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Bien plus que la maladie de Lyme: ces virus transportés par les tiques qui menacent le Québec

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2024-05-07T21:54:52Z
2024-05-22T12:40:29Z
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Les conséquences de la migration des populations de tiques ne se limitent pas à la transmission de la maladie de Lyme. Ces acariens traînent avec eux d’autres bactéries, virus et parasites tout aussi dangereux qui commencent à gagner du terrain au Québec dans un contexte de changements climatiques.

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«La maladie de Lyme, ce n’est que la pointe de l’iceberg. On va voir bien d’autres maladies émerger dans les prochaines années», prévient le microbiologiste et infectiologue au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Alex Carignan. 

Le Dr Alex Carignan, directeur de la Chaire de recherche sur la maladie de Lyme et les infections émergentes de l’Université de Sherbrooke.
Le Dr Alex Carignan, directeur de la Chaire de recherche sur la maladie de Lyme et les infections émergentes de l’Université de Sherbrooke. Capture d'écran / Université de Sherbrooke

«Quand on parle des changements climatiques, ça demeure parfois abstrait. Mais les maladies infectieuses sont des exemples concrets de leur impact sur les humains», ajoute celui qui dirige la Chaire de recherche sur la maladie de Lyme et les infections émergentes de l’Université de Sherbrooke, lancée au début du moins de mai. 

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Pour l’heure, l’Estrie est l’épicentre de la maladie de Lyme au Québec. Près de 60% des cas y sont déclarés. 

Une dizaine de régions administratives ont enregistré des cas de l’infection en 2022, selon les dernières données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). 

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«On doit toujours être à l’affût parce que les territoires se modifient constamment, précise le Dr Carignan. Il est possible qu’une zone qui n’était pas à risque l’an dernier le soit cette année.» 

Prévenir les nouvelles infections

Le chercheur et son équipe seront ainsi chargés de traquer l’apparition des nouveaux pathogènes afin de mieux les prévenir. 

«La Chaire est en réaction à la maladie de Lyme, mais elle permettra d’être en avance par rapport à d’autres infections, transportées par les tiques pour la plupart, [...] qui font la file pour éventuellement infecter la population québécoise», explique-t-il. 

Il cite la maladie de Powassan — dont il a été témoin d’un cas — causée par le virus du même nom, qui provoque une encéphalite ou une méningite souvent mortelle, ou encore la babésiose, une infection parasitaire semblable à la malaria qui s’attaque aux globules rouges. 

  • Écoutez l'entrevue avec Caren Leblanc, directrice générale de l’Association québécoise de la maladie de Lyme au micro d’Alexandre Dubé via QUB :

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L’anaplasmose, une infection bactérienne potentiellement mortelle dont les symptômes s’apparentent à ceux de la COVID-19, fait déjà son chemin depuis plus de trois ans dans la province. 

Entre 2021 et 2022, 64 cas ont été signalés, toujours selon l’INPSQ, dont 47 en Estrie. 

Pour surveiller l'évolution de la maladie de Lyme et l’émergence de ces nouvelles infections, la Chaire suivra de près un groupe de personnes piquées par des tiques — ainsi que la tique elle-même — en temps réel.

«D’ici deux ou trois ans, si un nouveau pathogène est découvert, on pourra retourner dans la biobanque et voir s’il est implanté au Québec depuis plus longtemps qu’on ne le pense», illustre Alex Carignan. 

Capture d'écran / Université de Sherbrooke
Capture d'écran / Université de Sherbrooke

L’équipe pourra également évaluer l’efficacité des moyens de prévention comme la prophylaxie post-exposition ou les deux vaccins contre la maladie de Lyme, que développent actuellement Pfizer et Valneva, ainsi que Moderna, et «qui devraient arriver d’ici 2 ou 3 ans», selon lui. 

Les zoonoses «prioritaires»

Les tiques ne sont toutefois pas les seuls vecteurs de maladies émergentes. 

Au Québec, 13 zoonoses — autres que la maladie de Lyme — ont été identifiées comme «prioritaires» par l’Observatoire québécois sur les zoonoses et l’adaptation aux changements climatiques de l’INSPQ. 

Ces maladies qui se transmettent entre les animaux et les humains présentent donc un danger immédiat ou futur pour la santé publique. Elles sont toutes influencées par les changements climatiques. 

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Pour se protéger de ces maladies, les experts recommandent de porter des vêtements longs lors d’activités de plein air, d’appliquer du chasse-moustique, de rester dans les sentiers et d’inspecter son corps au retour à la maison

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