«Axe du bouleversement»: ce qu’on sait de l’alliance antiaméricaine menée par la Chine et la Russie


Gabriel Ouimet
Le président chinois Xi Jinping a réuni les dirigeants russe, iranien et nord-coréen à l’occasion d’un important défilé militaire visant à démontrer la puissance de leur alliance opposée aux États-Unis et à l’Occident. Voici trois choses à savoir sur cette coalition baptisée l’«axe du bouleversement».
1- Une opposition aux États-Unis et à l’Occident
Dans une pointe que les experts estiment adressée aux puissances occidentales, Xi Jinping a précisé mardi que les relations entre son pays et la Russie avaient «résisté à l'épreuve d'une situation internationale en mutation et constituaient un exemple pour les relations entre les grands pays».
«L'humanité est à nouveau confrontée à un choix entre la paix et la guerre, le dialogue et la confrontation et des résultats gagnant-gagnant ou des jeux à somme nulle», a ajouté l’homme fort chinois.
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Ces déclarations illustrent le lien principal qui unit les quatre pays de l'«Axe du bouleversement»: un désir de renverser le système international dirigé par les États-Unis.
Donald Trump a d’ailleurs répondu au président chinois dans un message publié sur X.
«Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et à Kim Jong Un, alors que vous conspirez contre les États-Unis d'Amérique», a-t-il écrit.
Les dirigeants d’une douzaine d’autres pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est ont également répondu présents à l’invitation de Xi Jinping.
2- Une alliance renforcée par la guerre en Ukraine
La Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord coopéraient déjà avant 2022, mais l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Vladimir Poutine a «renforcé leurs liens économiques, militaires et technologiques», indique un rapport publié en février 2025 par le Center for a New Americain Security.
Les experts notent que la Russie n’aurait pas été capable de poursuivre son opération militaire aussi longtemps sans le soutien de ses alliés:
- La Chine a notamment augmenté ses achats de pétrole et de gaz russes, en plus d’accélérer les exportations de matériel militaire et technologique vers la Russie.
- L’Iran a fourni la plupart des quelque 8000 drones utilisés par l’armée russe contre l’Ukraine. Les attaques de drones ont d’ailleurs augmenté depuis la fin de l’année 2024, notamment en raison d’un accord autorisant Moscou à produire des drones iraniens sur son territoire.
- La Corée du Nord a envoyé plus d’une dizaine de milliers de soldats en Ukraine, tout en fournissant des missiles balistiques et des munitions aux troupes de Vladimir Poutine. «La Russie a reçu plus de munitions de la Corée du Nord que l'Ukraine n'en a reçu des États-Unis et de l'OTAN réunis», précisent les auteurs du rapport.
3- Une menace réelle, prévient le Pentagone
Lors d’une audience devant le Sénat américain le 5 mars 2025, le plus haut responsable aux affaires politiques du Pentagone, Elbridge Colby, a martelé que les États-Unis devraient réduire leur aide à l’Ukraine pour renforcer leur présence militaire en Asie.
«Nous devons nous concentrer sur la menace existentielle que représente la Chine. Nous n’avons ni les moyens ni l’intérêt de mener plusieurs guerres en même temps», a-t-il affirmé.
L’accélération du programme nucléaire de l’Iran, la multiplication des essais balistiques en Corée du Nord et la poursuite des attaques russes en Ukraine forcent, selon lui, les États-Unis à disperser leurs efforts.
Cette dynamique permettrait à la Chine de poursuivre le remodelage de l’ordre mondial à son avantage tout en surveillant la réponse occidentale à ces provocations.