Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Culte de la personnalité et esthétique nationale: Trump se rapproche d’Hitler et d’autres célèbres tyrans

Partager
Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2025-08-14T18:41:43Z
2025-08-15T13:13:00Z
Partager

En déployant la Garde nationale dans les rues de Washington et de Los Angeles malgré l’opposition des gouvernements locaux, Donald Trump a prouvé qu’il était déterminé à tester les limites de l’État américain pour étendre ses pouvoirs au gré de ses envies. Voici comment ce style de gouvernance ressemble à celui de célèbres dictateurs.

• À lire aussi: Trump pourrait déployer l’armée partout et militariser les États-Unis

Des gangs de jeunes criminels et des itinérants qui défigureraient Washington.

Des «étrangers» qui s’opposeraient aux valeurs américaines et qui auraient transformé Los Angeles en «territoire occupé.»

Photomontage BENOIT DUSSAULT
Photomontage BENOIT DUSSAULT

Les coupables désignés par Donald Trump pour justifier le déploiement de l’armée dans les rues de grandes villes démocrates illustrent bien la vision des États-Unis que son gouvernement entend inculquer au peuple américain: un pays homogène dans lequel les dissidents sont réprimés par la force, souligne le professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa Joao Velloso.

Le «principe du leader»

C’est d’ailleurs pour contourner les contraintes juridiques et politiques qui pourraient nuire à la réalisation de son plan que le président a déclaré l’état d’urgence et déployé l’armée dans ces deux villes.

M. Velloso y voit quelque chose de plus inquiétant qu’une simple stratégie politique.

Publicité

«Il s’agit d’une stratégie personnelle. C’est similaire au “principe du leader” qu’on a vu se mettre en place au début de l’Allemagne nazie», analyse le professeur.

Le «principe du leader», aussi appelé «principe du Führer», c’est une idéologie centrale du régime nazi selon laquelle les pouvoirs politique, militaire et social doivent être concentrés dans les mains d’un seul dirigeant autoritaire dont la légitimité ne peut pas être remise en question.

«Dans ce modèle, c’est l’interprétation que le leader donne aux lois qui a de la valeur. On essaie de voir comment on peut lui donner plus de pouvoir sans changer la Constitution, comme ça s’est fait en Allemagne d’avant-guerre», explique M. Velloso.

Une identité nationale esthétique

Il faut aussi noter que les villes que Donald Trump associe au désordre et à la violence sont souvent exclues de la «vraie» Amérique telle que décrite dans les discours de la droite.

Baltimore, Washington et Oakland sont largement identifiées comme des villes noires aux États-Unis. Los Angeles est majoritairement hispanique, tandis que New York, que Trump a aussi qualifiée de problématique lundi, est reconnue comme une métropole multiculturelle.

Le choix de ces villes n’est donc pas anodin, affirme Joao Velloso.

«Il met de l’avant un idéal de beauté, de pouvoir et d’ordre qu’il juge être le mieux pour lui. C’est une esthétique d’unité nationale, idéalement blanche, qui est centrée sur sa personne», développe-t-il.

Les poursuites judiciaires orchestrées contre des médias qu’il estime lui être défavorables, les menaces de dénaturalisations envers ses détracteurs et les attaques contre des entreprises appartenant à ses adversaires s’imbriquent également dans cette vision.

Photo GETTY IMAGES
Photo GETTY IMAGES

Un culte de la personnalité

L’Histoire le démontre: les dirigeants qui ont voulu imposer leur vision du monde de la sorte, dont Hitler ou encore Staline, ont tous échoué.

Mais alors, quel est l’objectif ultime de Donald Trump?

«Il essaie de se mettre dans une position qui en ferait le plus grand président de l’histoire des États-Unis. Il veut être vu comme celui qui a remis le pays dans cette position mythique, esthétique, ce qui lui permettrait d’être intouchable après la fin de son mandat», estime le professeur Velloso.

Et cette ambition ne se limiterait pas qu’aux États-Unis.

«Il espère qu’il sera idolâtré dans le monde pour toute l’éternité. C’est presque messianique [la croyance en un messie, un sauveur] comme objectif», insiste-t-il.

Publicité
Publicité