqueurs se prononcent

Après un premier mandat à caracoler en tête des sondages, le constat est clair: François Legault a réussi son pari de faire sortir le Québec de l’impasse souverainistes-fédéralistes dans laquelle il était engagé depuis le référendum de 1995. 

«Je pense que l’évolution des Québécois nous a amenés vers cette troisième voie», constate le ministre Simon Jolin-Barrette. 

Le politologue Éric Montigny observe lui aussi que l’élection de la CAQ a concrétisé un réalignement en cours depuis 2007. 

«En politique, il n’y a rien d’inévitable, et le retour en arrière est possible, mais il y a des forces structurelles qui sont fortes», dit le professeur au département de science politique de l’Université Laval.  

Son collègue au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Frédéric Boily, abonde dans le même sens. 

«On le voit clairement avec les difficultés rencontrées par le Parti libéral du Québec et le Parti Québécois, ce n’est pas une parenthèse», analyse-t-il. 

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Marquer la coupure

Simon Jolin-Barrette ne s’en cache pas, la CAQ a voulu apporter de nombreux changements rapidement en faisant adopter 126 projets de loi en quatre ans. 

«On livre les engagements promis», dit le leader parlementaire, tout en qualifiant la législature précédente de période d’«inertie». 

Frédéric Boily note d’ailleurs que le gouvernement Legault a cherché à établir sa crédibilité dès son arrivée au pouvoir, avec l’adoption rapide de la loi sur la laïcité et d’un premier budget plus dépensier qu’attendu. 

«On attendait un budget plus à droite, plus adéquiste, mais ce n’est pas ce qui est arrivé», observe le politologue.

Sur ce point, Éric Montigny apporte un bémol. La CAQ, fait-il valoir, avait promis d’importants investissements sociaux en campagne électorale, notamment pour créer les maternelles 4 ans et les maisons des aînés.

Dans l’ensemble, le jeune parti a livré ses promesses, estime Frédéric Boily: «Avec la loi 21, la loi 96 et l’incarnation de cette troisième voie, je pense que de manière générale, la CAQ a livré la marchandise», estime-t-il. 

Recherche du consensus

Pour Éric Montigny, ce n’est pas un hasard si le gouvernement Legault n’a jamais hésité à corriger le tir en cours de route, allant même jusqu’à vanter sa capacité à admettre ses erreurs lors d’une récente campagne publicitaire.

Par définition, la troisième voie est pragmatique, selon lui. 

«Ce qu’elle cherche à faire, c’est mettre de côté la division et travailler sur les éléments où les Québécois s’entendent, pour aller chercher plus d’autonomie», dit-il. 

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Cette même volonté de consensus explique l’approche centriste de la CAQ, croit-il. 

«Clairement, la CAQ cherche à avoir l’appui de l’électeur médian», souligne M. Montigny. 

Majorité et minorités

Le premier mandat de la CAQ aura aussi été marqué par une volonté de placer la majorité francophone au cœur des décisions, quitte à heurter les droits des minorités.

La loi sur la laïcité et la réforme de la loi 101 ont bénéficié de la clause dérogatoire afin d’éviter les contestations juridiques. 

«Depuis l’avènement de la Charte canadienne des droits et libertés, tout était aux droits individuels. On a nié beaucoup l’existence de la nation québécoise. On a nié beaucoup les droits collectifs de la nation québécoise. Ce qu’on amène, c’est un rééquilibrage», plaide le ministre Jolin-Barrette. 

Frédéric Boily y voit matière à prudence. 

«Du côté du gouvernement caquiste, on met peut-être un peu trop l’accent sur les prérogatives de la majorité par rapport aux minorités, dit le professeur de science politique. Il y a peut-être un danger pour la CAQ d’aller un peu trop loin du côté de la défense de la majorité versus les minorités.» 

RETOUR SUR LES PROMESSES  

91 % des 251 promesses de la CAQ ont été tenues en tout ou en partie, selon le Polimètre.*  

Sous le gouvernement Couillard, ce score s’élevait à 81 % des 158 engagements.* 

RÉALISÉES OU EN VOIE DE L’ÊTRE  

  • Remettre de l’argent dans le portefeuille des Québécois (baisse de taxes scolaires, hausse de l’allocation pour les enfants, etc.)       
  • Abolition des commissions scolaires       
  • Nomination du patron de l’UPAC aux deux tiers de l’Assemblée nationale       
  • Bonifier le financement des soins à domicile        
  • Interdiction des signes religieux aux employés de l’État en position d’autorité       
  • Rôle accru d’Investissement Québec pour stimuler l’économie       
  • Internet haute vitesse partout sur le territoire       
  • Création d’un protecteur de l’élève              
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AJUSTÉES EN COURS DE ROUTE  

  • Création des maternelles 4 ans       
  • Construction des maisons des aînés       
  • Construction d’un troisième lien Québec-Lévis              

ROMPUES  

  • Réduire les listes d’attente pour les CPE       
  • Un médecin de famille pour tous les Québécois       
  • 90 min d’attente pour voir un médecin à l’urgence       
  • Réforme du mode de scrutin       
  • Un concours d’architecture pour chaque nouvelle école       
  • Réduire la taille de l’État en coupant 5000 postes               

* Outil développé par des politologues de différentes institutions universitaires, dont l’Université Laval.

NOTRE DOSSIER COMPLET  

Le lent mammouth de la santé 

Photo d'archives, Agence QMI
Photo d'archives, Agence QMI

La pandémie a servi à la fois de frein et d’accélérateur pour les réformes en santé promises par la CAQ. Si les principales promesses n’ont pas été réalisées, l’élan semble avoir été donné pour apporter de réels changements, estiment les experts consultés.   

  • Cliquez ici pour lire le texte complet   

Des promesses tenues pour le portefeuille des Québécois 

Photo d'archives, Stevens LeBlanc
Photo d'archives, Stevens LeBlanc

Si François Legault a bel et bien remis de l’argent dans le portefeuille des Québécois, son gouvernement a-t-il vraiment réussi à protéger les contribuables des «chocs tarifaires» et des «mauvaises surprises» comme la CAQ s’était engagée à le faire? Force est de constater que la pandémie et l’inflation galopante ont compliqué les choses, constatent des experts.   

  • Cliquez ici pour lire le texte complet   

Le plan de match a été revu pour la maternelle 4 ans 

Photo Adobe Stock
Photo Adobe Stock

Au cœur du programme de la CAQ en éducation, François Legault avait même mis son siège en jeu pour la promesse d’offrir la maternelle 4 ans à tous les enfants du Québec. Mais le plan de match a dû être revu en raison de la pénurie de professeurs, du manque d’espace et des coûts élevés de construction de ces classes de préscolaire qui ne font toujours pas l’unanimité.   

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Un bilan «neutre» en environnement 

Photo d'archives, Pierre-Paul Poulin
Photo d'archives, Pierre-Paul Poulin

Le gouvernement de la CAQ se vante d’avoir «le meilleur bilan de l’histoire» en environnement au Québec. Les spécialistes sont beaucoup plus critiques et estiment qu’il est trop «léger» pour combattre la crise climatique.   

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Pénurie de main-d’œuvre: encore beaucoup de pain sur la planche 

Photo d'archives
Photo d'archives

Si le gouvernement de François Legault a été très actif et même interventionniste pendant son mandat, il reste encore beaucoup de pain sur la planche afin de régler deux problèmes majeurs: la productivité et la pénurie de main-d’œuvre. 

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