Voici comment le territoire des tiques s’est étendu au Québec depuis 2017


Genevieve Abran
Les tiques, responsables de la transmission de la maladie de Lyme, ont élargi leur territoire dans la province au cours des dernières années, comme le démontrent les cartes géographiques de l’Institut national de santé publique (INSPQ), chargé de suivre leur évolution.
Les tiques au Québec
D’abord, quelques informations de base à savoir: une piqûre de tique porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi peut transmettre la maladie de Lyme. Cette maladie peut affecter les humains et les animaux.
Bien qu’une douzaine d’espèces de tiques sont présentes dans la province, la seule espèce qui peut transmettre la maladie de Lyme est la tique Ixodes scapularis, aussi appelée «tique du chevreuil», ou «tique à pattes noires», explique le site du gouvernement du Québec.
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L’évolution via des cartes géographiques
L’INSPQ sort chaque année une carte qui permet de savoir dans quelles régions de la province on est plus à risque de contracter la maladie de Lyme. En comparant celle de 2017 aux cartes suivantes, dont la plus récente qui date de juin 2023, on peut voir la progression des insectes sur le territoire en quelques années seulement.
2017

En 2017, on pouvait déjà constater que plusieurs secteurs du sud du Québec (en orange) étaient considérés comme des endroits où il existait un «risque significatif» de contracter la maladie de Lyme.
On parle d’un risque significatif (ou d’une zone endémique) lorsque:
- Au moins trois cas de maladie de Lyme ont été acquis localement dans les cinq dernières années;
- Les trois stades de développement de la tique, dont au moins une positive à la maladie de Lyme, ont été observés sur le territoire;
- Au moins 23 personnes ont été piquées dans les cinq dernières années.
2020

Avançons trois ans plus tard, en 2020. Plusieurs régions en jaune (risque possible) sont passées au orange.
C’est notamment le cas de Boucherville, de Grenville-sur-la-Rouge, dans les Laurentides et de Bedford.
- Écoutez l’entrevue de Roxane Pelletier, conseillère scientifique spécialisée en maladies transmises par les tiques à l’Institut National de Santé Publique du Québec au micro de Jean-François Baril via QUB radio :
À la partie de la frontière la plus au sud, pratiquement toutes les régions limitrophes avec les États-Unis sont en orange, tout comme une bonne partie du sud de la Montérégie. En Outaouais aussi, la situation a progressé à la frontière.
Des régions éloignées de l'épicentre initial sont passées au jaune, notamment dans le coin de Québec ou encore au Saguenay.
2021

En 2021, on retrouve encore davantage de zones en orange, et pour la première fois, ça touche même l’île de Montréal. Le West Island fait maintenant partie des zones qui posent un «risque significatif».
2022

En 2022, Laval fait dorénavant partie des lieux où il y a un «risque significatif» de contracter la maladie de Lyme.
La région de La Tuque s’ajoute aux endroits où il y a un «risque présent» d’acquérir la maladie de Lyme. Comme son territoire est grand, le grand carré jaune qui s’ajoute au nord frappe d’emblée quand on regarde la carte.
Plusieurs secteurs qui se retrouvaient dans cette catégorie l’année précédente sont dorénavant un «risque significatif».
2023 (jusqu’à présent)

La carte la plus récente de l’INSPQ (mise à jour en juin 2023) montre que le territoire des tiques a encore gagné du terrain depuis l’an dernier.
Certains secteurs de la Capitale-Nationale s’ajoutent aux zones identifiées comme ayant un «risque présent» sur leur territoire. Des secteurs se sont aussi ajoutés à la carte dans la région de l’Outaouais.
Sherbrooke, qui était un secteur où le risque était présent auparavant, fait maintenant partie des zones endémiques.
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Les changements climatiques en cause
La progression du territoire des tiques au Québec est directement liée aux changements climatiques.
Comme les hivers sont plus doux et les étés plus chauds, les tiques peuvent survivre et se développer plus facilement.
Les tiques atteignent leur niveau d’activité optimale autour de 25 °C, selon le gouvernement du Québec.
Voici le nombre de cas connus de maladie de Lyme au Québec depuis 2014 :
- 125 cas en 2014;
- 160 cas en 2015;
- 177 cas en 2016;
- 329 cas en 2017;
- 304 cas en 2018;
- 500 cas en 2019;
- 274 cas en 2020;
- 709 cas en 2021;
- 586 cas en 2022.
Source : gouvernement du Québec.
Comment a-t-on accès à toutes les données sur les tiques et la maladie de Lyme? C’est notamment que depuis 2003, les médecins et les gestionnaires de laboratoires sont obligés de déclarer aux autorités de santé publique un cas de la maladie de Lyme.